24 mai 2022

Au Médiacampus, une exposition pour alerter les citoyens sur les Fake News

Ce lundi 23 mai au Médiacampus de Nantes avait lieu la présentation de l’exposition "Fake News : Art, Fiction et Mensonge". Cette dernière est conçue par la fondation EDF, et était présentée à Paris depuis mai 2021. Mais comment les artistes alertent-ils les citoyens sur les Fake News ?

Au Médiacampus, une exposition pour alerter les citoyens sur les Fake News

24 Mai 2022

Ce lundi 23 mai au Médiacampus de Nantes avait lieu la présentation de l’exposition "Fake News : Art, Fiction et Mensonge". Cette dernière est conçue par la fondation EDF, et était présentée à Paris depuis mai 2021. Mais comment les artistes alertent-ils les citoyens sur les Fake News ?

« La guerre en Ukraine a renforcé ce besoin d’informations justes ». Hervé Rivoalen, présent dans le cadre du partenariat entre EDF et l’exposition, pose les bases de cette dernière, et explique son intérêt d’autant plus justifié par rapport à la situation internationale délétère. « Le contexte de cette exposition est un désordre informationnel », surenchérit Laurent Bigot, référent scientifique de l’exposition . Les oeuvres, n’ayant pas a priori de liens forts ni même d’influence sur le traitement de l’actualité, revêtent en réalité un intérêt majeur dans la compréhension du monde. « Les oeuvres vont pouvoir compléter un discours en jouant sur l’émotion », affirme le directeur de l’école de journalisme de Tours.

Analyse du Pizzagate (oeuvre présentée lors de l’exposition : « naissance et diffusion d’une #fakenews »)

L’art pour lutter contre la désinformation

« Il y a manque de données sur les effets d’une fake news », explique Laurent Bigot. Politique de désinformation, économie des « infox », ingérence étrangère…. Pourtant, les effets de la désinformation sont multiples et peuvent causer de graves troubles dans la vie d’un pays démocratique. Contre ces pièges, des artistes s’engagent pour lutter contre ces méfaits. Bill Poster et Daniel Howe, en 2019, montrent bien la facilité de détourner un discours via le Deep Fake, une technique de synthèse multimédia reposant sur l’intelligence artificielle.

 

Exemple de vidéo deep fake

De nombreux exemples de déstabilisations

Une oeuvre présente dans l’exposition revient sur la campagne présidentielle américaine de 2016, le « pizzagate » avait sérieusement bousculé Hillary Clinton. Le « pizzagate » était une théorie conspirationniste prétendant qu’il existe un réseau pédophile dirigé par des proches d’Hillary Clinton dans les sous-sols d’une pizzeria de Washington. La désinformation peut donc avoir des effets dramatiques sur une personne, puisque même « débunker », c’est qu’une preuve de la fausseté d’une information est apportée, une fake news peut rester délétère dans la réputation. L’exposition «  Fake News : Art, fiction et mensonge » se déroulera jusqu’à fin 2023 au Médiacampus, et se déplacera en itinérance dans les collèges qui en feront la demande.

De nombreuses personnes s’étaient déplacés pour ce vernissage

https://sciencescom.audencia.com/mediacampus/

https://www.clemi.fr/fr/evenements/operations-speciales/exposition-fake-news-art-fiction-mensonge.html

https://fondation.edf.com/

https://www.epjt.fr

https://sciencescom.audencia.com/mediacampus/

Intéressé par l'actualité et passionné des relations humaines. Thomas est contributeur chez Fragil et participe à des ateliers d'éducation aux médias

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017