13 mars 2020

Au Battle Opsession, lâchez-vous les baskets

Le vendredi 21 et samedi 22 février 2020 se tenait la 16ème édition du Battle Opsession au Lieu unique, événement de danse hip hop international et traditionnelle ouverture du festival Hip Opsession. Dorénavant dédié à la danse en février, il s’est déroulé ce même mois du 20 au 1er mars à Nantes.

Au Battle Opsession, lâchez-vous les baskets

13 Mar 2020

Le vendredi 21 et samedi 22 février 2020 se tenait la 16ème édition du Battle Opsession au Lieu unique, événement de danse hip hop international et traditionnelle ouverture du festival Hip Opsession. Dorénavant dédié à la danse en février, il s’est déroulé ce même mois du 20 au 1er mars à Nantes.

Le vendredi, stand out* 

Le cadran s’approche du chiffre tant attendu : 19h, les portes du Lieu unique n’ont pas fini d’avoir le tournis. Groupes d’ami·e·s, familles, couples affluent tous azimut… A l’intérieur, le bar est plein : de participant·e·s à l’événement, mais aussi de personnes simplement venues s’y retrouver. Ils sont témoins de la symbiose du lieu et de l’atmosphère qui y règne. Cette dernière, électrique aux bonnes ondes que les gens véhiculent en se souriant, en esquissant quelques pas de danse, se propage à tous. On s’interpelle de loin, au détour d’un défi dans les cercles ou autour d’une bière dans les gradins… Tous les styles ont leurs places et quel bonheur, quelle liberté ! 

La danseuse Anais en quart de final House – © CLACK

Dans la salle, le battle commence et chacun·e a pris sa place dans l’arène aménagée à cet effet : assis·e ou debout, prêt·e pour le top départ. Les danseur·euse·s dans l’attente de leur passage s’entraînent dans la deuxième salle pendant que les DJ’s mettent en jambe les premier·ères participant·e·s. C’est vêtu tout confort, ou à l’inverse de leurs plus beaux habits, qu’ils prennent position selon leur discipline : Locking, Popping, House et enfin Hip hop. Tout au long de la soirée, ils vont nous éblouir de leur art, donnant chacun·e une couleur à leur catégorie et reflétant ainsi une palette de styles bien différents. De la funk à la soul, le public va suivre les artistes dans leur créativité et leur énergie, d’un bout à l’autre de la soirée.

*stand out = démarque-toi

Le cinquième juge 

Le public a la possibilité de se restaurer sur place et les boissons ne sont pas en reste. Ainsi revigorés, les spectateur·rice·s sont sur le pied de guerre pour assister au spectacle. La machine une fois lancée, le public se met à l’aise et comprend que sa voix porte, jusqu’à montrer ouvertement ses coups de cœur en appuyant les applaudissements pour leurs favori·te·s. Bien que le jury ait l’entière responsabilité dans le choix du gagnant ou de la gagnante, lors de la décision finale la foule exprime son assentiment ou non pour celle-ci. Une reconnaissance appréciée des danseur·euse·s ayant perdu le battle, mais gagné le cœur du public. 

Une belle énergie dans ce quart de final House, Eva (à gauche) a perdu en demi mais le public le lui a bien rendu.


Dans cette demi-finale Hip hop, Rubix (à gauche) emmène le public avec lui dans son concept (1min20)

Spectatrice venue pour la première fois à la précédente édition, Gwenn L. nous donne ses impressions : “J’avais peur de ne pas m’y connaître assez pour tout comprendre. Pourtant, c’était fluide. Les DJ’s sont top et nous emportent dans le battle avec les danseurs. Bien sûr, on remarque lorsque les participants sont dans la même catégorie, car c’est le même style, pourtant ils se l’approprient chacun d’une manière unique qui m’épate à chaque fois.


En Locking, on remarque que la funk inspire des grooves bien différents, pour le plus grand plaisir du public

Les transats sont à disposition pour profiter du spectacle les pieds en éventail – © Maëva Rioual

Le samedi, les cercles sont plus nombreux dans la deuxième partie de la salle où le spectacle continue.

