• Festival Zoo Galerie - Attention Deficit Disorder 2023
15 novembre 2023

« Attention Deficit Disorder », le festival hors champ du centre d’art nantais Zoo galerie, démarre jeudi 16 novembre

3 jours pour sortir du cadre, glisser dans la poésie, le chant, l’édition, les performances, le design et le cinéma expérimental. Son directeur, Patrice Joly nous révèle un programme transdisciplinaire, heureux et surprenant mélange des genres.

« Attention Deficit Disorder », le festival hors champ du centre d’art nantais Zoo galerie, démarre jeudi 16 novembre

15 Nov 2023

3 jours pour sortir du cadre, glisser dans la poésie, le chant, l’édition, les performances, le design et le cinéma expérimental. Son directeur, Patrice Joly nous révèle un programme transdisciplinaire, heureux et surprenant mélange des genres.

Patrice Joly, directeur de Zoo galerie, est à l’origine du festival Attention Deficit Disorder en 2022 et de sa programmation. Il revient sur la création du festival qui reste connecté aux activités du centre d’art contemporain. Ce centre est aussi, le rappelle-t-il, un lieu d’exposition, de performances, une maison d’édition et une publication tous les trimestres avec la Revue 02 dédiée à l’art contemporain. « La référence aux troubles de l’attention, ce n’est pas au sens littéral parce que l’on est bien conscient, ça peut être un trouble grave et nous, on a pris un peu le contrepied de la chose. L’idée justement c’est de passer du coq à l’âne et de mettre en avant le bon côté des choses ! ». Il mentionne le rapport à l’ennui dans une vie dans un monde de plus en plus saturé d’images et d’informations. Sa proposition pour casser ces sollicitations, c’est de « passer de la performance à la lecture, de la lecture au cinéma et du cinéma au design… La performance a plus de chance de retenir l’attention, même si c’est tout simplement faire du transdisciplinaire ! ».
Le festival se déroule sur trois jours dans les 200 m2 de la Zoo Galerie au 12 rue Lamoricière. Le centre d’art nantais a imaginé un programme original de rencontres inscrites dans le champ élargi de l’art contemporain qui flirte entre troubles et drôlerie.

Jeudi, une soirée poésie en partenariat avec la Maison de la Poésie de Nantes ouvre le festival

On y retrouve, dès 19h, « les Chants de Kiepja » de Franck Doyen. Il s’agira d’une lecture-concert avec Sandrine Gironde et Patricia Dallio. La soirée se poursuivra avec la performance de Yoann Thommerel. Ça sera l’occasion pour la Zoo Galerie de lancer son livre « Écrire un avis » et d’éditer son cinquième ouvrage dans la collection « Fraîches Éditions ». Se servir de l’inévitable pratique commerciale qui consiste à solliciter l’avis du consommateur pour n’importe quel achat ou repas… Yoann Thommerel en a fait « une dérive littéraire, très drôle, très enlevée ». Patrice Joly décrit aussi le livre par ces mots : « c’est une espèce de journal, en fait, née à travers ses expériences culinaires ».
La soirée donnera lieu aussi à la performance de Charly Bechaimont, c’est une carte blanche et c’est engagé !

Écrire un avis - Yoann Thommerel

« Écrire un avis » de Yoann Thommerel : le lancement du dernier né de la collection Fraîches Fictions aura lieu jeudi 16 novembre.

Vendredi, c’est soirée design avec la carte blanche donnée à RICH designers

Une table-ronde accueillera Barreau & Charbonnet, le duo de designers et plasticiens très investis dans le réemploi. Il y aura aussi l’Atelier Blam, à cheval entre architecture, art et design qui collabore avec Ronan & Erwan Bouroullec, et Florence Doléac qui est une designer très critique du design utilitaire et qui porte un regard ludique et poétique sur les choses. Les échanges donneront matière à parler de leur travail, de leur pratique, comment ils et elle collaborent avec d’autres professionnel·les et s’investissent dans des projets. Et ça sera mélangé avec l’auteur Théo Casciani qui lui va venir un peu parasiter les choses. On a pu récemment voir son exposition au FRAC « Vous n’avez pas besoin d’y croire pour que ça existe« . Cette soirée sera un peu l’envers du décors, puisqu’on abordera le côté de la fabrication.

Samedi sera dédié au cinéma indépendant et expérimental

Au programme, trois films d’artistes primés et vraiment troublants d’après Patrice Joly.
Au sens premier, parce que ça navigue vraiment dans le réel, la réalité et la fiction et on ne sait jamais trop -surtout dans le film d’Alain Leclerc- où on se situe. « Leaks » d’Alain Declercq, c’est l’histoire d’une lancée d’alerte et d’un agent secret dans un environnement complotiste, insurrectionnel et cela raconte beaucoup de choses assez troublantes justement sur l’époque dans laquelle on vit.
« Churchill, Polar Bear Town » d’Annabelle Amoros se passe dans la baie d’Hudson, au nord du Canada, dans une petite ville au bord d’une mer de moins en moins gelée où vivent des ours blancs de moins en moins sauvages qui se rapprochent de plus en plus de ce village. Les habitant·es sont confronté·es aux ours qui sont confrontés aux touristes. Tout en étant drôle, c’est aussi un peu la réflexion sur le réchauffement climatique. Sortie du Fresnoy, le prestigieux Studio national des arts contemporains, Annabelle Amoros a réalisé un très beau travail sur l’image. Avec pour résultat un film narratif et assez contemplatif en même temps.
Même durée 37 mn, mais tout autre sujet, « Grandeur nature » d’Arnaud Dezoteux aborde le sujet des jeux de rôle qui donnent lieu à de grands rassemblements. Plongée dans l’environnement légendaire où les gens se déguisent avec des accoutrements un peu barbares et baroques voire un peu surréalistes, une enquêteuse grimée, elle aussi, essaye de poser des questions pour comprendre ce qui se passe. À la limite du jeu et de l’enquête, les spectateurices se perdent dans l’image. Le trouble est de la partie. Et Patrice Joly de conclure : « C’est déconcertant et le but est atteint. Mais dans la drôlerie, ce n’est pas dramatique du tout. C’est plutôt un festival joyeux dans toutes les interventions. »

 

Attention Deficit Disorder 2023

Chaque soir dès 19H00 – entrée libre, sans réservation dans la limite des places disponibles à la Zoo Galerie, 12 rue Lamoricière à Nantes.
Téléchargez ici le programme de Attention Deficit Disorder

Nantaise de cœur, Caroline sillonne la ville entre concerts et spectacles. Ses autres domaines de prédilection : l'art contemporain, les arts graphiques et le cinéma ! Elle partage avec plaisir ses coups de cœur culturels.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017