19 juin 2019

A poil !

Mardi 4 juin, Estelle Brochard nous a parlé du poil, plus précisément de la pilosité et du corps des femmes. Ca s’est passé au 102, sous forme de conférence gesticulée. « Le Poil incarné, ou comment reprendre du poil de la bête ».

A poil !

19 Juin 2019

Mardi 4 juin, Estelle Brochard nous a parlé du poil, plus précisément de la pilosité et du corps des femmes. Ca s’est passé au 102, sous forme de conférence gesticulée. « Le Poil incarné, ou comment reprendre du poil de la bête ».

Mardi 4 juin, Estelle Brochard nous a parlé du poil, plus précisément de la pilosité et du corps des femmes. Ça s’est passé au 102, sous forme de conférence gesticulée. « Le Poil incarné, ou comment reprendre du poil de la bête ».

Conférence gesticulée kesako ?

Celle-ci était organisée par l’université populaire de Nantes qui la définit comme suit:

« La conférence gesticulée est un objet hybride entre le spectacle et la conférence. Elle cherche à produire du savoir critique, à donner des clés d’analyse pour dévoiler, comprendre et agir sur notre environnement. Il s’agit de proposer un positionnement, une parole liant de l ‘intime, du témoignage, de la dérision, à des savoirs théoriques. »

Une femme, deux personnages.

Ce soir à Nantes, 70 places, quasi complet, majoritairement des femmes. Une dizaine d’hommes.

Ludivine,  femme clown, entre en scène, pour introduire Estelle, plus raisonnable, qui va aborder ce thème ô combien complexe.

Crédit photo Elodie RIVET

« Pas de culpabilisation ce soir »

L’idée est de questionner nos habitudes, de creuser un sujet qui semble aller de soi, de déconstruire des diktats de beauté physique et d’en comprendre l’origine.

« De nos jours le poil est très peu présent sur le corps de la femme. Il peut pourtant prendre une place non négligeable dans son emploi du temps ».

 

Faisons connaissance avec Estelle

Estelle a 37 ans, elle est originaire de Vendée, élevée dans une famille au schéma classique. Enfant, elle a appris à être sage et à avoir de bonnes notes.

Plus tard, elle a intégré un atelier clown qui lui a permis de mieux connaître son corps et découvrir qu’elle peut s’exprimer avec. Cette aventure est devenue son métier.

Crédit photo Elodie Rivet

Petite introduction au poil!

Dans la suite de la conférence, Estelle nous fait réfléchir à cette petite chose qui parait si anodine et qu’il est communément convenable de faire disparaître du corps de la femme depuis des siècles.

Où le trouve t’on sur le corps? A partir de quelle période de la vie apparaît il? Quels sont ses nombreux rôles? Son espérance de vie sur le corps d’une femme…

Crédit photo Elodie RIVET

Sois belle et tais toi!

La femme a le devoir d’être belle. Définition de la beauté du Larousse à l’appui, magazine Femina, etc

Estelle met en avant qu’à cause de ce devoir qu’a la femme, et qui est bien ancré dans les conditionnements humains, “la femme sait qu’elle va d’abord être regardée pour son apparence que pour sa personnalité”.

Et pour cela, les rituels de beauté sont souvent une contrainte à notre propre corps. “Faut souffrir pour être belle”  Et pourquoi donc?

Petit tour des instruments de torture éliminateurs de poil . “Y’a le choix dans les armes”

Crédit photo Elodie RIVET

Il y a également la violence psychologique que cela génère: la honte d’avoir des poils, de ne pas être bien épilée au bon moment, on a pas envie de le faire, la culpabilité, la peur de la moquerie, de dégoûter, etc

“Peu de femmes connaissent leur pilosité naturelle”.

Malheureusement, le glabre créer une image erronée du corps de la femme.

Estelle est allée au bout de sa réflexion, et a arrêté de s’épiler depuis 1 an et demi. Elle enlève alors son collant et découvre ses jambes poilues. Elle nous dit ne pas savoir si elles les trouve beaux, ses poils. Peu de réaction dans l’assemblée.

Personnellement, je réalise que nous ne sommes absolument plus habitués à voir le corps d’une femme dans son état naturel. Et ce n’est pas le cas du corps l’homme.

Comment en est on arrivé là?

