15 avril 2025

Marathon de Nantes : une passerelle flottante sur l’Erdre entre contraintes de voirie et environnementales

Plusieurs ponts nantais étant condamnés, le marathon de Nantes a innové cette année avec une passerelle flottante sur l’Erdre menant au parc des Expositions. Un projet inédit qui, pour voir le jour, a dû convaincre sur le volet environnemental.

Marathon de Nantes : une passerelle flottante sur l’Erdre entre contraintes de voirie et environnementales

15 Avr 2025

Plusieurs ponts nantais étant condamnés, le marathon de Nantes a innové cette année avec une passerelle flottante sur l’Erdre menant au parc des Expositions. Un projet inédit qui, pour voir le jour, a dû convaincre sur le volet environnemental.

« Un pont flottant qui relie les rives de l’Erdre sans contraindre la circulation automobile » : ce sera la dernière ligne droite du 43ème marathon de Nantes, dimanche 27 avril. L’évènement, porté par l’agence évènementielle OC Sports et l’association Courir à Nantes et en partenariat avec Nantes Métropole, s’est adapté cette année à la fermeture de certains ponts.

La solution proposée, cette passerelle de 324 mètres au-dessus de l’Erdre, a dû faire ses preuves auprès de la Métropole. Stéphane Gachet, responsable évènementiel sportif à Nantes Métropole, tenait notamment à avoir « un marathon attractif » qui reste tout de même attaché « aux politiques publiques comme la protection de l’environnement ».

« Un bon compromis » entre plusieurs contraintes

Cette « folie », le responsable de l’évènement à OC Sports Julien Gaboriau en assume le terme, est d’abord née de contraintes de voirie. « Un certain nombre de rues sont interdites d’être empruntées pour des raisons sécuritaires », explique-t-il, citant les travaux sur le pont Anne de Bretagne, ou encore l’accès au CHU et au commissariat Waldeck Rousseau. D’autres axes doivent aussi être maintenus pour les riverains, comme le pont de la Tortière, « liaison Est-Ouest que Nantes Métropole veut préserver ».

Ces accès étant restreints, les organisateur·ices ont dû revoir leurs plans, tout en respectant le cahier des charges des épreuves de 42,195 km et 21,097 km « mesurées au mètre près ». De tous ces paramètres est donc apparue l’idée de ce pont inédit : « On s’est rendus à l’évidence que oui, c’est une dinguerie, mais c’est peut-être la solution ».

Une passerelle éphémère et réutilisable

Cependant, les organisateur·ices ont dû convaincre la Métropole de la viabilité de l’installation. « Ali Rebou [élu aux Sports à Nantes Métropole] m’a dit : ‘Rassurez moi sur le volet environnemental’ », confie Julien Gaboriau. D’après lui, « c’est le sujet qui a sans doute pris le plus de temps ».

En décembre était donc organisée une rencontre avec les différents acteur·ices du projet. « Moi, ça m’a rassuré », témoigne Arnaud Bothorel, technicien dans le secteur Erdre pour Nature et Jardins [service espace verts de la Métropole, ndlr.]. Attentif à ce que la passerelle soit aménagée « sans abîmer la berge et les plantes », le côté temporaire de l’installation l’a convaincu. « On aurait pu refuser », raconte-t-il, surtout étant donné que « c’est un milieu fragile où il y a de la biodiversité tout le long ».

« On aime les folies mais on est aussi respectueux de l’environnement »

Julien Gaboriau tient à le rappeler : « On aime les folies mais on est aussi respectueux de l’environnement ». La rampe, simplement appuyée sur le sol, a ainsi « enlevé les doutes » du technicien. « On ne coule pas du béton sur les berges pour fixer notre traversante, c’est un ancrage éphémère », détaille le responsable de l’évènement. Le matériel, réutilisable, est loué auprès de « Loca Ponton », entreprise nazairienne qui a déjà couvert le Vendée Globe ou encore la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques : « c’est ce qui a permis de rassurer les instances locales ».

Un impact environnemental encore à surveiller

La DDTM (Direction Départementale des Territoires et de la Mer), aussi en charge du projet, n’a ainsi « pas émis d’avis négatif sur l’impact sur les berges », mais sans pour autant faire d’étude scientifique dessus. En se basant sur l’absence d’ancrage au sol et sur le fait que les pontons aient déjà servi, Julien Gaboriau déclare que « la traversante n’aura pas plus d’impact que l’événement de 2024 en terme de bilan carbone ». Pour d’autant plus limiter d’éventuels dégâts sécuritaires ou environnementaux, la Métropole tient aussi à « interdire le public en périphérie de cette transversale ».

Concernant le reste du parcours, Julien Gaboriau ironise : « Celui qui cherche la petite bête va peut-être nous dire ‘La fleur qui était là hier, vous l’avez écrasée’ ». Protéger le sol, c’est justement une problématique qui a été abordée par Arnaud Bothorel concernant l’étendue d’herbe à l’arrivée du parcours, parc des Expositions. Bien que convaincu par le projet, le technicien reste vigilant : « Le jour de la mise en œuvre, on sera présents pour s’assurer que ça a bien été fait ».

Informations complémentaires

Volontaire en service civique cette année à Fragil, Enora est passionnée de littérature, d'histoire, de cinéma... Son objectif est de devenir journaliste culturelle !

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017