Ne lui dites pas qu’il est le fils spirituel de Django Reinhardt et que vous adorez sa musique aux accents tzigane. Sanseverino a quitté les Voleurs de Poule, l’un de ses premiers groupes, depuis plus de 20 ans et il s’est essayé depuis au tango, à la country, au bluegrass, à François Béranger, Eddy Mitchell, Bourvil et bien d’autres répertoires.
En revanche, il n’a rien perdu de sa malice et de sa dérision pour écrire des chansons décalées sur l’actualité du moment, un fil conducteur qui remonte à ses débuts clownesques dans le théâtre de rue.
Les deux doigts dans la prise
La preuve, le titre de son dernier album, le 13ème : les deux doigts dans la prise, un appel à lâcher prise, à garder l’esprit ouvert, à rester vivant. Un petit électrochoc pour remettre ses idées en place, se décoincer, réagir «comme le font les pompiers pour remettre en marche un cœur qui s’est arrêté» nous raconte-t-il.
Au MEDEF, on est bien
Bien sûr, il faut prendre ces paroles au second degré comme cette autre chanson au refrain un brin ironique : «au MEDEF, on est bien» et de citer des exemples qui ont le goût du vécu : «on pratique ensemble le polo» ou encore «la solidarité et l’entraide sont de beaux atouts». Vous l’aurez compris. Sanseverino se moque de ces patrons qui ne sont préoccupés selon lui qu’à «gagner de la tune».
«S’ils étaient là pour rendre les gens heureux, ça se saurait» nous explique-t-il. «Ils donneraient des sous pour construire des logements. Symboliquement, ce serait un acte fort».
Je n’en veux pas
Même coup de gueule lorsqu’il lance dans une autre chanson . «Le compteur Linky, je n’en veux pas». Areva, EDF, BP, Beyer, Monsento, il n’en veut pas non plus d’ailleurs. «Eux, quand ils donnent de l’argent, c’est pour redorer leur blasons» se justifie-t-il lors de notre échange.
Mais n’allez pas croire que Sanseverino est devenu un chanteur contestataire. Il a bien des convictions écologistes mais pour rien au monde, il ne se lancerait en politique. Ce touche-à-tout fantasque et baroudeur préfère garder sa liberté de penser et mettre dans ses chansons son regard espiègle sur le monde et son époque.
Moi, moi, moi
Ainsi n’hésite-t-il pas à décrire les travers du show-biz avec sa chanson «Moi, moi, moi» où il parodie les artistes narcissiques qui selon lui «ne pensent qu’à eux-mêmes et leurs petites affaires». «Moi, ma gueule, myself» raconte la chanson. «Moi, mon loft, mes likes, moi, moi, moi, tout simplement».
Sanseverino se défend d’appartenir à ce milieu business. «J’ai quitté Sony. Je suis produit par une petite maison de disque indépendante et ça me va très bien» nous indique-t-il avant d’ajouter : «Je ne cours pas après les émissions de télé qui font de l’audience. Quand j’y suis invité, je ne suis pas à l’aise».
A moi de séduire le public
De fait, Sanseverino tourne plus dans les petites salles ou les bars, là où il peut échanger avec le public, un public qui ne lui est pas toujours acquis d’ailleurs. «Les gens qui viennent m’écouter ne sont pas forcément d’accord avec ce que j’écris» nous confie-t-il. «Et tant mieux d’ailleurs, c’est à moi de les séduire».
Et ce qui séduit en général, c’est le personnage fantasque, loufoque, inclassable et sa musique du même acabit : rigolote, bouffone, cabotine.
«Sur scène, j’aime bien m’amuser» avoue-t-il. «Mais à la maison, je ne suis pas un déconneur. Je ne vais pas me déguiser avec un masque de Mitterrand à Halloween pour faire peur à mes enfants».
Sanseverino : un boulimique
En réalité, Sanseverino est un boulimique toujours à l’affût de nouvelles découvertes. Il apprend la guitare en autodidacte en regardant les autres jouer puis il trouve son style très particulier, un mélange de nombreuses influences mais avec une signature, celle d’un artiste attachant, passionné, anticonformiste.
Sanseverino, à voir à La Bouche d’Air, le 5 avril à 20h30. Il sera accompagné par Stéphane Huchard à la batterie et François Puyalto à la basse.