• édito-aurélieclement
11 novembre 2016

La France sauvée grâce à la retraite musicale de Maître Gims ?

La France sauvée grâce à la retraite musicale de Maître Gims ?

11 Nov 2016

Certains médias ont trouvé drôle (qu’est-ce qu’on se marre ! ) de mettre en lien l’élection de Donald Duck Trump et l’arrêt de la carrière musicale de Maître Gims. Comme une éclaircie ultime après le cataclysme. Vraiment ?
Sous nos pieds, un sol instable, un monde en ébullition, du sable mouvant duquel il faut s’extirper. Nous ne prenons ni les leçons du passé, ni celles du présent, et nous détruisons la potentialité d’un avenir meilleur à petit feu.
Cette vieille tendance à prendre à la légère de véritables signaux d’alerte. Le cri d’un peuple étouffé, qui, par dépit, se retrouve à glisser dans les urnes, les voix qui traduisent une exaspération profonde.
Des caricatures à tire-larigot, des photomontages, des petites blagues ici et là comme pouvoir de démystification ? Les médias basent leurs informations sur l’ironie d’un triste sort, qui finalement s’avère avoir beaucoup plus de pouvoir qu’il n’en a l’air. Brexit. Trump président. Les fruits de notre récolte. Il est temps de réagir, d’avoir conscience de ce qui se joue sous nos yeux et de prendre acte de cet appel de toute une société désenchantée. Pensez-vous réellement que des émissions dites politiques comme Une Ambition intime présentée par Karine Lemarchand sont le remède à nos maux ? Aussi frivole qu’inappropriée, une ode à la société du spectacle et à la peopolisation de la classe politique, vide de sens et d’authenticité. Soyons acteurs de nos vies, transformons nos bras ballants en poings levés. Notre rage asphyxiée en protestation solidaire. Nos maux opprimés en mots révoltés. Cet élan d’espoir est essoufflé mais ne demande qu’à être attisé. Ne laissons pas l’obscurantisme s’installer, l’hégémonie nous assujettir. Coexistons, à l’unissons, en nous écoutant les uns et les autres. Pour que demain, la roue puisse tourner d’un sens commun.

Aurélie Clément / Novembre 2016

Curieuse de tout et surtout de l'info, Romane (se) pose beaucoup de questions. Salariée de Fragil, elle écrit sur l'éducation aux médias et la musique actuelle !

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017