1 février 2024

Actions symboliques du collectif Stop Total 44 contre le Crédit Agricole

Samedi 27 janvier 2024, des militant.e.s du collectif Stop Total 44 ont manifesté devant trois des agences nantaises du Crédit Agricole pour dénoncer leur participation financière au projet EACOP porté par TotalEnergies.

Actions symboliques du collectif Stop Total 44 contre le Crédit Agricole

01 Fév 2024

Samedi 27 janvier 2024, des militant.e.s du collectif Stop Total 44 ont manifesté devant trois des agences nantaises du Crédit Agricole pour dénoncer leur participation financière au projet EACOP porté par TotalEnergies.

C’est en fin de matinée qu’une dizaine de personnes vêtues de rouge se sont élancées ce samedi dans les rues de Nantes, le dress-code ayant été choisi pour répondre aux couleurs de l’entreprise TotalEnergies.

Les militant.e.s défilant dans les rues de Nantes en direction de l’agence Crédit Agricole situé à Talensac

C’est le collectif Stop Total 44 qui a initié cette action en rassemblant divers autres associations comme Survie 44, Attac 44, le GIGNV, Alternatiba-Nantes, Greenpeace Nantes, Extinction Rebellion Nantes ou encore  Notre-Dame-des-Landes-Poursuivre Ensemble.

Le cortège s’est arrêté dans un premier temps au Crédit Agricole du quartier Talensac.

Une fois sur place, les pancartes des militant.e.s se sont dressées pour afficher un message adressé à la banque :

« Crédit Agricole, arrête tes mensonges, financer un constructeur de pipeline, c’est financer un pipeline. Tu sais le mal que tu fais, on continuera à dénoncer ton greenwashing*, alors abandonne maintenant ! ».

L’équipe s’est ensuite rendue dans d’autres agences à proximité comme celle du cours 50 Otages, qui avait déjà été la cible d’une action du collectif l’année dernière, ou encore sur l’Île de Nantes. Les militant.e.s ont également distribué des tracts et renseigné les passant.e.s et les curieux.ses qui se posaient des questions sur la mobilisation. La plupart d’entre eux n’avaient pas connaissance des liens étroits entre la banque et l’industrie pétrolière. Quant aux autres, c’étaient souvent par des encouragements qu’iels exprimaient leur soutien à l’action.

Le collectif Stop Total 44 devant l’agence Crédit Agricole au cours des 50 Otages (Crédit : Samuel Réthoré)

Si le Crédit Agricole n’injecte pas directement des fonds dans le projet de pipeline, c’est aujourd’hui via sa filiale Amundi, 1er investisseur de TotalEnergies que l’argent arrive.

Au-delà de la dénonciation et de la sensibilisation au grand public, un des autres objectifs de l’action était également d’aller à la rencontre des responsables d’agence afin de discuter avec eux de la position du Crédit Agricole au sujet d’EACOP.  Cette action visait ainsi à informer l’entreprise que les actions militantes n’en resteraient pas là si la banque ne cessait pas, à court-terme, d’aider financièrement ce projet d’oléoduc enterré prévu pour transporter du pétrole sur 1443 km entre l’Ouganda et la Tanzanie. Bien que les militant.e.s du collectif se soient présenté.e.s pacifiquement dans les différentes agences, les directions n’ont pas souhaité s’entretenir avec les porte-paroles du collectif.

*Le greenwashing ou éco-blanchiment est une pratique consistant à tromper le public par la présentation d’une image environnementale vertueuse en dépit des faits et de la réalité.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017