Oeufs contaminés au Fipronil, Glyphosate partout, du bisphénol dans les cheveux et des perturbateurs endocriniens jusque dans nos céréales du matin, les produits de maquillage et les couches pour bébés… on en n’a pas fini d’entendre parler de ce que les médias appellent communément les “nouveaux scandales phytosanitaires”. Les médias adorent les scandales, et (il faut bien le dire) nous aussi. Il faut s’en indigner bien sûr. S’informer aussi, toujours, même si la transparence en matière de santé publique est encore aussi claire qu’une goutte d’eau dans un océan de pesticides.
Alors à qui la faute ? Là dessus, aucun doute : nous sommes tous responsables. Les politiques agricoles intensives mises en place après la seconde guerre mondiale jusqu’à aujourd’hui ont été menées par celles et ceux que nous avons nous-mêmes mis au pouvoir ; la mécanisation et l’utilisation massive d’engrais et de pesticides en tous genres ont amené depuis les années 1970 à une surproduction des ressources qui appauvrit la terre et attaque la biodiversité ; les systèmes de rétribution encouragent les plus grosses exploitations (qu’elles soient végétales ou animales) forçant les petits producteurs à entrer dans le cercle vicieux des subventions européennes ou à tenter de s’en sortir seuls via les circuits courts, le bio, les AMAPs, les marchés locaux et les ventes directes. Nous-mêmes nous sommes perdus et nous ne savons plus à qui faire confiance tant les informations manquent ou sont trop souvent trompeuses.
Fragil avait rencontré Pierre Rabhi en début d’année, et c’est pour nous l’occasion de rappeler encore et toujours que, tel le colibri, chacun peut faire sa petite part de travail face au grand incendie qui menace la forêt. À Nantes, les moyens de s’investir ne manquent pas : les rencontres directes entre producteurs et consommateurs se développent à grande vitesse, de nombreux projets de dépollution des sols par les plantes voient le jour et, à condition d’être un peu patients et de respecter le rythme des saisons, chacun peut demander à la Mairie de son quartier une petite parcelle de terre dans l’un des 35 jardins collectifs de la ville.
Il y a une dizaine d’années, on observait les grands mouvements citadins du “retour à la terre” : ces jeunes qui s’organisaient collectivement pour cultiver leur nourriture de manière autonome et responsable. Aujourd’hui plus que jamais, on a tous besoin d’un jardin pour résister à la frénésie et aux excès du monde.