• Portrait chanteuse Tinaa
18 avril 2025

Tinaa, révélation rap nantaise : une énergie brute au service du texte

Révélation de la scène nantaise, la rappeuse et chanteuse Tinaa mêle des textes profonds à une interprétation sincère, portée par une énergie brute. Ce samedi 19 avril, elle sera sur la scène du Warehouse dans le cadre du Festival Hip Opsession. L’occasion pour Fragil d’une rencontre.

Tinaa, révélation rap nantaise : une énergie brute au service du texte

18 Avr 2025

Révélation de la scène nantaise, la rappeuse et chanteuse Tinaa mêle des textes profonds à une interprétation sincère, portée par une énergie brute. Ce samedi 19 avril, elle sera sur la scène du Warehouse dans le cadre du Festival Hip Opsession. L’occasion pour Fragil d’une rencontre.

Dans l’ancien quartier historique ouvrier de Bas-Chantenay, Tinaa est chez elle. Elle navigue avec aisance entre les tables du LAB, du Café des Usines ou du Dahu, saluant les habitué.e.s. Arrivée à Nantes depuis 4 ans, pour le début de ses études d’éducatrice spécialisée, la chanteuse s’est installée dans le quartier avec son camping-car et a imposé son style musical unique, mêlant rap et chanson, sur la scène locale.

Tinaa se sent bien à Nantes : “J’ai construit mon réseau de musique ici, puisque j’ai commencé à faire de la musique ici. Donc j’ai les gens avec qui je collabore qui sont ici. Que ce soit ma bookeuse, ma backeuse, des musicien.ne.s… Et puis, je me suis fait des ami.e.s.

La chanteuse de 27 ans a également pu compter sur le soutien d’acteurs locaux culturels, telle que l’association Pick Up Production, qui valorise la culture hip hop comme moyen d’expression collective à travers l’organisation de nombreux projets et événements.
Pick Up pilote notamment le Festival Hip Opsession depuis 2005. Un festival que Tinaa connaît très bien puisque cela fait 3 ans maintenant qu’elle y joue, d’abord au festival off, dans un bar en 2023, puis en programmation officielle du Pannonica l’an dernier. Cette année, elle sera de nouveau sur scène, pour les 20 ans du festival, pour un concert au Warehouse ce samedi 19 avril, avec Talib Kweli et le duo Chill Bump.

La révolte comme source d’inspiration

Depuis sa victoire au concours Hip Hop Talents l’an dernier, dans la catégorie rap, son passage filmé sur les ondes de Skyrock et une interview Konbini lui ont permis de gagner en visibilité et en crédibilité.
Avant, il y avait un truc très hybride, dans ce que je propose, qui était plus joué dans un certain milieu. Et là, ça m’a donné une certaine crédibilité aussi dans un milieu un peu plus puriste du rap, on va dire.

Sur la scène rap des Hip Hop Talents 2024, c’est sa force scénique qui a certainement fait la différence. Une énergie notamment alimentée par la colère : “Dans ma vie de tous les jours, il y a évidemment plein de sujets qui me révoltent. Et cette révolte, oui, est source d’inspiration. Ce n’est pas pour autant que je ferai un morceau qui va parler de chaque chose qui me révolte. Mais cette colère insuffle aussi quelque chose.

Quand on l’interroge sur le lien entre colère et succès, Tinaa relativise : “On dit souvent des rappeurs-rappeuses, qu’une fois qu’ils sortent du quartier, iels ont des propos moins politisés, parce que leur réalité change. Ma réalité, elle n’a pas changé encore. Et elle ne changera sûrement jamais, vu les thématiques que j’aborde. Je pense qu’on oublie peut-être ces luttes-là quand il y a vraiment de l’argent en jeu.

Si les retombées réelles du concours sont difficiles à identifier dans sa carrière en pleine ascension, le prix remporté (5000 € et une bourse d’accompagnement de 10 000 €) est, en revanche, un véritable tremplin pour autoproduire son tout premier album.

Un album intime et féministe en préparation

Deux ans après son premier EP, un album solo est actuellement en préparation. Les titres qui le composent, exclusivement écrits par Tinaa, conserveront toujours le côté chanté, avec un plus de sonorités trap.
Je commence le studio en mai. Je suis en train de peaufiner certains textes, certaines instrus aussi encore. Il y a des morceaux qui sont déjà prêts à être enregistrés, d’autres qui sont encore en construction. J’ai trop hâte de le sortir. »

La chanteuse, originaire de Mayenne, y abordera des sujets personnels, comme le fait de grandir dans un village de campagne et la misère sociale qui y règne aussi. “Le rap est souvent très urbain, donc il n’y a pas beaucoup de personnes qui abordent ce sujet-là”, analyse-t-elle.
Autre engagement militant, déjà présent dans sa vie personnelle et professionnelle et qu’elle souhaite affirmer sur scène : le féminisme.
Sur l’album, il y aura deux morceaux vraiment politisés. Et là, c’est vraiment du féminisme.”, annonce-t-elle.

En attendant la sortie de l’album prévue à la fin de l’année 2025, Tinaa enchainera les scènes locales et les festivals dans les mois à venir.

 

Informations complémentaires

Tinaa
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Festival Hip Opsession
hipopsession.com

Tout droit arrivée de Paris où elle a vécu les 15 dernières années, Amandine est à Nantes depuis seulement quelques mois. Pourtant, sa connaissance du calendrier culturel et son ancrage dans le quartier révèlent plutôt une femme capable de trouver toutes les occasions pour faire des rencontres et de s’imprégner de l'imaginaire nantais.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017