Invités par l’association étudiante Isegoria, le célèbre journaliste Edwy Plenel et le fondateur du Think Tank Synopia, Alexandre Malafaye, sont venu discuter autour du thème « La démocratie, et après? ».
Au vu de la montée en puissance du populisme et de la perte de crédibilité des partis Les Républicains et le Parti Socialistes, c’est une question qui est au cœur des préoccupations actuelles. Bien sûr ce n’est pas la première fois que le président de Mediapart la traite. « Les gens ont besoin d’un nouveau souffle démocratique » avait-il dit, il y a un peu plus d’un an, sur RTL. Depuis la création de Mediapart, le journaliste a fait de ce sujet son cheval de bataille et il en va de même pour le président de Synopia.
« Il faut refaire la démocratie »
Alexandre Malafaye n’avait que 10 minutes pour nous présenter son opinion mais il a su le faire avec brio et simplicité.
Pour cela, il est revenu sur les points clés de son idéal démocratique, comme le droit de tout à chacun d’être bien gouverné, l’urgence de retrouver la légitimité du pouvoir politique et celle d’unir la nation plutôt que de la diviser autour des clivages entre la droite et la gauche.
« On ne bâtit pas une nation en divisant son peuple » Alexandre Malafaye à propos des clivages entre la droite et la gauche. @IsegoriaNantes @audencia#conf_plenel #Nantes pic.twitter.com/9dvCd3xKID
— Marie Lesueur (@hykopl) 26 avril 2018
Il a également insisté sur l’importance du vote blanc que nous ne prenons pas assez en considération. « Je reste convaincu qu’il faut que la population puisse dire qu’elle ne veut pas de Pierre Paul Jacques si Pierre Paul Jacques ne lui convient pas. » a-t-il affirmé. Il explique enfin que, pour lui, Synopia est un moyen de répondre à ces défaillances démocratiques.
The right to know
Edwy Plenel n’est pas venu contredire son compère mais plutôt le compléter. Il est venu questionner la démocratie et son évolution depuis la Révolution française. De La Boetie à Albert Londres, Edwy Plenel a voulu insister sur les droits des minorités, les bouleversements démocratiques liés à internet et la signification de l’égalité.
« L’égalité ne veut pas dire que nous sommes tous les mêmes mais que nous avons tous les mêmes droits. » @edwyplenel sur les droits des minorités, pendant la conférence « la démocratie, et Après? » à @audencia #conf_plenel #Nantes pic.twitter.com/jXvaTR7b72
— Marie Lesueur (@hykopl) 26 avril 2018
En tant que journaliste, il a également souligné l’importance du droit de savoir ou right to know en Anglais. Comme beaucoup de ses compères, il estime que l’accès à l’information est primordial pour pouvoir porter un jugement, » Il faut connaître la personne pour laquelle on vote, sinon, on peut voter pour son pire ennemi ».
Enfin, après un cours plaidoyer sur les excès de la jeunesse qu’il estime comme logiques: « il faut parfois entendre la créativité, l’audace et l’innovation de cette jeunesse » a-t-il ajouté, il a appuyé sur la capacité à être capable de penser la démocratie individuellement mais aussi collectivement.
Un court débat
Après ces quelques 45 minutes de discours prononcé par Edwy Plenel, est venu le temps du débat. Un débat à sens unique, presque, sans réel contradiction. il semblait plus être un temps d’apprentissage pour le public. Finalement les invités n’ont répondu qu’à sept questions, qui ne s’inscrivaient pas vraiment dans une volonté d’opposition mais plutôt de compréhension. Ils ont rebondis sur des sujets brûlants comme les manifestations des étudiants, des chemineaux, des hôpitaux ou de notre dame des landes. A la question: « Les minorités ont, certes, le droit de s’exprimer mais ont-elles aussi le droit d’imposer leurs opinions aux autres ? », le journaliste de Médiapart a répondu que les minorités agissantes n’avaient pas toujours raison mais qu’en France, faire la grève est un droit, que tout dépend, alors, de comment nous décidons de pratiquer la démocratie.
Sur une autre interpellation autour de la légitimité de la presse subventionnée Alexandre Malafaye et Edwy Plenel, se sont, tous deux, mis d’accord sur l’importance d’une presse libre qui ne dépend pas des humeurs du gouvernement. Des propos à modérer surement lorsqu’on pense à certains magazine qui dépendent énormément des annonceurs, ou des grands groupes parfois corrompus mais aussi à tous ces médias associatifs qui n’existeraient pas sans ces aides de l’Etat.
Ces trois heures se sont clôturé autour de la question très controversée du bien-fondé et de l’éventuelle innovation du combat des zadistes à Notre Dame des Landes. Ce sur quoi M. Plenel a rebondi en nous rappelant les changements de gestion des terres après la lutte du Larzac.