Nachlass, pièce sans personne du collectif berlinois Rimini Protokoll.
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D’abord le spectateur monte sur scène pour se diriger dans une structure close où il voit des portes (huit) qui s’ouvrent et se ferment suivant huit comptes à rebours tous différents (placés au dessus de chaque porte). Dans chaque pièce des voix singulières se racontent, et dans le sas commun, quelqu’un est là, un.e hôte.sse.
En entrant dans ce dispositif (petits cubes dans un grand cube) j’ai placé toute mon attention sur la mise à distance de la mort (le point de départ de la démarche artistique). J’ai écouté des voix, seules ou en couples, qui me et nous parlent (par des hauts-parleurs) de comment elles pensent et vivent l’approche de la mort. Un prétexte universel à la conversation. Nous entendons des timbres de voix, des âges estimés, des photos, vidéos « mettant » des visages sur les voix, des pensées et réflexions, des conversations téléphoniques, des essais scientifiques, des anecdotes, et différents adieux ; peut-être tous les rêves de partage de chacune des voix que l’on écoute. La scénographie reste épurée voire minimaliste. Nachlass est un grand dispositif avec beaucoup de moyens, ou tout repose sur l’attitude des spectateurs, leurs pouvoirs d’actions et non-action et leurs réceptions à la pièce de théâtre.
Est-ce que Nachlass peut évoluer et/ou se modifier ? Les moyens techniques déployés peuvent-il remplacer les acteurs ? Qu’attendons-nous du théâtre d’aujourd’hui ? Quelles sont nos exigences (car je crois que nous avons des attentes qu’il faut entendre) ? Théoriquement c’est une pièce de théâtre et non une performance ou une installation artistique car tout est réglé par des minuteurs (le temps) situés au dessus de chaque porte qui dirigent les spectateurs. Mais la frontière est mince, Nachlass est autonome, elle est mécanique, et elle n’a pas besoin de nous (spectateurs) pour « vivre », si c’est bien de ça dont il s’agit.
Nous entendons, à mon sens, les rêves de partage des voix, comme si finalement, leurs volontés (aux voix) seraient de nous parler physiquement.
Peut-être ai-je senti, ou plutôt entendu, un regret d’absence (venant sans doute de ma part). Qu’est-ce qu’être intime ? Ici, le verbe montre une direction qui se voudrait chercher une compagnie, un laisser-aller à un autre, l’inconnu du wagon.
Le sens d’un message ne serait-il pas de percevoir l’haleine de l’émetteur ? La sensation de sentir la voix au plus proche de nous ; le vent selon A.Tchekhov.
De mon point de vue, c’est la prise de conscience des comédiens, de leurs impacts sur les spectateurs qui fait évoluer le jeu et donc fait évoluer la pièce. L’enregistrement d’une voix, fixe les émotions et ne les fait pas se remettre en cause. En quelque sorte une voix enregistrée est déjà morte, et c’est là bien dommage. Même si le dispositif reste impressionnant, l’enjeu de la vie parlant de la mort est, comme je l’ai dit, un simple prétexte (suffisant je veux dire) à créer de la vie. En aimant le théâtre, quelque part, j’admets la philosophie qu’il faudrait se poser sur la vivance des choses comme le dit Stéphane Bouquet (poète contemporain). Se laisser, humains, se déplacer à notre guise dans nos mondes et nous entretenir pour se dire ce que ça nous apporte de vivre, et accepter nos humeurs changeant en fonction de la météo.
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