19 janvier 2018

Dali, à la folie

C'est l'expo-événement du moment : 300 objets issus d'une collection privée ont trouvé refuge en l'hôtel particulier La Rosière d'Artois à Nantes, devenu galerie d'art, en attendant que l'espace qui les abritait à Paris se refasse une beauté... L'occasion de (re)découvrir l'artiste catalan à l'univers mystique et mythique, jusqu'au 31 mars.

Dali, à la folie

19 Jan 2018

C'est l'expo-événement du moment : 300 objets issus d'une collection privée ont trouvé refuge en l'hôtel particulier La Rosière d'Artois à Nantes, devenu galerie d'art, en attendant que l'espace qui les abritait à Paris se refasse une beauté... L'occasion de (re)découvrir l'artiste catalan à l'univers mystique et mythique, jusqu'au 31 mars.

L’affluence du public démontre combien ce monstre de créativité fascine encore aujourd’hui. On ne présente plus Salvador Dalí (1904-1989). Ou plutôt si : car si l’on croit connaître le personnage et/ou son œuvre, on n’en a jamais vraiment fini avec lui tant sa production est riche.

[aesop_image imgwidth= »60% » img= »https://www.fragil.org/wp-content/uploads/2018/01/Expo-Dali-Hotel-Particulier-1.jpg » credit= »Etienne Rabaut » align= »center » lightbox= »on » captionposition= »left » revealfx= »off » overlay_revealfx= »off »]

« la différence entre un fou et moi, c’est que je ne suis pas un fou »

Le surréaliste, qui disait : « la différence entre un fou et moi, c’est que je ne suis pas un fou », était, certes et en tous cas un dessinateur de talent, un peintre hors-pair et le grand sculpteur que l’on sait.
Mais il a également officié en littérature (Hidden Faces, roman publié en 1944), cinéma (il co-écrit le scénario du Chien andalou avec Luis Bunuel en 1928), mode (chapeau-soulier pour Schiaparelli, 1937), mobilier (le sofa Lèvres de Mae West, présent à l’expo), joaillerie (le cygne de Leda, broche en or, 1959), cosmétique (parfum Dalí, 1983) et a même signé des objets du quotidien (un cendrier en porcelaine de Limoges arborant les fameux cygnes-éléphants, 1967).

[aesop_image imgwidth= »60% » img= »https://www.fragil.org/wp-content/uploads/2018/01/Expo-Dali-Hotel-Particulier-15.jpg » credit= »Etienne Rabaut » align= »center » lightbox= »on » captionposition= »left » revealfx= »off » overlay_revealfx= »off »]

En visitant cette exposition, on est ému par la majesté des sculptures, grandeur nature et « larger than life » : le « Pouce-Dieu » (La Vision de l’Ange), la femme aux tiroirs, la montre molle, l’éléphant spatial, l’escargot évocateur de la dichotomie mou/dur, obsession dalinienne, sont autant de créations pour une fois à portée de main, belles et bien réelles.

Dali ne donne pas qu’à voir mais prête aussi à penser

Et puis, tout au long du parcours, il y a cette persistance, cette récurrence cohérente des symboles qu’il a faits siens, telle la béquille (dite de la réalité) ou encore les haricots, « moyen local d’atteindre l’universel », créant un langage propre quoique pas toujours intelligible.

[aesop_image imgwidth= »60% » img= »https://www.fragil.org/wp-content/uploads/2018/01/Expo-Dali-Hotel-Particulier-3.jpg » credit= »Etienne Rabaut » align= »center » lightbox= »on » captionposition= »left » revealfx= »off » overlay_revealfx= »off »]

Une scénographie bien pensée met ces objets en exergue au 1er étage des lieux, sous forme de tableau récapitulatif, pour mieux repérer et comprendre le message, le « délire de l’artiste », expression prenant ici tout son sens. Ou quand les pictogrammes se mettent au service de l’art en le dédramatisant/démocratisant. Des guides audio disponibles à l’accueil font bien le job itou.
Ce qui frappe également le visiteur, c’est le contrepoids concédé à sa célèbre mégalomanie, et visible dans l’emprunt de thèmes et œuvres préexistants : la Bible, Le Bestiaire de La Fontaine, Alice au Pays des Merveilles, le Pantagruel de Rabelais, Don Quichotte, le Tarot, la Vénus de Milo, et dont il fit des versions basées sur une diversité folle de techniques et médias : encre de Chine, papier froissé, pâte de verre, bronze, aquarelle, pastel, stylo etc.

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L’on s’étonne de la présence d’esquisses à caractère grivois dans le coin d’une pièce, et l’on sourit aux quelques citations farfelues parsemées de-ci, de-là…
La prolificité de Dalí est telle qu’inrésumable. Le mieux, c’est d’aller voir de visu, afin qu’il vous mette de lui-même les points sur les yeux.

[aesop_image imgwidth= »60% » img= »https://www.fragil.org/wp-content/uploads/2018/01/Expo-Dali-Hotel-Particulier-62.jpg » credit= »Etienne Rabaut » align= »center » lightbox= »on » captionposition= »left » revealfx= »off » overlay_revealfx= »off »]

Horaires et tarifs : www.larosieredartois.com

Journaliste/correctrice/traductrice/blogueuse/heureuse maman, je redécouvre Nantes à travers le regard de mon fils né en Afrique, après avoir passé 3 ans à Londres à officier sur des fashion websites, puis 9 ans à Casablanca à œuvrer dans la presse généraliste aux rubriques mode, tendances, culture, lifestyle... Je me suis reconvertie dans la presse de proximité depuis...

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017