3 décembre 2017

The rise of the bees

Jeudi 7 décembre, le duo atypique des After the bees organise une release party à Stéréolux pour fêter la sortie de leur premier album Let’s rise. À cette occasion, Fragil a eu la chance de rencontrer Alexandra, la chanteuse et guitariste du groupe, pour une interview à bâtons rompus.

The rise of the bees

03 Déc 2017

Jeudi 7 décembre, le duo atypique des After the bees organise une release party à Stéréolux pour fêter la sortie de leur premier album Let’s rise. À cette occasion, Fragil a eu la chance de rencontrer Alexandra, la chanteuse et guitariste du groupe, pour une interview à bâtons rompus.

Marier la guitare, la harpe et le chant, c’est le défi qu’After the bees a relevé pour nous offrir un premier album à la frontière entre la folk aérienne et la dream pop. Alexandra est à la guitare et au chant, tandis que Cécile joue de la harpe et enrichit les mélodies de ses chœurs. Ensemble, les deux Nantaises composent des chansons pleines d’émotion et de sensibilité.

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Rencontre avec Alexandra, chanteuse d’After the bees

FRAGIL : Comment une guitariste et une harpiste font-elles pour se rencontrer ?
ALEXANDRA : C’est une rencontre improbable ! Si on m’avait dit qu’un jour, j’allais former un duo avec une harpiste, j’aurais bien ri. Quand Resistanz, projet de poésie française rock, a sorti son dernier album, ils ont fait une session live à JetFM et ont invité tous les artistes qui avaient participé à l’album. On en faisait partie toutes les deux et Cécile m’a manifesté sa très grande envie de jouer avec moi, mais je ne voyais pas comment c’était possible. Elle est ensuite venue à un concert d’After the bees, j’étais à l’époque en solo avec un bassiste, et, très touchée par notre musique, elle m’a reproposé de jouer avec moi. On est donc parti sur une première journée de répétition, mais on n’était pas du tout sur la même longueur d’onde. C’était en 2013. Peu de temps après, un batteur nous a rejoints. Et là, tout est allé très vite, parce qu’un mois après, elle a envoyé nos maquettes et on a été sélectionné au Tremplin des Vieilles Charrues. C’était notre premier concert à 4. Au bout du compte, notre vraie rencontre musicale a eu lieu quand le batteur et le bassiste sont partis fin 2014. Là, on a commencé à vraiment entrer dans ce qui nous excite aujourd’hui : la fusion de la guitare, du chant et de la harpe. Ce qui nous amuse, c’est que rythmiquement on ne sait plus qui joue quoi.

« Ce qui nous amuse, c’est que rythmiquement on ne sait plus qui joue quoi. »

FRAGIL : Pourquoi ce nom « After the Bees » ?
ALEXANDRA : Il vient d’une discussion avec la première personne avec laquelle j’ai monté After the bees, Nathalie Bernardini. On a trouvé ce nom un soir, il nous est un peu tombé dessus sans prévenir. Je le trouve très poétique, j’aime ce qu’il évoque, la fin d’un monde, le début d’un autre.

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FRAGIL : Pourquoi « Let’s rise » pour ce premier opus ?
ALEXANDRA : La musique a toujours été pour moi un outil d’élévation, d’émancipation. C’est aussi mon labo de recherche, une façon de sonder mes émotions, mon rapport au monde… Let’s rise parce que je sens qu’il y a actuellement un mouvement qui me porte vers le haut et j’ai envie d’emmener tout le monde avec moi.

FRAGIL: Que ressentez-vous après la sortie de votre premier album ?
ALEXANDRA : C’est la première fois que je sors un album en 20 ans de carrière de musicienne parce que dans tous les projets auxquels j’ai participé, on s’est toujours arrêté à l’EP. Ça me fait quelque chose, mais je réalise petit à petit. J’ai tellement mis de moi dans ces chansons que je me dis « ok, ça c’est fait ! ». On est contentes, soulagées et fières.

