François, Emmanuel, Benoît, Marine et Jean-Luc sont sur un bateau et certains sont plus proches du bord que les autres. Quand Benoît surfe sur la vague de sa récente victoire à la primaire, ouvrant la porte à une alliance avec un Mélenchon plus en forme que jamais avec son nouveau jouet : un hologramme tout droit sorti du Retour du Jedi. Emmanuel, lui, recherche son souffle pour mettre en place un programme qui pourrait le faire élire. « Je ne veux plus entendre autre chose que « l’important c’est de travailler » a-t-il déclaré lors de sa « grand-messe » à Lyon ce week-end. Son discours reprend les idées posées depuis la suppression du RMI en 2009, selon lesquelles une personne sans emploi a le devoir de se lancer éperdument à la recherche de celui-ci. C’est le glissement du devoir étatique censé assurer un minimum vital à ses citoyens grâce au RMI, vers une responsabilisation de l’individu qui ne reçoit le RSA qu’à condition de démontrer sa motivation à chercher ledit travail. De son côté, Marine suis son chemin. Retournement de veste, la peine de mort n’apparaît soudain plus dans son programme, soutien inconditionnel aux bavures policières, et démagogie anti-européenne, elle n’étonne plus vraiment. François, lui, c’est une autre histoire, il a décidé lundi de « contre-attaquer », autant dire qu’il va tenter de traverser le Pacifique à la nage avec un boulet au pied. Sa femme ayant elle-même déclaré qu’elle n’avait jamais travaillé en tant qu’assistante parlementaire, et sa fille ayant vraisemblablement été en stage de droit au moment même où elle était censée occuper ce poste. Et bien qu’il ait arrêté de lire les journaux et leurs « calomnies et boules puantes », on ose espérer qu’il ne s’en sortira pas juste en s’excusant pour son erreur ou en publiant son patrimoine un mois avant la date obligatoire imposée par les élections, ou alors… Et nous dans tout ça ? Ce bateau paraît seul, perdu dans une tempête dont il aura bien du mal à se tirer, et le chemin jusqu’au bureau de vote paraît plus long que jamais. Il va falloir choisir, ou choisir de ne pas choisir, et c’est là peut-être le plus difficile.
Pierre Hémono, 10 février 2017