« Ça a forgé notre classe », affirme une des élèves qui a participé à la création du média « ADHaine« . Ses camarades la rejoignent, le projet a permis de « souder la classe », révélant une « super cohésion de groupe » au fil des semaines. Entre janvier et avril, une classe de première du lycée de centre-ville nantais a été accompagnée par Fragil. L’association d’éducation aux médias intervient ici grâce à un financement de la DRAC autour d’un projet de création de médias pour lutter contre la haine en ligne. Au programme des six séances de deux heures : réflexion sur les discours de haine en ligne et découverte de la pratique du journalisme à travers la création d’un média collaboratif sur Instagram.
Un outil de prévention efficace
« Ça m’a permis d’aller à des endroits où je ne serais jamais allée », témoigne une élève que le projet a amenée à pousser les portes de l’association nantaise NOSIG, centre d’accueil et d’informations LGBTQI+. En effet, à travers la création d’un média traitant de la lutte contre les discours de haine en ligne, les lycéen·es ont été poussé·es à s’intéresser à des personnes hors de leurs cercles habituels. En rencontrant des livreurs à vélo, des victimes de cyberharcèlement, des journalistes ou encore l’ex-défenseur de l’équipe de France de football Lilian Thuram, les élèves ont apprécié sortir de leur « zone de confort ». Les temps de rencontres organisés en autonomie par les élèves pour réaliser leurs interviews ont bien été perçu comme des temps de « prévention et sensibilisation » selon leurs dires qui permettent d’apprendre « de nouvelles choses sur des thèmes inconnus ».
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Cette liberté laissée aux lycéen·nes a d’ailleurs été perçue de manière positive par de nombreux élèves qui, malgré la « grosse demande d’investissement », ont vu leur « autonomie s’améliorer ».
Une plongée dans la pratique du journalisme
En quelque semaines, la classe a pu produire une dizaine de reportages en mettant en pratique les différents enseignements des ateliers d’initiations journalistiques apportés par Fragil. « Nous avons appris à aller chercher des informations et des contacts », témoigne un élève. En effet chaque groupe a du identifier un sujet en lien avec les discours de haine en ligne, trouver un angle, contacter des sources, réaliser des interviews et mettre en forme son reportage, par l’image, l’écrit ou le son. Cette plongée dans la pratique a donné à « voir ce que sont les enjeux d’un projet de journalisme », synthétise une élève.
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Un groupe conscient de son travail
« Intervention parlante, concrète, motivante », »Un projet qui fait grandir », »amusant à faire », les remarques positives sont nombreuses à l’issue du projet. Au delà de cette satisfaction affichée, les élèves ont aussi été en mesure de trouver des axes d’auto-critiques. Lors de la séance de restitution, l’animateur a proposé aux différents groupes d’identifier ce qui aurait pu être mieux fait. « On a perdu trop de temps à choisir le nom du média » regrette une élève, le manque de « visibilité » du résultat est aussi pointé, tandis qu’une autre se désolera de la « direction artistique nulle » du compte. Ces quelques critiques, aussi sévères soient-elles, montrent à quel point les élèves se sont pris au jeu du projet commun. Et même s’il est peu probable que le compte « ADHaine » survive à l’accompagnement de Fragil, certain·es élèves du groupe ont évoqué, à l’issue du projet, l’idée de réitérer l’expérience de création de média de leur côté.