« Être à l’écoute de ce qu’on est, apprendre à se rencontrer et aller vers l’amour de soi, ce n’est pas une mince affaire pour beaucoup de gens. »

FRAGIL : Quels sont les thèmes que vous développez dans les chansons de « Let’s rise » ? De quoi aviez-vous envie de parler ?
ALEXANDRA : C’est une recherche d’introspection. Être à l’écoute de ce qu’on est, apprendre à se rencontrer et aller vers l’amour de soi, ce n’est pas une mince affaire pour beaucoup de gens. Moi ce qui m’a sauvé, c’est le travail que je fais dans la musique, mais aussi les arts martiaux et la méditation. On a envie d’emmener les auditeurs dans un état méditatif où le cerveau ne commande plus. C’est aussi pour ça qu’on a voulu faire un concert immersif avec des projections vidéos pour que le public soit happé.

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FRAGIL : Pourquoi avez-vous choisi de chanter en anglais ?
ALEXANDRA : J’ai longtemps écrit et chanté en français, je ne suis venue à l’anglais qu’avec After the bees. Complètement par hasard parce que je voulais offrir une chanson à une amie qui se mariait. Comme elle est traductrice, je me suis dit que j’allais chanter en anglais. Je l’ai écrite en une heure. C’est la chanson « Julia » qu’on peut retrouver sur l’album. Je me suis rendue compte que les sonorités de l’anglais correspondaient beaucoup plus à l’esthétique que je cherchais à mettre en place depuis un paquet d’années. Par ailleurs, ce que je n’aime pas trop quand je chante en français, c’est que la musique passe en second plan parce que l’oreille des auditeurs se concentrent sur les mots. Quand tu chantes en anglais, il y a plus de place pour les mélodies et la musicalité. Mais à l’avenir, After the bees reviendra sûrement en français.

« On recherche le minimalisme, la note juste qui va avec l’ambiance, le mood. »

FRAGIL : Quelles sont vos particularités, en quoi consiste votre signature ?
ALEXANDRA : C’est une très bonne question. J’ai l’impression qu’on fait du rock avec des instruments folk. On recherche le minimalisme, la note juste qui va avec l’ambiance, le mood.  Un journaliste a qualifié notre musique de dream pop et je suis assez d’accord avec lui. Pour parler français, After the bees fait de l’onirique pop.

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FRAGIL : Quels sentiments vous habitent avant de jouer chez vous, à Stéréolux ?
ALEXANDRA : Pour l’instant on est dans le speed de la préparation. J’avoue que je ne réalise pas trop. Mais c’est toujours beaucoup plus stressant de jouer à la maison, de jouer devant ses amis… Après, c’est la concrétisation de plein de choses, donc on a hâte !!!

« Ça devrait puer l’amour à plein nez !!! »

FRAGIL : Serez-vous seules sur scène le 7 décembre prochain ?
ALEXANDRA : Non, on a convié tous nos potes pour cette grande fête ! La première partie, Mathias Delplanque, c’est un ami. J’aime beaucoup son univers et on avait envie d’avoir un plateau un peu diversifié. On a également Nathalie Bernardini qui collabore avec Orange Blossom et qui a débuté After the bees avec moi. Stéphane Babiaud, batteur d’EZ3kiel, qui est aussi un très bon chanteur et très bon vibraphoniste. C’est un ami et un artiste que j’admire. Et Céline Rose Boy, c’est ma meilleure amie et une artiste que j’admire profondément. On s’est entourés de gens qu’on aime et qu’on admire artistiquement. Ça devrait puer l’amour à plein nez !!!

 

 

Fiche Technique de l’album « Let’s rise »
Musique : Alexandra Guillot et Cécile Gravot
Textes : Alexandra Guillot + Ana Igluka (Birds of Paradise)
Direction musicale : Michel Bonhoure
Enregistrement : Benoît Gautier, Michel Bonhoure (BATISKAF Nantes), Yann Tournay (Studio Ohm, Saint Nazaire)
Mixage : Victor Vilette et Ronan Cloarec
Mastering : Ronan Cloarec (Master Lab System)
Travail linguistique : Julie La Dinh
Design graphique : Coralie Coton
Illustration : Élise Roy
Regard artistique : Sybille Delattre

Réalisateur de formation, Merwann s’intéresse à la musique, à la littérature, à la photographie, aux arts en général. De juillet 2017 à juillet 2023, il a été rédacteur en chef du magazine Fragil et coordinateur de l'association.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017