Le 14 janvier dernier, le Cinématographe diffusait le documentaire Béziers l’envers du décor. Dépeignant le quotidien des habitant·es de cette ville du Sud marquée par la politique d’extrême droite du maire Robert Ménard depuis 2014, ce documentaire était programmé dans le cadre de « Faire Front », une sélection de films et de documentaires pour regarder ce que le racisme a produit et continue de produire lorsqu’on lui donne les clés.
« Faire Front »
« Créé depuis la rentrée en réaction aux élections de l’été suite à la recrudescence de l’extrême-droite » comme l’explique Emmanuel Gibouleau, directeur de l’association Cinématographe, ce nouveau rendez-vous s’ajoute à d’autres cases de programmation de ce lieu comme « La séance ciné supp », « Le cinéma des enfants » ou la « Loi du genre ». Une façon d’apporter sa « pierre au combat contre l’extrême-droite », pour ce cinéma associatif et son directeur, salarié depuis 2004 dans celui-ci. « Démontrer ce qu’est l’extrême droite, donc le Rassemblement National et avant ça le Front National et tous leurs petits copains », voici ce qu’espère faire celui qui était bénévole au Cinématographe avant même son ouverture avec Faire Front. Le tout en montrant « les origines et ce que produit » l’extrême-droite.
Ayant pour l’instant seulement diffusé les films français Jeux de rôles à Carpentras, La Cravate et Béziers, l’envers du décor, Emmanuel Gibouleau ne s’interdit pas non plus de traverser les frontières en montrant « ce que produit l’extrême droite dans d’autres pays » comme en Italie ou en Argentine.
Un engagement inhérent au Cinématographe
Un rendez-vous qui témoigne de l’engagement de cette association dédiée au 7e art, « une philosophie qui a pris racine dans le mouvement de l’éducation populaire par les fondateurs du projet, post 68 », pour son directeur. Une « philosophie toujours présente » d’ailleurs dans ce cinéma selon celui pour qui travailler dans le monde des arts et de la culture rime avec « action politique ». Autres exemples du militantisme du Cinématographe, sa participation au festival « L’Iran en révolution » l’année dernière, ses ateliers d’éducation à l’image ou encore sa collaboration de toujours avec le festival La Semaine du Film Palestinien qui a lieu actuellement jusqu’au 9 février.
« Faire Front » continue
Prochain rendez-vous le 3 mars à 20h30 où 7 courts métrages seront diffusés dans le cadre de « Faire Front ». Abordant aussi bien la France sous Vichy que l’apartheid en Cisjordanie, cette séance sera suivie d’un échange avec un historien.
Sera diffusé dans les mois suivants, Le Chagrin et la pitié de Marcel Ophüls. Une oeuvre qu’Emmanuel Gibouleau décrit comme « un super documentaire sur la collaboration qui a fait scandale à l’époque parce que c’était le premier film à montrer que la France n’était pas un pays de résistants mais que la majorité était plutôt des collabos plus ou moins actifs ».
Une programmation avec laquelle il espère montrer qu’une fois l’extrême droite au pouvoir « c’est pas facile de s’en dégager » et ainsi « créer des parallèles » avec l’actualité.