2 novembre 2017

Les Festivals de cinéma, on peut tous en profiter !

C’est sur une fréquentation toujours en hausse que s’achève le 8ème festival International du Film de La Roche sur Yon. Depuis ces 4 dernières années, avec l’arrivée de Paolo Moretti, ce festival se veut de plus en plus une opportunité de faire découvrir à tous des films internationaux jamais sortis jusqu’ici en France et accessibles à tous publics.

Les Festivals de cinéma, on peut tous en profiter !

02 Nov 2017

C’est sur une fréquentation toujours en hausse que s’achève le 8ème festival International du Film de La Roche sur Yon. Depuis ces 4 dernières années, avec l’arrivée de Paolo Moretti, ce festival se veut de plus en plus une opportunité de faire découvrir à tous des films internationaux jamais sortis jusqu’ici en France et accessibles à tous publics.

La santé des festivals de cinéma en France est bonne… le Festival International du Film de la Roche-sur-Yon ne déroge pas à la règle. Sa nette hausse de fréquentation en est un révélateur : 24 000 spectateurs pour cette édition du 16 au 22 octobre 2017 (contre 22000 l’an passé). Axée sur la découverte de films d’auteurs, l’offre cinématographique y est très diversifiée et permet la rencontre des différents publics avec les professionnels. En témoigne la présence de nombreux réalisateurs tels que Mark Gill (England is Mine), Samuel Benchetrit (Chien) et Said Ben Said (Aquarius).

Fragil a sélectionné pour vous les films suivants :

Chien de Samuel Benchetrit (sortie nationale prévue le 14 mars 2018)

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C’est une fable qui dépeint avec une justesse rare notre monde actuel.

Les couloirs du festival bruissent de commentaires, d’exclamations sur cette œuvre. Certaines personnes sont « choquées » par ce qu’elles viennent de voir à l’écran. Et il y a de quoi. le dernier film de Samuel Benchetrit, directement inspiré de son roman éponyme frappe fort… ou plutôt devrais je préciser « aboie » fort. Puisqu’il retrace la rapide déshumanisation de Jacques Blanchot le personnage principal qui se retrouve quitté par sa femme, ignoré par son fils et licencié par son entreprise. Il met en lumière la triste réalité de notre société actuelle. Finalement, Jacques perd petit à petit contact avec la condition humaine. En « devenant » chien, il obtient plus de reconnaissance que s’il était resté homme. Pour établir un parallèle avec les « oubliés » de notre société, il n’y a qu’un pas…
À la question : « Comment ne pas en avoir assez de voir le personnage principal dire oui à tout ? », le réalisateur nous répond que notre société serait bien meilleure s’il y avait plus de Jacques Blanchot que les autres personnes qui gravitent autour de lui dans le film.
C’est donc un film dur, c’est certain, presque malsain parfois, et en même temps c’est une fable qui dépeint avec une justesse rare notre monde actuel. Certes, on en ressort « bouche bée ». Il faut un certain temps pour se remettre de cette projection. Mais ensuite, on réalise, on prend du recul et c’est cela tout l’intérêt du film… on prend une « grosse claque » !

England is Mine en présence du réalisateur Mark Gill et du producteur Baldwin Li (sortie prévue le 7 février 2018)

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Ce film est plus profond, plus poétique, il cherche à montrer toute la complexité du leader charismatique.

Ici, on découvre le Manchester de l’enfance de Steven Patrick Morrissey, le célèbre chanteur du groupe de rock anglais The Smiths. La bande-son annonce la couleur du film : nulle chanson du célèbre quatuor british, le film s’intéresse plus à l’adolescence de Morrissey, sa période de spleen, ses tourments avant la création du groupe mythique… On est bercé par les musiques qui passaient à cette époque-là et, comme le souligne Mark Gill le réalisateur, « La musique des Smiths on la connaît déjà. Cela n’aurait rien apporté au film de l’entendre une énième fois ». Ce film est plus profond, plus poétique, il cherche à montrer toute la complexité du leader charismatique. Que l’on soit jeune ou moins jeune, on garde toujours cette âme d’enfant que l’on retrouve dans cette œuvre.
Le réalisateur et l’équipe du film n’ont pas eu de lien avec Morrissey. Mark Gill est un grand fan des Smiths. Il s’est beaucoup documenté sur lui, dans la presse, autour de lui aussi pour construire son personnage. Natif lui-même de Manchester, cette ville anglaise où tout le monde a connu de près ou de loin Morrissey et ses acolytes et où les lieux ont tout gardé de leur passage. Et puis, ils ont été bien assistés par le guitariste Billy Duffy, qui a joué dans le groupe Nosebleeds avec Morrissey et qui fut justement à l’origine de la rencontre de Johnny Marr et Morrissey, celle là même qui sera à l’origine de la création du groupe. « Le guitariste de The Cult, est d’ailleurs devenu très ami avec l’acteur principal Jack Lowden », nous raconte le réalisateur, ce qui a grandement facilité la prise du rôle.
C’est donc un excellent biopic réalisé par Mark Gill. Je vous conseille vivement d’aller le voir. Que l’on soit fan ou non des Smiths, chacun y trouvera son compte.

