29 janvier 2025

Élections de la chambre d’agriculture de Loire Atlantique : les enjeux des zones agricoles péri-urbaines

Développement du circuit-court, préservation de l'environnement, danger de l'urbanisation... Autant de sujets abordés le 17 janvier dernier à la ferme des Deux Feuilles à Bouguenais lors de l’événement organisé par la Confédération Paysanne "Quel projet agricole en zone péri-urbaine ?".

Élections de la chambre d’agriculture de Loire Atlantique : les enjeux des zones agricoles péri-urbaines

29 Jan 2025

Développement du circuit-court, préservation de l'environnement, danger de l'urbanisation... Autant de sujets abordés le 17 janvier dernier à la ferme des Deux Feuilles à Bouguenais lors de l’événement organisé par la Confédération Paysanne "Quel projet agricole en zone péri-urbaine ?".

« Parler des enjeux des élections de la chambre d’agriculture, expliquer à quoi elle sert et dire en quoi le projet de la Confédération Paysanne est différent de ce qui existe », voilà ce qu’attendait Jean Baptiste Fumery en accueillant le 17 janvier dans sa ferme des Deux Feuilles à Bouguenais la dernière du « Bétaillère tour ». Organisé par le syndicat agricole en question durant les élections professionnelles de la chambre d’agriculture de Loire Atlantique (du 15 au 31 janvier), ce « moment convivial » regroupant aussi agriculteur·ices de Nantes métropole et élue·es locaux·ales, s’articulait autour de cette question : « Quel projet agricole en zone péri-urbaine ?  »

Agriculteurices locaux·ales et certain·es membres de la liste de la Confédération Paysanne de Loire Atlantique avec leur bétaillère électorale à la ferme des Deux Feuilles à Bouguenais. 17/01/2025

« Des profils d’installations en vente directe »

En opposition aux exploitations des zones plus rurales passant surtout par le circuit long comme la grande distribution, l’hôte de cette rencontre souligne les bienfaits des exploitations en zone péri-urbaine : « il y a surtout des profils d’installations en vente directe avec une forte valeur ajoutée sur leur produits ». La passion pour le contact avec le client, c’est justement ce qui a poussé Morgane Guillouroux, autre agricultrice présente à ce rendez-vous de la Confédération Paysanne, à s’installer à Couëron en 2022 : « Si on a décidé de s’installer en zone péri urbaine c’est pour avoir de la proximité avec les consommateurs […] la vente directe c’est aussi pour pouvoir parler de mon métier avec les consommateurs et les habitants de la ville. »

« Des ponts entre le monde urbain et rural »

Une « proximité » avec les consommateur·ices jugée aussi essentielle pour cette éleveuse de vaches laitière et de bœufs, puisqu’elle permet de faire « des ponts entre le monde urbain et rural » et d’ainsi limiter au maximum « la déconnexion des personnes à la réalité du monde agricole ». Une vision partagée et défendue par Marie Savoy, éleveuse laitière à Derval pour qui les exploitations comme celles de Morgane sont « les dernières possibilités pour les gens qui habitent vraiment en ville de pouvoir voir des vaches au quotidien et de pouvoir échanger avec des éleveurs ». Tête de liste de la Confédération Paysanne pour ces élections professionnelles de la chambre d’agriculture de Loire Atlantique, cette éleveuse de 36 ans voit les exploitations proches des villes comme « un enjeu de liens forts de dialogue ».

Préserver les zones humides contre l’agriculture intensive

Autre particularité des exploitations agricoles en zone péri-urbaine, la possibilité de préserver l’environnement en y maintenant des pratiques vertueuse pour celui-ci. Le modèle de l’élevage dans les zones humides comme les bords de Loire serait par exemple l’unique moyen de préserver ces zones pour la tête de liste de la Confédération Paysanne 44. En découle donc l’enjeu du maintien de la qualité de l’eau de la métropole, déjà non épargnée par les pesticides et les nitrates répandus dans les sols par l’agriculture intensive comme nous l’avait déjà expliqué un expert. Proches des villes, ces modèles vertueux pour l’environnement permettent aussi pour Morgane Guillouroux avec leurs prairies, herbes et haies de « limiter l’érosion et l’écoulement de l’eau qui peut être assez violent quand il y a trop de bitume ».

Morgane Guillouroux et Thomas, apprenti dans son exploitation, devant la bétaillère de la Confédération Paysanne à l’exploitation maraîchère bio des Deux Feuilles à Bouguenais. 17/01/2025

L’artificialisation des sols, un danger pour les terres agricoles

Ici, l’éleveuse couëronnaise pointe du doigt l’urbanisation. Une bétonisation qui selon une étude de France Stratégie, artificialise plus de 20 000 hectares chaque année soit presque 4 fois la ville de Nantes. Une problématique particulièrement prenante pour les agriculteur·ices projetant de s’installer non loin des villes, que confirme le gérant de la ferme des Deux Feuilles : « le péri-urbain est un territoire très particulier en termes agricoles car le foncier y est rare et en concurrence avec l’urbanisation ». Un obstacle majeur à l’installation des nouveaux·elles agriculteure·ices dans ces zones et qui freine encore un peu plus les besoins de nouvelles exploitations agricoles divisé par quatre de 1970 à 2020.

Jean Baptiste Fumery, gérant de la ferme des Deux Feuilles posant devant une de ses serres. 17/01/2025

« Il y a des choses à inventer, à créer et à organiser »

Autant de sujets relatifs aux zones agricoles péri-urbaines qu’espère investir la Confédération Paysanne en faisant « un gros score » lors de ces élections de la chambre d’agriculture : « il y a des choses à inventer à créer et à organiser » s’enthousiasme Marie Savoy, leur tête de liste.

L’alliance FNSEA-JA, actuellement majoritaire à la chambre d’agriculture de Loire Atlantique et principaux concurrents à la Confédération Paysanne pour ces élections n’ont pas donné suite à nos sollicitations.

 

 

Numa, originaire de Rezé, entretient un lien indéfectible avec Nantes, sa ville natale. Amateur de sport, il vibre au rythme du FC Nantes à la Beaujoire. Sa passion pour la culture se nourrit grâce aux manifestations culturelles nantaises tel que, le Festival des Utopiales. Nantes est pour lui une source inépuisable d'inspiration et de découvertes.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017