Le samedi, combo breaker

La soirée du samedi est dédiée au breaking (ou breakdance) avec 3 catégories mises en avant : Top Rock, Bonnie and Clyde (duo femme/homme), 3vs3La compétition se ressent bien plus fortement que lors des battles de danse debout, tout en restant en accord avec les valeurs de respect et de partage du mouvement. Ici, le spectateur à l’impression d’assister à un combat, sans les coups et le sang, mais avec des tricks et de la sueur. Un combat de performances artistiques et physiques, ou chaque personnalité doit se démarquer, chaque corps se dépasser pour remporter la victoire. A la fin, tout le monde est épuisé et les cœurs sont en paix, aucun regret n’est possible. Gwenn nous explique : “J’avais tout de suite voulu revenir l’année d’après, j’ai pu découvrir le break cette fois-ci. Plus impressionnant c’est sûr, mais dans une ambiance différente que les styles de danse “debout”, que j’avais trouvé plus détendu et “ouvert”. Le break est une autre facette de la danse hip-hop avec davantage de force brute dont j’ai aussi beaucoup aimé l’énergie. »

L’édition 2020 a été marquée par des combinaisons toujours plus créatives de la part des crews, Bonnie and Clyde ou 3vs3 (notamment lors de l’affrontement Corée/Russie) qui ont emballé le public et donné une nouvelle intensité aux passages. C’est aussi le moment de montrer sa symbiose et sa marque de fabrique en tant que groupe, au-delà des passages individuels. Le collectif live Slapback a donné le rythme et régalé les danseur·euse·s pour une énergie encore plus limpide et directe, un moment fort du week-end.

 

Passage de la finale Corée/Russie, remportée par la Corée

Oui, la vie est là, dans les sourires de défi précédant le premier passage et dans les sincères accolades de fin, vibrant hommage à ce qui nous anime.

Comme des poissons dans le LU

C’est la passion dans les tripes et la détermination dans les yeux que les protagonistes font vivre leur danse, s’opposant pour mieux se découvrir, se dépassant pour mieux se tester. Plongés dans cet océan de passion, les assauts se font par vague dans le cercle, chacune plus ravageuse que la précédente. La sueur crée des ruisseaux sur les visages et mouille les habits, les gouttes volent au rythme des contractions de muscles. Un silence magistral flotte le temps des passages se fracassant à leur fin, le public s’éveillant telle une marée humaine pour célébrer le travail des danseur·euse·s. 

Un calme puis une tempête pour un résultat qui n’est que plus beau, clamant simplement une envie d’être en vie. Oui, la vie est là, dans les sourires de défi précédant le premier passage et dans les sincères accolades de fin, vibrant hommage à ce qui nous anime. Ils sont ressentis dans les pas de danse ou dans les caissons des enceintes : des moments riches, des moments vrais, comme le hip hop sait en créer. C’est l’addiction à cette folie sereine, à cette fausse quiétude précédent l’effervescence, qui obsède la foule.

Les danseurs Franklin The Wolf et Kashmir D. Leese à la fin de la demi-final House – © CLACK

 

Les prouesses physiques, faisant cheminer la danse hip hop entre compétition et performance artistique, surprennent continuellement et c’est ce qui en fait son caractère unique. En évolution perpétuelle, les danseur·euse·s se dépassent, pousser par les messages de respect et de partage du mouvement.

A la fin de la soirée, le hip hop marque son slogan dans les esprits : peace, love, unity and having fun ! C’est les yeux brillants et le cœur rempli d’une énergie nouvelle que l’on rentre chez soi, ou que l’on se dirige vers l’after : calories dépensées garanties… A 2h lorsque les portes du LU se ferment, les participant·e·s à l’événement ne sont pas prêt·e·s de s’arrêter de groover, l’échauffement ne fait que commencer…

Pour ceux et celles qui n’ont pas pu assister à cette édition, vous êtes prévenus : rendez-vous au prochain Battle Opsession en mars 2021 ! Dans l’attente de l’édition danse, le festival Hip Opsession mettra les musiques hip hop à l’honneur en automne. See you there !*

Restez informé·e·s de la sortie des événements sur le site de l’association : Pick Up Production.

*On se voit là-bas !

© Maëva Rioual

Etudiante en communication, passionnée par les arts et le spectacle vivant. Je danse et j’écris un peu, parfois.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017