Petit tour dans l’histoire, et ça date. Histoires de sorcières, de religion. Dans l’art, le poil n’existe pas sur le corps des femmes, ou bien il est censuré.

Dans l’histoire récente, les zones d’épilation s’agrandissent autant que la lingerie féminine rapetisse, sous l’influence de la mode, de la pornographie, de l’image de la femme véhiculée à la télévision, sur internet, etc…

Estelle utilise un portant pour exposer une frise chronologique faite de lingerie et de photos.

De plus en plus, la femme dite “belle” ressemble à une petite fille.

Et le poil chez l’homme?

Pour les hommes, c’est l’inverse, ils peuvent de plus en plus se laisser pousser la barbe. Lorsqu’ils s’épilent sur le corps, souvent, il s’agit d’un choix personnel.

Et alors que faire?

Ce qu’Estelle recherche ce n’est pas d’abattre l’épilation et de prôner le poil à tout prix. Elle aimerait “qu’il y ait diversité”. Dans la rue, elle se sent seule. Elle voudrait que les femmes aient le choix autant que les hommes. “Que la diversité permette le choix”.

Après 1 an et demi de non épilation, elle est agréablement surprise. Elle ne subit pas de regard désobligeant, pas d’insulte, pas de réactions négatives à la piscine.

Cette question de l’épilation, ouvre la question de l’image du corps dans notre société encore trop patriarcale.

“On n’a pas la même peau hommes et femmes? “ “Je suis pour que les hommes mettent des jupes et des talons. Je les trouve belles les jambes des hommes.”

J’avoue que moi aussi, pas vous?

Crédit photo Elodie Rivet

Nous discutons ensuite de tout cela et partageons nos anecdotes personnelles autour d’une tisane de plante poilue “à l’ortie”.

 

Mon ressenti à l’issue de cette conférence gesticulée

Et bien ça bouscule bizarrement de questionner nos schémas de pensées, nos habitudes vis à vis… du poil.

Autant, le côté superficiel du maquillage ou de la couleur des cheveux, des régimes, etc, sont des habitudes de beauté régulièrement remises en causes par les femmes et par les hommes.

Autant les poils, c’est comme un sujet mis de côté, tabou, comme si c’était une évidence que la femme ne doit pas en avoir.

Pourtant, c’est bien plus douloureux, et intrusif, puisque l’épilation concerne également les parties intimes, elle atteint nos sens, notre nature.

Je suis ravie d’avoir pu être sensibilisée, d’avoir constaté que d’autres femmes ont vécu les mêmes galères, interrogations, malaises… à cause du poil et que l’on peut en parler, et remettre en cause certaines pratiques.

J’en ai ensuite parlé au sein de mon entourage amical, pas si simple de libérer les paroles et mettre en question nos habitudes bien ancrées, nos conditionnements.

La conférence d’Estelle Brochard a le mérite de faire réfléchir au sens que nous mettons derrière “l’entretien” de notre corps.

 

Suivre Estelle Brochard :

www.collectiflouvreboites.fr

Si vous aussi, vous voulez voir le spectacle près de chez vous, rien de plus simple :

Le poil incarné peut se jouer partout où il est possible d’avoir un espace scénique de 3m x 3m et du public : salle, amphithéâtre, établissement scolaire, entreprise, bar, grange, à domicile…
Il ne faut pas que les conditions tarifaires soient un frein, donc contactez l’ouvre boite dans un premier temps, et ils vous expliqueront les modalités.

Facebook : https://www.facebook.com/estelle.lesportesvives

Vidéo interview

Et l’université populaire ?

L’Université Populaire de Nantes a pour objet la fédération d’un ensemble d’ateliers, animations, rencontres, utilisant des outils d’éducation populaire. Tous les sujets peuvent être abordés dans les ateliers dès lors que ceux-ci encouragent et accompagnent la construction et l’émancipation des individu-e-s au sein de la société.

Les événements proposés sont généralement à prix libre,

Pour en savoir plus : https://univpopnantes.org/universite-populaire/

 

Heureuse nantaise, curieuse, amatrice de spectacle vivant et manifestations artistiques. J'ai envie de m'essayer à l'écriture pour me découvrir, aller chercher ce qui se vit lors des représentations et le partager.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017