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Cabadzi x Blier
Le pari était casse-gueule. Celui de s’emparer de l’univers du Bertrand Blier en citant, détournant, évoquant les dialogues de ses films. Transformer des répliques en punchlines, les scander façon spoken words. Le pari était casse-gueule parce que l’univers des Valseuses, Buffet froid ou encore Tenue de soirée, est tout sauf contrôlable. Libre. Subversif. Rageur. Intempestif. Provocateur. Une bulle qui éclate à la figure. Pas le genre à se laisser enfermer dans une case. Pas le genre à se laisser dompter sans râler. Mais ça, Cabadzi l’a bien compris. En réalité, c’est précisément ce qui motive Olivier Garnier et Victorien Biteaudeau sur ce projet.
Le pari est réussi. L’appropriation maitrisée, validée par Blier himself. La version scénique offre évidemment plus de corps à l’album. De lourdes sonorités électro renforcées d’éléments percussifs. Un phrasé qui braque l’attention. Un format relativement court apportant urgence et souffle à la démonstration. Et une mise en scène augmentée de projections animées renvoyant directement aux films de Blier.
Cabadzi tape fort dès la mise en bouche. « Moi ta honte, je la transforme en bonheur. J’en fais un bouquet de fleurs. » On oublie la tension sexuelle entre Gérard Depardieu et Michel Blanc dans Tenue de soirée. Le dialogue se transpose entre Cabadzi et son public. Et il en sera ainsi tout au long du concert. On prend alors en pleine face les mots de Blier. Leur musicalité. Leur pertinence. Leur évidence. L’injonction de vivre parce qu’on ne peut pas se payer le luxe du désespoir. Et on accepte volontiers de Cabadzi qu’il cambriole notre cœur le temps d’une soirée.
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Pumpkin et Vin’S da Cuero
Attention : artistes libres. Cela fait déjà quelques temps que Fragil suit la trajectoire du duo Pumpkin et Vin’S da Cuero. Et force est de constater que celle-ci ne nous déçoit jamais. D’étape en étape, de concert en concert, la rappeuse et le beatmaker précisent leur style, aiguisent leurs propos, affinent leurs engagements. De fait, Pumpkin et Vin’S da Cuero sont aussi de plus en plus à l’aise sur scène. L’énergie est 100% hip-hop. La sauce prend rapidement. L’échange est simple, direct. Pas d’artifice. On sent le duo prendre son kiff, tout simplement. Ça tombe bien, c’est communicatif.
Pumpkin et Vin’S da Cuero nous livre au passage leur dernier EP, Persona non gratis, trois pépites qui prolongent celles du précédent Chimiq. Avec à nouveau un titre percutant sur les questions de genres. Pumpkin nous avait mis une claque avec Science friction. Elle enfonce le clou avec l’énergique Mauvais genre, clippé dans l’ancienne Maison d’arrêt de Nantes. Une nouvelle pierre ajoutée à l’édifice de ce duo solide qui partageait très récemment le micro avec un certain MC Solaar sur les ondes de FIP. On attend la suite avec impatience.
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Photos : Tuan Lê
Texte : Pierre-Adrien Roux