8 mars 2018

Association Le goût des autres : Cuisine, Échange et Insertion

Soutenir l’intégration de migrantes régularisées en constituant une brigade de cuisinières avérées issues des quatre coins du globe, un projet idéaliste ? C’est pourtant le pari que s’est lancé Charles Soussan lors du lancement de l’association Le Goût des Autres.

Association Le goût des autres : Cuisine, Échange et Insertion

08 Mar 2018

Soutenir l’intégration de migrantes régularisées en constituant une brigade de cuisinières avérées issues des quatre coins du globe, un projet idéaliste ? C’est pourtant le pari que s’est lancé Charles Soussan lors du lancement de l’association Le Goût des Autres.

L’intégration des personnes migrantes en France est un enjeu qu’il est important de rappeler. Si des associations se battent pour soutenir les personnes affectées dans leurs démarches de demande d’asile, il subsiste en effet un déséquilibre quant aux opportunités professionnelles qui leurs sont présentées une fois le titre de régulation obtenu. Cette problématique, c’est celle qu’a pour objet l’association Le Goût Des Autres depuis sa création, en 2010.

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L’origine du projet

Avant Le Goût des Autres, il y a le Collectif Enfants Étrangers Citoyens Solidaires. Créé en 2004, l’action est une initiative de parents d’élèves de la métropole nantaise ayant pris conscience de la situation précaire de certains camarades de leurs enfants. Certains dormant dans des gares, d’autres aux urgences ou encore sous des tentes, il s’agissait de soutenir les familles migrantes en demande d’asile et faisant face à de solides obstacles dans leurs démarches. De multiples actions ont alors été mises en place : événements, concerts, parrainages, cours de français, accompagnement administratif…. L’objectif ? Interpeller l’État français et soutenir au plus près les migrants tant financièrement que dans leur apprentissage du fonctionnement administratif et culturel français. L’initiative est un succès, et sa médiatisation est alors grandissante. En 2006, la Circulaire Sarkozy, qui implique un assouplissement quant aux conditions d’octroi d’asile, appuie la croissance du nombre de régularisations accordées.

Afin de perpétuer les progrès amenés par le Collectif, il s’agit alors d’imaginer un projet permettant d’assurer aux migrants régularisés une situation financière stable leur permettant de s’épanouir durablement sur le sol français.

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Le Goût des Autres

Le Goût Des Autres, c’est une équipe composée d’une vingtaine de membres (deux sont des hommes) fonctionnant tout comme une petite entreprise.

L’activité traiteur en est la principale. Des prestations pour des clients tels que des collectivités locales, Royal Deluxe, Voyage à Nantes, ou encore des particuliers sont commandées, et la brigade s’active en cuisine pour les faire voyager à travers les mets concoctés. Parce que la force de la structure, c’est que les saveurs proviennent toutes des pays dont sont originaires les cuisinières – biscuits algériens, mousses au chocolat géorgienne… Au total, ce sont environ quinze pays qui sont représentés. En complément, la brigade intervient régulièrement dans des écoles hôtelières pour partager leur savoir-faire avec les étudiants.

Les avantages sont multiples pour les cuisinières. D’une part, l’activité leur assure un revenu enclin à leur apporter une indépendance financière non-négligeable. De l’autre, il s’agit de participer à l’épanouissement personnel de chacune des membres, par l’apprentissage quotidien et l’échange de cultures qui font partie intégrante de l’initiative.

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Aujourd’hui, l’activité occupe une position telle que le démarchage n’est pas nécessaire, la clientèle venant directement à elle. Les prestations sont nombreuses, même si des pics sont notables en décembre et en juin. L’association compte une soixantaine d’adhérents, dont une quinzaine de bénévoles actifs qui apportent leur aide sur des tâches liées au service, à la cuisine ou encore à la gestion de pôles tels que celui de la communication. Et après? Les perspectives sont on ne peut plus positives, on chuchote même que l’ouverture d’un restaurant serait en cours de réflexion…

Envie d’en savoir plus ? Retrouvez l’association sur son site web, sa page Facebook et son profil Instagram.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017