25 juin 2018

Sales gosses: bouleversant d’humanité

La représentation Sales Gosses au théâtre de la rue Belleville à Nantes se déroulait mercredi 9 mai. Fragil a assisté pour vous à la première représentation. On vous la raconte.

Sales gosses: bouleversant d’humanité

25 Juin 2018

La représentation Sales Gosses au théâtre de la rue Belleville à Nantes se déroulait mercredi 9 mai. Fragil a assisté pour vous à la première représentation. On vous la raconte.

La Compagnie Théâtre Cube présentait Sales Gosses interprétée par Flore Vannier-Moreau et mise en scène par Damien Reynal assisté de Bénédicte Blanchard.
Cette pièce s’inspire du texte de Mihaela Michailov, publié par les solitaires intempestifs. Elle relate un fait divers roumain.

[aesop_image imgwidth= »40% » img= »https://www.fragil.org/wp-content/uploads/2018/06/mvp_video_104248.jpg » credit= »Compagnie Cube » align= »center » lightbox= »on » captionposition= »left » revealfx= »off » overlay_revealfx= »off »]

Sales Gosses c’est l’histoire d’une petite fille rêveuse attachante punie par son professeur au cours d’une leçon fondamentale sur la démocratie. Elle devient la cible de ses camarades de classes. Une pièce qui nous fait réfléchir sur nos pratiques et nos politiques pédagogiques ainsi que sur la productivité. Tout ce qui se passe, tout le monde peut le vivre, le traverser.

Elle nous invite à réfléchir sur notre rapport à l’autre et aussi à nous-même, au sens de la démocratie, à la violence scolaire et au rôle pervers des médias.

Flore Vannier-Moreau est seule en scène pour interpréter avec brio tous les personnages de l’histoire de la petite fille ; en passant par le professeur hystérique et bien d’autres. Ce qui est impressionnant c’est la vitesse de changement des personnages en un clin d’œil. La comédienne assène, comme un coup de poing, une langue alliant humour, tragique et poésie.

Cette pièce est bouleversante, attachante et pleine de sincérité. Dès les premiers pas de la petite fille sur scène, elle nous entraîne dans son histoire qui est un sujet grave et pourtant on rit beaucoup durant la pièce. A travers son univers nous sommes plongés dans son histoire.

Elle nous offre un théâtre qui œuvre à la construction d’un monde meilleur…

Sale Gosses nous fait passer un message fort sur le harcèlement scolaire qui est malheureusement encore d’actualité et permet de donner à réfléchir au public. Puis elle donne la parole à ceux qui ordinairement se taisent, en montrant une part des violences de notre monde, elle nous offre un théâtre qui œuvre à la construction d’un monde meilleur.

[aesop_image imgwidth= »40% » img= »https://www.fragil.org/wp-content/uploads/2018/06/1479588_sales-gosses_191613.jpg » credit= »Compagnie Cube » align= »center » lightbox= »on » captionposition= »left » revealfx= »off » overlay_revealfx= »off »]

La mise en scène est sublime et chorégraphique avec une mise en valeur en pleine lumière de Flore Vannier-Moreau ce qui permet à chaque personnages d’avoir sa propre ambiance. Elle laisse vivre les maux en leur donnant toute leur justesse. Tous les mots sont d’une sincérité et d’une bienveillance inégalable. Ce qui rend au spectacle une fluidité et un rythme incroyable.

La musique a une grande importance dans la pièce, car elle accompagne chacun des personnages, leur confère une humeur et une couleur sonore particulières, et crée un univers en adéquation ou parfois en opposition avec l’action.

Conquis, le public en ressort chamboulé et plein d’admiration pour le travail fourni par la Compagnie Cube.

[aesop_image imgwidth= »60% » img= »https://www.fragil.org/wp-content/uploads/2018/06/DcNH3A3XUAADbD6.jpg » align= »center » lightbox= »on » captionposition= »left » revealfx= »off » overlay_revealfx= »off »]

Passionnée de théâtre et d’art, je vous en parlerai dans mes articles sans oublier tous les sujets de société qui me touchent : le féminisme, les discriminations et l’environnement.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017