17 janvier 2024

À la Perle, une exposition photo fait le pas de côté sur l’affaire Georges Courtois

Jusqu'au 18 janvier, au café de la Perle, Éric Cabanas, ancien journaliste à Presse Océan expose 19 photographies de la fameuse prise d'otage de 1985, par Georges Courtois au Palais de Justice de Nantes.

À la Perle, une exposition photo fait le pas de côté sur l’affaire Georges Courtois

17 Jan 2024

Jusqu'au 18 janvier, au café de la Perle, Éric Cabanas, ancien journaliste à Presse Océan expose 19 photographies de la fameuse prise d'otage de 1985, par Georges Courtois au Palais de Justice de Nantes.

« C‘est la première fois qu’elles sortent de mon tiroir ces photos » car « entre temps j’ai eu une vie à 100 à l’heure« , c’est ce que nous révèle Eric Cabanas lorsque nous l’interrogeons sur le choix de les partager au public 38 ans après la prise d’otage.
Après avoir exposé en novembre dernier à l’Agence Crédit Agricole Carré Lafayette (non loin de l’ancien Palais de Justice), le reporter a une nouvelle occasion de montrer ses clichés « les copains de la Perle ont demandé si je pouvais, je pense que ça vaut le coup« .

La page de couverture du journal Presse Océan du samedi 21 décembre 1985, exposée à la Perle

19 clichés de la prise d’otage du 19 décembre 1985

C’est un évènement qui a marqué l’histoire de Nantes, et particulièrement celle d’un jeune journaliste à Presse océan, et correspondant pigiste de l’AFP de l’époque nommé Eric Cabanas. En 1985, Georges Courtois est jugé pour un braquage et décide alors de prendre en otage toute une cours d’assises 1 (jurés, public, journalistes) à l’ancien Palais de Justice de Nantes (aujourd’hui le Radisson Blue). « C’était du jamais vu, ça a duré 34h« , nous explique Eric Cabanas avec passion.

« Le fait de se démarquer et de ne pas faire du fait-divers, essayer d’avoir un autre regard, c’est mon truc »

Appelé par un collègue journaliste, Eric Cabanas se rendra à l’époque sur les lieux  « moi ce qui m’a intéressé, c’était de prendre du recul et c’était ceux qui regardaient la prise d’otage, dont ces journalistes du monde entier« .
En effet, sur les différentes photographies on retrouve un journaliste japonais, « c’était le premier qui faisait tout tout seul, à l’époque ça n’existait pas« . Mais également Pierre Salinger, ancien porte-parole de J.F.Kennedy, qu’il a pu fièrement photographié.

Photographie de Pierre Salinger, ancien attaché de presse John Kennedy, présent pour couvrir la prise d’otage au Palais de Justice de Nantes le 19 décembre 1985 / Photo exposée à la Perle © Eric Cabanas

Partage et mémoire autour d’un souvenir local

Cette exposition, c’est aussi le moyen de se retrouver autour d’un évènement marquant de l’histoire locale, « ça a été une histoire, Tri Yann en a fait une chanson, il y a une aura autour de cette histoire« . « Georges Courtois est un phénomène, qui ne s’est pas échappé, et à tenu la scène. Le procureur c’était lui.« , il explique d’ailleurs que des étudiant·es ayant vécu la prise d’otage ont développé le syndrome de Stockholm. Cette histoire résonne encore selon le photographe, ayant reçu un retour d’un sapeur pompier présent à l’époque, qui a pu assister à l’exposition.

Pour cette raison, le 18 janvier, dernier jour d’exposition aura lieu un temps de discussion. « Une causerie, de chansons liées à l’évènement, au bandit, avec des gens qui ont plus au moins un lien avec cette histoire » c’est ce que nous réserve Eric Cabanas au café de la Perle.

19 photographies exposées à la Perle © Juliette Ducornetz

Infos utiles :

-Exposition jusqu’au 18 janvier au café de la Perle, 8 rue du Port au vin, 44000 Nantes.
-Causerie avec Eric Cabanas le 18/01, de 18h30 à 20h30

1. Georges Courtois ou la prise d’otage de Nantes, France 3 Pays de la Loire, Youtube

23 ans, originaire de Laval, future journaliste ? je suis très attentive et curieuse du monde qui m'entoure ! j'adore faire des playlists à rallonge et écouter les gens parler.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017