11 juin 2019

A NMCube, Alvéole fait le pari de la qualité sonore

Deux anciens de la radio Prun' à Nantes bénéficient d'un coaching intensif à NMCube pour monter leur entreprise. Zoom sur le projet Alvéole qui fait la part belle au son, surfant sur l'engouement du podcast natif.

A NMCube, Alvéole fait le pari de la qualité sonore

11 Juin 2019

Deux anciens de la radio Prun' à Nantes bénéficient d'un coaching intensif à NMCube pour monter leur entreprise. Zoom sur le projet Alvéole qui fait la part belle au son, surfant sur l'engouement du podcast natif.

Et si l’avenir des médias résidait dans nos oreilles ? A contre-courant d’une société du tout image,  deux Nantais font le pari du son comme LE format clé de ces prochaines années. Un profil journalistique : Boris Lemasson. Un profil technique : Pierre-Yves Allain. Tous deux ont créé Alvéole, un « bureau d’études éditoriales et sonores » actuellement en cours d’éclosion au sein de l’incubateur NMCube à Nantes.

L’idée maitresse ? Boris Lemasson la résume ainsi : « Amener de la qualité éditoriale et technique pour de gens qui ont besoin de diffuser de l’information sonore sur eux ou leur territoire ».  L’histoire d’une commune à travers le témoignage de ses administrés. Le savoir-faire d’une entreprise racontée par celles et ceux qui le façonne au quotidien. L’immersion sonore pour mieux découvrir et comprendre un site touristique… Les exemples d’application sont vastes. Et le duo en est convaincu : « la qualité est une demande qui va aller croissante sur la question du son dans les prochaines années ».

Cliquez sur l’icône bulle de conversation pour voir les réponses aux questions (réalisation Ouest Medialab)

Pierre-Yves Allain et Boris Lemasson ont œuvré côte à côte pendant trois ans au sein de la radio nantaise Prun’. Le premier comme directeur technique, le second comme rédacteur en chef. Le cadre de cette radio étudiante leur a permis d’ouvrir le champ des possibles. Des allers-retours constants entre la technique et la rédaction. Un amour pour le son et une volonté de toujours pousser vers plus de qualité. « On a appris à faire avec trois bouts de ficelles, explique Boris Lemasson, on a donc toujours cherché à optimiser les choses. » Finalement le cadre associatif devient trop petit pour leurs envies. Tous deux quittent Prun‘ en 2018.

L’immersion sonore

Sortir des cadres. Transgresser les formats. Innover. Il y a un peu de tout ça dans la démarche d’Alvéole. Une volonté qui s’appuie sur les nouvelles pratiques autour de l’objet sonore. Pratiques de production du son, toujours plus accessible techniquement. Mais surtout pratiques de consommation. « Il y a une envie de consommer facile et mobile, résume Pierre-Yves Allain, et le son est parfait pour ça. Quel autre médium peut prétendre à une telle immersion dans l’information avec si peu de contraintes techniques ? Deux simples oreillettes… »


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Alvéole nait avec son temps : celui des podcasts natifs. Ces contenus audio hors formats, hors grille de programme, taillés de toutes pièces pour les plateforme web et leurs algorithmes. Fini le podcast replay. Place aux contenus spécialisés qui s’affranchissent des standards radio. « Avec le podcast natif, on n’est plus sur la machinerie d’un média traditionnel, on est sur un projet, un programme à part entière », appuie Boris Lemasson. Celui-ci regrette le « traditionalisme » des formats radio « y compris dans le secteur associatif où la tendance est parfois de se calquer sur des modèles existants ».

Accompagnateurs de projets

Premier secteur visé par Alvéole : le Tourisme en régions Pays de la Loire et Bretagne. « La question de la mémoire des territoires est très forte aujourd’hui » assure Boris Lemasson. « Nous nous rapprochons de structures publiques, ou à délégation de service public, des offices du tourisme, mais aussi de structures comme La Voyage à Nantes ou Les Bateaux nantais… »


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Alvéole se présente en tant qu’« accompagnateur de projets » avec comme force principale les compétences complémentaires des deux fondateurs et leur capacité à aller chercher des profils extérieurs. « On ne s’interdit pas de faire appel des développeurs web, des communicants ou d’autres profils, pour développer des projets », assure Pierre-Yves Allain.

Commercialiser la passion

En intégrant le dispositif NMCube porté par deux clusters (Ouest Médialab et Creative Factory) et deux établissements d’enseignement supérieur nantais (Audencia Sciencescom – Audencia Business School et Polytech – Université de Nantes), Boris Lemasson et Pierre-Yves Allain souhaite avant tout définir leur posture commerciale. « C’est ce qu’il nous manque aujourd’hui : comment arriver à commercialiser notre passion. On a pas mal côtoyé le milieu de la culture à Nantes et on sait très bien que la passion, ça se parle aussi en euros, en temps de présence, en trajets, en production, etc. On a déjà ce visuel. A NMCube, on veut apprendre à structurer notre discours pour être plus percutant et plus pertinent dans notre positionnement. »

Le projet Alvéole a rapidement convaincu les membres du jury NMCube. « Nous avons avant tout ressenti leur passion pour le métier, indique Julien Kostrèche, directeur du cluster Ouest Médialab. Nous avons aussi constaté leur envie d’indépendance et d’entreprendre dans un domaine où ils font preuve de compétences professionnelles complémentaires. C’est aussi le bon moment pour se centrer sur le son avec l’engouement qu’il y a aujourd’hui pour le podcast. La radio et le son résistent bien, selon les baromètre médias, à l’accélération du tout image. » Mais au-delà de ce constat, c’est aussi la démarche d’Alvéole qui se voit ainsi validée.  « Boris et Pierre-Yves ont aussi compris une tendance de société, poursuit Julien Kostrèche : un besoin d’écoute, de reconnexion avec le territoire. »Podcast : un panorama de l’offre de la presse française


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Boris Lemasson et Pierre-Yves Allain ont donc pris leurs quartiers pour un an au Mediacampus sur l’Île de Nantes. Ils pourront, aux côtés de 7 autres médias incubés cette année, éprouver leurs intuitions, tordre leur projet dans tous les sens pour mieux l’affuter avant de se lancer.

Un temps journaliste, roule aujourd'hui pour l'Information Jeunesse... Enseigne à droite, à gauche. Membre du CA de Fragil. #Medias #EMI #hiphop #jazz et plein d'autres #

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017