15 janvier 2025

Rayon Vert : « On a besoin d’une adhésion plus massive des particuliers. »

La 32ème édition du Petit Marché de l’art du Rayon Vert vient juste de se terminer (du 16 novembre 2024-12 janvier 2025). À cette occasion, la directrice France Dumoulin évoque ses inquiétudes et sa vision pour renforcer le projet associatif à l’aube d’une année 2025 déjà bien tendue pour un grand nombre de structures socio-culturelles nantaises.

Rayon Vert : « On a besoin d’une adhésion plus massive des particuliers. »

15 Jan 2025

La 32ème édition du Petit Marché de l’art du Rayon Vert vient juste de se terminer (du 16 novembre 2024-12 janvier 2025). À cette occasion, la directrice France Dumoulin évoque ses inquiétudes et sa vision pour renforcer le projet associatif à l’aube d’une année 2025 déjà bien tendue pour un grand nombre de structures socio-culturelles nantaises.

L’espace Rayon Vert, petite structure située en plein cœur du quartier Ste Anne s’inscrit comme un lieu de vie de référence pour plasticien.nes dont les œuvres sont exposées sur plusieurs moments clés qui dynamisent l’année. En ce sens, le Petit Marché de l’Art qui vient de se clôturer demeure une des périodes du calendrier les plus prolifiques économiquement. Durant ce temps 75 artistes sont venus exposer et plusieurs d’entre elleux étaient invité.es chaque weekend jusqu’au 12 janvier pour que les nantais.es puissent se retrouver et échanger avec elleux. Malgré ces moments réjouissants, France Dumoulin, la directrice actuelle du Rayon Vert, constate avec prudence la situation : « L’association est une petite structure qui se veut être un lieu de diffusion ancré depuis longtemps mais la situation économique reste toujours fragile »

Le Rayon Vert perd le soutien de la Région

Le modèle économique du Rayon Vert repose en grande majorité sur une répartition tripartite : les ressources provenant des acquisitions d’œuvres qui sont fluctuantes selon les saisons mais prévisibles, essentielles et « fondamentale » pour la directrice, les quelques dons des adhérent.es et surtout les subventions avec les partenaires publics. Parmi ceux-ci, la Ville et le Département qui fournissent des aides à hauteur de plus 50 % de leur financement et la Région autour des 6%, soit une aide de 3000 €. En effet l’association a aussi souffert de la politique de réduction budgétaire de C. Morançais1 et vient de perdre ce soutien financier encore effective jusqu’à récemment2. Au grand désarroi de Madame Demoulin qui prévoyait un soutien sur une durée plus longue que seulement deux ans: « on espérait que ce soit pérenne et on s’attendait à tout autre chose, et finalement ça été très soudain cette coupure ».

  1. Présidente de la Région des Pays de la Loire   2. La Région finançait le Rayon Vert depuis seulement deux ans jusqu’à fin  de l’année 2024

Rez-de-chaussée du Rayon Vert, exposition des petits formats dans le Petit Marché de l’Art (03/01/2025)

Se renforcer en se réorganisant à plus long terme

Même si ce « coup de massue » vient réduire les perspectives financières du Rayon Vert pour la responsable, celle-ci reste très lucide sur la situation de la structure : « On était déjà à flux tendu, on voulait avoir plus, c’était en discussion ». Elle ne se décourage pas pour autant, bien au contraire, elle est déjà à l’initiative de plusieurs projets en cours d’étude pour stabiliser la situation à plus long terme. Une demande de rescrit fiscal3 pour savoir si le Rayon Vert peut être statué « d’intérêt général » est en cours. D’autre part il y a appel à un mécénat mais pour le moment les réponses sont peu fructueuses. Mais surtout, pour cette fin d’année 2024 et ce mois de janvier 2025, l’association entame une campagne d’adhésions auprès du grand public en les sensibilisant à l’occasion du Petit Marché de l’Art. En outre, une Newsletter va paraître prochainement pour accompagner cette démarche.

Comme l’explique France Dumoulin, il faut revoir en profondeur le système d’adhésion : « il faut réexpliquer auprès des nantais qu’on est une petite association dont la majorité des adhérent.es. sont des artistes ». Pour la directrice il faut mettre en avant une évidence : « pour l’année 2025, on a besoin d’une adhésion plus massive des particuliers ».

3-Une procédure fiscale ici qui a pour but de réduire les charges fiscales du Rayon Vert

Des doutes qui persistent

À la fin d’un échange long avec comme fil conducteur la question du modèle économique du Rayon Vert, madame France Dumoulin a exprimé un léger soupir de lassitude. Elle a fini par confier sa crainte : « ça a été dure la fin d’année, je suis très inquiète surtout pour l’ensemble du milieu culturel et notamment le Pôle des Arts Visuels. C’est tout notre écosystème qui est fragile et en danger».

En revanche, découragée, la directrice ne l’est pas encore. Le futur est écrit pour l’année à venir pour 2025 avec une programmation déjà réglée mais c’est après qu’il y a des risques de bousculements : « c’est d’ici six mois et un an que les choses risquent de changer ».

En attendant des réponses officielles sur le renouvellement des subventions du département et de la ville entre avril et mai 2025, le Rayon Vert tente de jongler entre ses acquis, ses ressources et la conjecture actuelle pour s’insérer dans cette nouvelle période trouble qui risque de mettre en péril plus qu’un écosystème culturel  de quartier.

Professeur d’histoire-géographie, Pierre observe avec curiosité les changements de sa ville natale. Entre ses promenades à Chantenay, sa passion pour le backgammon et ses racines iraniennes, il explore à sa manière l’histoire et la culture.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017