Voir une légende musicale est toujours à double tranchant. Une excitation mêlée d’appréhension à l’idée d’être déçu. Grandmaster Flash n’a pas échappé à la règle, en ce qui nous concerne. C’est avec un pan de culture que nous avions rendez-vous dimanche 18 février 2018 à l’Altercafé à Nantes. Les années 1980. Le Bronx. La naissance d’un mouvement artistique multiface au rang duquel GMF fait office de précurseur en matière de turntablism. L’un des premiers à populariser l’isolement et la répétition de cellules rythmiques et mélodiques à l’aide de deux platines vinyles. Le sous-bassement de toute une musique qui allait pénétrer en profondeur la culture pop…
Qu’y a-t-il derrière cette image d’Épinal ? Derrière cette histoire romancée par le Get Down de Netflix ? Quarante ans et une dizaine albums de Grandmaster Flash plus tard, comment a-t-on vécu ce gros shoot odschool ? On pèse le pour et le contre.
On a aimé…
… l’énergie. Celle de Grandmaster Flash en premier lieu. Le DJ de 60 piges ne fait pas semblant. Celle du public de l’Altercafé également, qui lui offert du répondant.
… le début du set. Lorsque Grandmaster Flash nous a présenté son patrimoine musical. Soul, funk, rap, rock, disco… Les sources d’inspirations. Des Supremes à David Bowie. Des artistes samplés et resamplés des milliers de fois à la suite de GMF.
… la plongée dans les premières années du hip-hop. Une plongée également visuelle avec une série d’animations, vidéos et clichés au cœur du Bronx des années 1970-80.
… l’hommage aux MCs partis trop tôt. Phife, Prodigy, J Dilla, MCA , Notorious B.I.G., Tupac… Provenant d’un artiste comme Grandmaster Flash, ça touche. La longévité d’un parcours qui vient éclairer une poignée de destinées tristement célèbres dans la culture hip-hop.
On a moins aimé…
… la deuxième moitié du set. Un condensé de tubes hip-hop enchainés à la suite. Certes toujours agréables à entendre et entrecoupés de scratchs de Grandmaster Flash. Extrêmement efficaces. Simple, basique, comme on dirait aujourd’hui. Mais du coup, un peu facile. Sans beaucoup de surprises.
… l’absence d’étonnement au global. On avait rendez-vous avec un pan de culture. Le deal est largement respecté. Mais on reste un peu sur notre faim sans avoir vraiment eu de quoi creuser au-delà du mythe.
Et vous, ce shoot oldschool, vous l’avez vécu comment ?
Pierre-Adrien Roux et Tuan Lê
Interdiction par la production de l’artiste de prendre des photos pour la presse. No comment.