16 mai 2024

À Pol-n, un atelier qui “fait du bien” aux aîné·es

Depuis début janvier, Pol-n réuni deux fois par mois une quinzaine de participant·es au projet « Les Regards des Aînés de la Madeleine ». Encadrés par 4 animatrices, les ateliers font travailler la mémoire à travers une initiation à la photographie. Au cœur de ce projet, également la volonté de créer des liens entres les aînés, résident·es du quartier de la Madeleine.

À Pol-n, un atelier qui “fait du bien” aux aîné·es

16 Mai 2024

Depuis début janvier, Pol-n réuni deux fois par mois une quinzaine de participant·es au projet « Les Regards des Aînés de la Madeleine ». Encadrés par 4 animatrices, les ateliers font travailler la mémoire à travers une initiation à la photographie. Au cœur de ce projet, également la volonté de créer des liens entres les aînés, résident·es du quartier de la Madeleine.

Des bons souvenirs, des rires et de la liberté, c’est ce qui ressort du projet « Les Regards des Aînés de la Madeleine ». Ce projet autour de la photographie porté par Stéphanie Lamoureux, artiste photographe, et Lise Estadieu, accompagnante éducative et sociale, est de retour deux fois par mois depuis janvier. Marine Taraud, animatrice à l’EPHAD accompagnant quelques participant·es au projet, est fière : “Ça fait du bien de les voir heureux, ça nous permet de montrer qu’on fait plein de choses à l’EPHAD, de donner une autre image de l’établissement”. Marie, volontaire en service civique et elle aussi animatrice à l’atelier, nous raconte que le projet des « Regards Croisés des Aînés de la Madeleine » est aussi un moyen pour les participants de plus de 65 ans de “dépasser les barrières de la vieillesse”.

Demain j’ai envie de revenir !

Dans les locaux de Pol-n, c’est dans une ambiance enthousiaste qu’animatrices et aîné·es discutent des légendes qu’ils et elles veulent attribuer à leurs photos, prises à l’atelier précédent. “Le soleil est toujours là !” propose Patrice, ancien barman de ce qui s’appelle maintenant Le Morse, au bout de la rue. Pour lui, ces après-midi sont “l’occasion de voir ou de revoir des personnes du quartier”, s’exclame t-il, lançant un regard complice à Denise, “Denise Grey comme celle qui faisait du théâtre !” plaisante-t-elle. À l’époque, elle aussi tenait son bar dans la rue, La Poule Noire, devenu Chauffe-Marcel. “Ça permet de voir d’autres personnes du quartier, c’est comme dans un immeuble, parfois tu connais pas les voisins !” rigole Patrice. Participer à ces ateliers, c’est aussi replonger dans de bons souvenirs. Dans le temps, Denise venait danser à Pol-n. Aujourd’hui, ce lieu associatif est devenu un repaire, elle y passe souvent et y amène même ses amies. “Demain j’ai envie de revenir !” conclut-elle.

Deux aîné·es choisissant les photos.

Deux aîné·es choisissant les photos. ©Léa Mviana

“On sort de notre chambre

Résidente à l’EPHAD de La Madeleine, Charlotte aime à comparer les locaux des ateliers à un théâtre. Rien à voir avec ce qu’on lui avait présenté comme un « hangar« . “On se prépare, on est à l’aise parce qu’on peut faire du bruit, chanter, rigoler” confie-t-elle. Son adhésion aux ateliers débute quand les organisatrices se sont rendues à l’EPHAD du quartier pour proposer aux résident·es de participer au projet. “C’est grâce à cette dame-là” annonce-t-elle en désignant Marine Taraud, qui fait le lien entre l’EPHAD et les organisatrices du projet. Puis elle reprend : “C’est important de venir ici dans le sens où on sort de notre chambre, la maison de retraite est un enclos et on ne peut pas aller très loin”. Pour Charlotte c’est un plaisir de participer à ces ateliers, le temps d’un après-midi. Ce qu’elle aime c’est “sortir, sortir de son environnement”. Les ateliers sont également l’occasion de retrouver les ami·es qu’elle s’est fait depuis le début du projet, “On est content de se revoir, ça nous fait tout drôle de retourner au bercail”. Elle rigole, puis ajoute “Je me sens épanouie, je m’échappe du quotidien”.

Charlotte, une des ainé·es de La Madeleine

Charlotte, une des ainé·es de La Madeleine. ©Léa Mviana

“Ici je suis plus bavarde et je suis écoutée”

Monique, elle aussi issue de l’EPHAD me livre quelques mots à propos de son expérience au sein du projet. “Avant j’étais assez timide, mais les ateliers m’ont fait beaucoup de bien”, “Ici je suis plus bavarde et je suis écoutée”. Pour elle, les ateliers riment avec liberté, mais aussi passé. “J’adore la photo” s’exclame t-elle, “Chez moi, j’ai 4 ou 5 albums rempli de photos que j’ai prises, maintenant j’en prends avec le téléphone”. Prendre des photos ici lui permet de prolonger sa passion, et même de créer des liens avec les autres participant·es, elle décrit des séances pleines de “rigolades” et où réside une “bonne ambiance”. L’exposition, qui aura lieu le vendredi 14 juin, ravit Monique : “Je vais pouvoir repartir avec mes photos, et les photos des copines !” dit-elle affichant un large sourire : “Ça a changé ma vie”.

Monique, impatiente de choisir les photos.

Monique, impatiente de choisir les photos. ©Léa Mviana

Léa, 19 ans, est étudiante en 3ème année de licence information-communication à Nantes. Journaliste en devenir, elle aime la création sous toutes ses formes, et possède surtout un réel attrait pour l’humain, ce qui l’a tout naturellement conduite à lancer le podcast Free Your Mind.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017