L’adoption des coupes budgétaires par le Conseil régional, largement dénoncée par les différent·es acteur·rices culturel·les, fait ses premières victimes. Le dispositif Buzz Booter en fait parti, aucune inscription pour les auditions Pays de la Loire ne sera possible cette année.
Entretien avec Nico Reverdito, directeur de Pick Up Production, association culturelle nantaise, et président du Pôle régional de musique.
Buzz Booster : un arrêt forcé pour 2025
Copiloté par Pick Up Production et Trempo, les deux structures ont dû prendre la décision difficile d’annuler les auditions de 2025, privant le dispositif de repérage de talents émergents en musiques urbaines d’un·e lauréat·e dans l’une de ses régions fondatrices. Interviewé il y a une semaine par Fragil, Nico Reverdito confie : « On a été prévenus il y a quinze jours qu’on n’aurait pas les subventions qui étaient allouées à ce dispositif et donc, pour ne pas mettre en péril notre structure, on met en pause le Buzz Booster des Pays de la Loire en 2025. »
L’adoption des coupes budgétaires intervient en pleine décision d’une date pour la finale régionale, empêchant les structures de disposer d’un temps suffisant pour s’organiser autrement. Le directeur de Pick Up Production regrette que ces décisions n’aient pas été prises « avec du temps, de la concertation et de l’anticipation pour trouver collectivement des réponses ».
Némir, gagnant de la première édition, rappelait sur les réseaux l’importance du dispositif pour son parcours : « Quand on est dans sa petite ville en province, c’est difficile de se challenger […]. Buzz Booster, ça nous met dans le challenge du parcours artistique et, jusqu’à aujourd’hui, ça me sert encore. ». Au-delà d’un accompagnement complet offert à chaque lauréat·e régional·e, le ou la finaliste gagne une tournée nationale ainsi qu’une bourse de 15 000 €.
Des conséquences étendues
Pour Pick Up Production, c’est tout le modèle économique global qui subit les conséquences des coupes : « Les subventions permettent de mettre en place des événements à destination d’un public qui n’a pas les moyens et de mettre en avant des artistes émergents », explique Nico Reverdito. Fondateur du festival Hip Opsession, la structure voit également cet événement remis en question. Cette année, le festival devra réduire son envergure et supprimer des événements gratuits. « Ça voudra dire moins d’embauches : d’artistes, de techniciens. Les coupes auront un impact, que ce soit sur les salaires permanents ou ponctuels. »
Également président du Pôle régional de musique, il travaillait depuis plus d’un an sur un projet de financement trisannuel des musiques actuelles avec la DRAC (Direction régionale des affaires culturelles, service public du ministère de la Culture, ndlr) et la région. Quelques jours avant la signature de la convention finale, iels ont appris que « en 2025, il n’y aura que 50 % du montant et, en 2026, il n’y aura plus rien ».
Un avenir à réinventer
Malgré ce contexte difficile, Nico Reverdito reste déterminé. « Il faut digérer tout ça et se remettre au travail pour se réinventer. Nous devons continuer à proposer des moments de culture, de rencontre et d’échange dans les meilleures conditions possibles. C’est en collaborant et en mutualisant nos efforts que nous serons plus forts », conclut-il.