« Une programmation éclectique, dynamique, pointue et accessible » tels sont les enjeux du festival de la Roche sur Yon

« Ce sont Paolo Moretti et Charlotte Serrand qui s’occupent de la programmation. Ils se déplacent sur de nombreux festivals à l’international (Rencontres Internationales du Documentaire de Montréal, La Mostra de Venise…) pour effectuer une sélection dont 95% des films se voudront être une première française, c’est vraiment l’objectif  en ce qui concerne la programmation internationale. De par leurs réseaux, de nombreuses personnes leurs proposent des films et un appel à films est aussi lancé », nous informe Eleonore Bondu, assistante coordinatrice jeune public et scolaire.

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Un cinéma à la portée de tous

« Depuis son arrivée il y a 4 ans, Paolo Moretti œuvre pour rendre la programmation accessible au plus grand nombre, un des grands objectifs du festival. Auparavant la programmation était un peu plus élitiste », nous apprend Eleonore Bondu. « Le prix d’entrée est aussi très attractif, puisque on est sur un prix du billet unitaire à 5 euros et un pass 10 entrées à 35 euros ».
Une différence au niveau du public s’opère vraisemblablement entre la semaine et le weekend, car le festival se déroule en dehors des vacances scolaires… Ainsi on retrouve un public plus âgé et des professionnels pendant la semaine alors que le weekend est plus fréquenté par le grand public. La programmation prend en compte tout cela.
« Inciter les personnes à sortir, partager des moments ensemble avec des rencontres entre public et personnalités de l’entreprise cinématographique », voici l’un des grands objectifs de cet événement cinématographique.

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Une manière aussi pour les films de se faire connaître des dénicheurs de talents

Certains films projetés au festival n’ont pas encore de distributeurs. Les prix attribués par les différents jurys constituent pour certains auteurs des dotations qui pourront les aider à assurer la promotion de leurs œuvres. D’autre part, c’est aussi un festival de rencontres entre professionnels. Certains distributeurs sont présents et peuvent prendre contacts avec les producteurs pour assurer la diffusion des films. Les prix, comme celui de « Trajectoires » par exemple, décerné par les lycéens des options cinéma-audiovisuel de Vendée, permettent au film lauréat d’être labellisé sur un public visé.

La programmation s’axe beaucoup autour de premières françaises, ou alors sur des films peu montrés. Pour les plus aguerris, il y a la catégorie « Nouvelle Vague » qui permet de redécouvrir des films plus pointus tels que « Flesh and Blood » de Mark Webber ou La « Vendedora de fosforos » de Alejo Moguillansky…

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Le festival du film International de la Roche sur Yon , un bel avenir en perspective

Alors longue vie à ces festivals de cinéma qui ont le vent en poupe et qui sont toujours une opportunité de faire se rencontrer le public, les professionnels et les personnalités du cinéma. Découvrir tout simplement quelles seront les prochaines sorties cinématographiques ou pouvoir assister à de belles rencontres, telles sont deux des nombreuses raisons qui incitent à pousser la porte des festivals du septième art. Que l’on soit cinéphile ou amateur, chacun peut y trouver sa place, et les chiffres parlent d’eux-mêmes « L’an dernier, on a eu déjà une fréquentation en hausse, nous informe Eleonore Bondu, cette année rien que jeudi on avait déjà atteint la fréquentation de l’année dernière . Le public vient pour la plupart de la Roche-sur-Yon et des alentours… Depuis ces dernières années on essaye d’attirer le public nantais. Ce qui nous laisse beaucoup d’espoir pour les années à venir, c’est qu’en 2017, on a réussi à attirer des publics encore plus différents…».

[aesop_image imgwidth= »60% » img= »https://www.fragil.org/wp-content/uploads/2017/11/Affiche.jpg » credit= »Festival International du film de la Roche sur Yon » align= »center » lightbox= »on » caption= »Affiche de l’édition 2017 du Festival International du film de la Roche sur Yon » captionposition= »center » revealfx= »off » overlay_revealfx= »off »]

 

Guide touristique de métier et amoureuse inconditionnelle des mots, Pauline aime raconter des histoires. Chaque paysage, chaque lieu, chaque rencontre est pour elle source d’inspiration. Aventurière dans l’âme, une autre passion l’anime et la suit en voyage… le dessin ! Tel l’inséparable compagnon, son carnet de croquis vit au travers de ses aventures…

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017