18 juillet 2024

Au Grand Bain, une expo sonore pour découvrir l’histoire du lieu

Depuis le 4 juillet, la programmation estivale "Bain de Soleil" du tiers-lieu nantais le Grand Bain propose de nombreuses animations dont une exposition sonore constituée des témoignages de personnes ayant connu les anciens bains douches nantais, depuis la fin des années 1930 à aujourd'hui. Le collectif Globe Conteur, qui s'est chargé de recueillir l'ensemble des témoignages, revient sur la création de ce projet.

Au Grand Bain, une expo sonore pour découvrir l’histoire du lieu

18 Juil 2024

Depuis le 4 juillet, la programmation estivale "Bain de Soleil" du tiers-lieu nantais le Grand Bain propose de nombreuses animations dont une exposition sonore constituée des témoignages de personnes ayant connu les anciens bains douches nantais, depuis la fin des années 1930 à aujourd'hui. Le collectif Globe Conteur, qui s'est chargé de recueillir l'ensemble des témoignages, revient sur la création de ce projet.

A l’instar du Pigeonnier des Dervallières en 2024, le Grand Bain, géré par la coopérative d’activité et d’emploi Ouvre-Boîte, faisait partie des lieux de la ville de Nantes a réinventer en 2023. Depuis début juillet, la structure du quartier des Olivettes a mis en place une exposition sonore dans le cadre de l’îlot festif « Bain de soleil » avec l’aide du collectif Globe Conteur qui oeuvre dans la transmission et la mémoire de l’histoire entre générations. Cette exposition part de la volonté de « retravailler la mémoire de ce lieu, en le faisant de façon citoyenne et collective« , explique Marie Capp, coordinatrice du pôle Histoires et Territoires de l’association Globe Conteur.

Un travail de collecte des témoignages

Afin de recueillir les témoignages le collectif Globe Conteur a entamé depuis octobre 2023 une démarche de collecte au sein du territoire et de formation à la collecte indique Marie Capp, « on a créé un groupe de collecteur·euses ensuite il y a eu tout un parcours pour les amener à collecter et on a fait des animations collectives avec des témoins qui ont connu le lieu« . Pour trouver la vingtaine de témoignages sur l’histoire du lieu, le collectif a notamment publié des appels à témoins dans des journaux, il est aussi allé dans les quartiers et a contacté l’association La Cloche qui aide les personnes en grande précarité. En effet les bains douches étaient autrefois l’un des seuls lieux à Nantes permettant aux sans-abris d’avoir un accès à l’hygiène. « On a aussi fait une action auprès du Wattignies car le bar est ouvert le mercredi matin aux personnes dans la précarité, on est allé prendre contact avec eux pour voir qui voulait témoigner » détaille Marie Capp. Parmi les témoins contactés par les huit collectrices de l’association la coordinatrice nous parle  « d’une dame qui habitait dans les années 1936, au-dessus du Grand Bain, son père était chauffagiste, il s’occupait de la chaudière« . Deux autres collectrices ont également recueilli le témoignage d’une personne qui avait connu les bains douches lorsqu’elle était jeune et en situation de grande précarité, « il n’y avait pas de salle de bain dans son logement et [elle] travaillait à côté du lieu donc [elle] l’utilisait pour se laver une ou deux fois par semaine » nous raconte Marie Capp. En effet, à partir des années 1930 et avec l’arrivée progressive des salles de bain dans les logements, l’utilisation des bains douches devient plus populaire « c’est plutôt les gens en grande précarité qui les utilisaient » détaille la coordinatrice de Globe Conteur.

Des créations sonores réalisées afin de reconstituer l’ambiance de l’époque

Après avoir récupéré l’ensemble des récits récoltés auprès des témoins, l’association le Grand Bain a ensuite fait appel à un créateur sonore et ingénieur du son, Damien Fourcot, pour finaliser l’exposition, « c’est lui qui a réalisé à partir de tous les témoignages dix capsules sonores qui créent cette exposition » explique Marie Capp. Pour permettre aux visiteur·euses de s’immerger dans le passé des anciens bains, l’ingénieur du son a notamment utilisé beaucoup de bruits d’eau afin de reconstituer l’ambiance du lieu. Pour découvrir l’exposition sonore, les visiteur·euses doivent scanner un QRcode apposé sur des carreaux de carrelage des anciens bains du bâtiment, « à partir de ce QR code, vous pouvez écouter toutes les pistes dans l’ordre chronologique qui retracent la vie du Grand Bain » précise la coordinatrice du collectif Globe Conteur. Lors de l’inauguration de l’exposition sonore le 4 juillet, un temps fort était organisé avec les témoins et les collectrices pour découvrir le rendu final du projet, « c’était très émouvant d’avoir tout ce monde, toutes ces personnes qui ont connu le Grand Bain à différentes époques, on pouvait même re-collecter parce que certains racontaient des histoires encore différentes » se souvient Marie Capp. « Maintenant l’idée c’est que pendant tout l’été les gens viennent et profitent peut-être d’un verre au bar puis écoutent l’exposition » conclut-elle.

Infos utiles :

  • Lieu : Le Grand Bain, 20 allée de la Maison Rouge, 44000 Nantes.
  • Dates : Du 4 juillet au 22 septembre 2024.

L'arrivée d'Antoine à Fragil est une suite presque évidente à son parcours, ses rêves et ses passions. Il dégage une sensibilité palpable de par ses mots et ses intonations.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017