3 décembre 2017

Six pieds sur terre, une comédie d’anticipation drôle et incisive

Le 16 novembre, la Compagnie Tribouille nous emmenait Six pieds sur terre Salle Vasse. Mise en scène par David Humeau, cette pièce ne nous fait pas de cadeau. Pendant une heure, elle nous confronte à nos pires travers : peur de vieillir, de mourir, hyperconnectivité, consommation à outrance, pollution, réchauffement climatique…Un constat drôle et sans concession !

Six pieds sur terre, une comédie d’anticipation drôle et incisive

03 Déc 2017

Le 16 novembre, la Compagnie Tribouille nous emmenait Six pieds sur terre Salle Vasse. Mise en scène par David Humeau, cette pièce ne nous fait pas de cadeau. Pendant une heure, elle nous confronte à nos pires travers : peur de vieillir, de mourir, hyperconnectivité, consommation à outrance, pollution, réchauffement climatique…Un constat drôle et sans concession !

« Tout est mouvement, transformation, changement. Nous naissons, croissons, vieillissons, mourrons. Cycle éternellement renouvelé. Passage infinitésimal à l’échelle du monde, des étoiles. Poussières. Éternité. »

A l’image de cette citation, les trois comédiens Pierre Roba, Solène Genre et Frédéric Riclet sont en mouvement perpétuel, parce que « le bonheur immobile, c’est chiant » !  La scénographie est épurée : une table, deux chaises, du papier journal, de la terre glaise. Les comédiens content les débuts de la Terre. Ils foulent le plateau pieds nus. Au ralenti d’abord, ils suivent l’évolution de l’Homme qui se redresse sur ses deux jambes. Puis le rythme s’intensifie. Les nouvelles technologies apparaissent, le flot d’informations devient difficile à suivre. Les publicités nous poussent à consommer sans cesse des produits qui évoluent de plus en plus vite. L’Homme se veut plus beau, plus jeune, plus longtemps. Au détriment de l’environnement qui l’entoure.

L’Homme se veut plus beau, plus jeune, plus longtemps. Au détriment de l’environnement qui l’entoure.

[aesop_image imgwidth= »60% » img= »https://www.fragil.org/wp-content/uploads/2017/12/SPST03.jpg » credit= »Compagnie La Tribouille / Anne Groisard » align= »center » lightbox= »on » captionposition= »left » revealfx= »off » overlay_revealfx= »off »]

Noir plateau. Ouverture sur un éloge funèbre. On comprend peu à peu qu’il s’agit du dernier ours polaire qui vient de disparaître car « contrairement aux moustiques ou aux plombiers polonais il n’a pas su faire preuve d’adaptabilité et de flexibilité pour survivre » ! La lecture continue, la liste des espèces en voie d’extinction est sans fin. Elle se lit sur des journaux qui finissent par tapisser entièrement la scène.

La liste des espèces en voie d’extinction est sans fin.

 

 

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Nouveau noir. Ouverture sur une dystopie : les humains ne vieillissent plus. Et ceux qui font le choix de ne pas faire appel aux technologies existantes pour mourir naturellement à 93 ans se font rares. Une question se pose : dans un monde surpeuplé, que faire des corps des morts qui pourrissent un peu partout ?

Dans un monde surpeuplé, que faire des corps des morts qui pourrissent un peu partout ?

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On ne sort pas indemne de cette pièce. Même si ces réflexions sur l’avenir de la société se font sur le ton de l’humour noir et de l’absurde, on ne peut s’empêcher de retenir un frisson. Six pieds sur terre choisit de représenter le monde par une boule de terre glaise que les comédiens s’amusent à détruire en moins d’une heure devant nous. Dommage que, comme eux, nous ne puissions pas recommencer à zéro à chaque lever de rideau !

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Alsacienne d'origine, exilée dans le sud après un périple de quelques mois autour du monde, Christelle vient de poser ses valises dans la charmante ville de Nantes. Ciné, musique, expo, elle vous invitera à la suivre dans l'exploration de son nouveau terrain de jeu !

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017