Des bons souvenirs, des rires et de la liberté, c’est ce qui ressort du projet « Les Regards des Aînés de la Madeleine ». Ce projet autour de la photographie porté par Stéphanie Lamoureux, artiste photographe, et Lise Estadieu, accompagnante éducative et sociale, est de retour deux fois par mois depuis janvier. Marine Taraud, animatrice à l’EPHAD accompagnant quelques participant·es au projet, est fière : “Ça fait du bien de les voir heureux, ça nous permet de montrer qu’on fait plein de choses à l’EPHAD, de donner une autre image de l’établissement”. Marie, volontaire en service civique et elle aussi animatrice à l’atelier, nous raconte que le projet des « Regards Croisés des Aînés de la Madeleine » est aussi un moyen pour les participants de plus de 65 ans de “dépasser les barrières de la vieillesse”.
“Demain j’ai envie de revenir !”
Dans les locaux de Pol-n, c’est dans une ambiance enthousiaste qu’animatrices et aîné·es discutent des légendes qu’ils et elles veulent attribuer à leurs photos, prises à l’atelier précédent. “Le soleil est toujours là !” propose Patrice, ancien barman de ce qui s’appelle maintenant Le Morse, au bout de la rue. Pour lui, ces après-midi sont “l’occasion de voir ou de revoir des personnes du quartier”, s’exclame t-il, lançant un regard complice à Denise, “Denise Grey comme celle qui faisait du théâtre !” plaisante-t-elle. À l’époque, elle aussi tenait son bar dans la rue, La Poule Noire, devenu Chauffe-Marcel. “Ça permet de voir d’autres personnes du quartier, c’est comme dans un immeuble, parfois tu connais pas les voisins !” rigole Patrice. Participer à ces ateliers, c’est aussi replonger dans de bons souvenirs. Dans le temps, Denise venait danser à Pol-n. Aujourd’hui, ce lieu associatif est devenu un repaire, elle y passe souvent et y amène même ses amies. “Demain j’ai envie de revenir !” conclut-elle.
“On sort de notre chambre”
Résidente à l’EPHAD de La Madeleine, Charlotte aime à comparer les locaux des ateliers à un théâtre. Rien à voir avec ce qu’on lui avait présenté comme un « hangar« . “On se prépare, on est à l’aise parce qu’on peut faire du bruit, chanter, rigoler” confie-t-elle. Son adhésion aux ateliers débute quand les organisatrices se sont rendues à l’EPHAD du quartier pour proposer aux résident·es de participer au projet. “C’est grâce à cette dame-là” annonce-t-elle en désignant Marine Taraud, qui fait le lien entre l’EPHAD et les organisatrices du projet. Puis elle reprend : “C’est important de venir ici dans le sens où on sort de notre chambre, la maison de retraite est un enclos et on ne peut pas aller très loin”. Pour Charlotte c’est un plaisir de participer à ces ateliers, le temps d’un après-midi. Ce qu’elle aime c’est “sortir, sortir de son environnement”. Les ateliers sont également l’occasion de retrouver les ami·es qu’elle s’est fait depuis le début du projet, “On est content de se revoir, ça nous fait tout drôle de retourner au bercail”. Elle rigole, puis ajoute “Je me sens épanouie, je m’échappe du quotidien”.
“Ici je suis plus bavarde et je suis écoutée”
Monique, elle aussi issue de l’EPHAD me livre quelques mots à propos de son expérience au sein du projet. “Avant j’étais assez timide, mais les ateliers m’ont fait beaucoup de bien”, “Ici je suis plus bavarde et je suis écoutée”. Pour elle, les ateliers riment avec liberté, mais aussi passé. “J’adore la photo” s’exclame t-elle, “Chez moi, j’ai 4 ou 5 albums rempli de photos que j’ai prises, maintenant j’en prends avec le téléphone”. Prendre des photos ici lui permet de prolonger sa passion, et même de créer des liens avec les autres participant·es, elle décrit des séances pleines de “rigolades” et où réside une “bonne ambiance”. L’exposition, qui aura lieu le vendredi 14 juin, ravit Monique : “Je vais pouvoir repartir avec mes photos, et les photos des copines !” dit-elle affichant un large sourire : “Ça a changé ma vie”.