20 octobre 2017

Ibeyi fait vibrer le Stereolux

La première fois que les sœurs d’Ibeyi se sont produites à Stereolux, c’était en 2015 pour leur album éponyme. Elles ont regagné cette scène jeudi 12 octobre avec Ash, un nouveau projet qui inspire dynamisme et force intérieure.

Ibeyi fait vibrer le Stereolux

20 Oct 2017

La première fois que les sœurs d’Ibeyi se sont produites à Stereolux, c’était en 2015 pour leur album éponyme. Elles ont regagné cette scène jeudi 12 octobre avec Ash, un nouveau projet qui inspire dynamisme et force intérieure.

Ibeyi veut dire jumeaux en Yoruba. Sur scène, cela donne un duo clavier-percussion à deux voix de génie, interprété par Lisa-Kaindré et Naomi Diaz. Filles d’un célèbre percussionniste cubain du groupe Buena Vista Social Club et d’une mère manager, elles se composent un univers fait d’influences fortes : Nina Simone, Frida Kahlo, Angela Davis…

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Lisa compose des mélodies inspirées des chansons cubaines traditionnelles et du jazz et Naomi y ajoute des percussions et un beat hip hop. Elles chantent en anglais et en yoruba (une langue d’Afrique de l’Ouest importée à Cuba par l’esclavage) des paroles rédigées en famille autour de la transmission et de la bienveillance.

« Sing, our arms are wide, we climb the walls, dance on the beats of hearts. One and all. » Transmission

Deux synthés et une percu

En fond, les deux miroirs amovibles annoncent une mise en scène intimiste. Puis les lumières s’allument et la rencontre opère. Les chœurs résonnent, suivis des percussions, et leurs voix entremêlées s’élèvent crescendo sur I carried this for years. C’est l’introduction de Ash, leur second album sorti en 2017. Plus Indie, mais plus hip-hop aussi, il a une portée solaire. Si l’introspection est toujours présente, la vitalité a remplacé la mélancolie. Elles y ont même incorporé de l’auto-tune, avec succès. Et on danse sur les titres qui s’enchainent : Away Away, Deathless, When will I learn.

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Les percussions font onduler les bras de Naomi, ce qui accentue sa chorégraphie. Sur Transmission, elle accompagne sa sœur au clavier. Aux rythmes fiévreux comme Me Voy se succèdent les sonorités plus jazzy de No man is big enough for my arms.

«I can’t climb on tall trees, I don’t bend like the reeds. But I can play on the drums, I beat on the toms. » When Will I Learn 

Duo connecté

Quand elles jouent ensemble, il se passe quelque chose : comme une réaction chimique. Le plaisir est là et il est réciproque. Les premières notes de River se font entendre. Elles annoncent les chansons du premier album.

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Sans en avoir besoin, Lisa défie la salle : « La dernière fois que nous sommes venues ici, vous aviez tous chanté ! » Et le Stereolux vibre. Un genre de bonnes vibrations, good vibes. Les chansons que créent Ibeyi sont un mélange de deux personnalités singulières et intuitives.

« I will come to you river, wash my soul. I will come to you river, wash my soul again. » River

Elles laissent en fin de concert une énergie solaire et une bonne humeur que l’on ramène avec soi.

 

Toute les dates de la tournée à retrouver sur le site www.ibeyi.fr

 

Journaliste pigiste, Julia parle autant aux enfants qu’aux adultes des sujets de société. Sensible aux enjeux que soulève la critique des médias, elle participe aux actions de Fragil en faveur de l’éducation aux médias et aux pratiques numériques.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017