Antonio est écrivain. Il est tétraplégique aussi. Pour lui, jouir d’une sexualité épanouie est un droit auquel tout le monde devrait avoir accès mais le sujet est sensible et personne ne semble vouloir s’en mêler. Alors Antonio prend les choses en main, à sa manière. Contre l’avis de son aide-soignante et face à la perplexité de Pépé, son assistant de vie, notre nouvel activiste va mettre en place un lieu d’assistance sexuelle, chez lui. Une prostituée, séduite par son argumentaire passionné va s’investir à ses côtés avec une grande bienveillance.
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Au plus près de la réalité, entre documentaire et fiction
Jo Sol n’est pas le premier à aborder ce thème sensible de l’accès à la sexualité des personnes handicapées. En 2000, Nationale 7 suivait René dans son objectif de faire l’amour avant que l’évolution de sa maladie ne l’en empêche. En 2012, Geoffrey Enthoven filmait le road-trip de trois jeunes hommes handicapés vers une maison close en Espagne dans Hasta la vista, une comédie belge à l’humour décapant.
La caméra se glisse dans l’intimité des protagonistes jusque dans la chambre à coucher.
Jo Sol a lui, fait le choix de la réalité brute. La caméra se glisse dans l’intimité des protagonistes jusque dans la chambre à coucher. Il filme la nudité des corps déformés par la paralysie et les scènes de sexe sans filtre. D’ailleurs Antonio et Pepe ne jouent pas des rôles, ils existent et sont amis dans la vraie vie. Le tournage a eu lieu au domicile d’Antonio. « J’ai une histoire à raconter et cette histoire a quelque chose de réel, les faits se sont réellement produits dans la vie de ces personnes », explique le réalisateur.
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« Si on ne fait rien à ce sujet, c’est comme si les gens n’existaient pas »
A travers cette conquête de la sexualité, ce film nous offre une véritable réflexion sur la différence. Comment est-elle vécue au quotidien ? Quel regard porte les « gens normaux » sur le handicap ? Le sentiment de dépendance et de solitude affective est retransmis avec une extrême justesse, car le metteur en scène équilibre la balance de l’émotion avec l’humour. Son personnage principal a envie de croquer la vie à pleines dents, il ne veut pas se contenter de survivre là « où tous les jours se ressemblent ». Épicurien, Antonio est farouchement drôle et aime à déstabiliser ses détracteurs en jouant du second degré « On m’a déjà traité de monstre, de sale handicapé, d’infirme ; à côté de ça, mac c’est rien ! » Pour lui, une existence pleinement accomplie passe naturellement par le corps et le désir. « Si on ne fait rien à ce sujet, c’est comme si les gens n’existaient pas », estime-t-il.
Le duo que forme Antonio et Pepe est insolite et c’est ce qui le rend touchant.
A ses côtés on retrouve Pepe, un sexagénaire cabossé par la vie. Son histoire est floue, tout comme les séquences qui le suivent où réel se confond avec imaginaire. Pepe a du mal à se faire sa place dans ce monde. Il se réfugie chez lui pour oublier, le temps d’un repas avec son fils, dont on ignore s’il a jamais existé, une solitude des plus pesantes. Ces scènes qui sont empreintes d’une mélancolie magnifiée par la musique flamenco de Nino de Elche sont bouleversantes.
Le duo que forme Antonio et Pepe est insolite et c’est ce qui le rend touchant. « Nous sommes face à deux hommes qui cherchent à conquérir leur existence dans une lutte contemporaine et politique» explique le metteur en scène.
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L’assistance sexuelle, qu’en dit la loi ?
La perception de la personne « handicapée » comme sujet — de droit, de parole, d’actes, mais aussi sujet de désir — est très récente. L’objectif de l’assistant sexuel étant d’éveiller la sensualité et de satisfaire aux besoins de la personne handicapée, ses missions peuvent aller du simple corps à corps à la pénétration, en passant par la masturbation.
En France on est face au même débat que pour la prostitution.
En France on est face au même débat que pour la prostitution. L’acte d’accompagnement sexuel en tant que tel n’est pas interdit. C’est le fait d’y avoir recours ou de l’organiser, par exemple pour une association, qui est interdit. Cela s’appelle du proxénétisme.
« En Belgique, en Suisse et aux Pays-Bas où le travail sexuel est légal, le statut d’assistant sexuel a été facilement créé. Au Japon ce statut est bénévole et les prestations sont gratuites. En Espagne, l’assistance sexuelle est reconnue mais pas encadrée», nous explique Jo Sol.
Sans aller jusqu’à « la branlette remboursée par l’État » le message du film a porté ses fruits car Antonio a aujourd’hui pu créer un modèle d’autogestion entre assistants sexuels et clients sur internet, un service qui rencontre un franc succès, bien mérité !
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