30 janvier 2025

Avec « Faire Front », le Cinématographe s’engage contre l’extrême droite

Le 14 janvier, le Cinématographe diffusait le documentaire "Béziers l'envers du décor" dans le cadre de "Faire Front", une sélection de films et de documentaires engagés contre les idées d'extrême-droite. Créé suite aux dernières élections et la "recrudescence de l'extrême droite", ce rendez-vous illustre de nouveau l'engagement politique de ce cinéma associatif.

Avec « Faire Front », le Cinématographe s’engage contre l’extrême droite

30 Jan 2025

Le 14 janvier, le Cinématographe diffusait le documentaire "Béziers l'envers du décor" dans le cadre de "Faire Front", une sélection de films et de documentaires engagés contre les idées d'extrême-droite. Créé suite aux dernières élections et la "recrudescence de l'extrême droite", ce rendez-vous illustre de nouveau l'engagement politique de ce cinéma associatif.

Le 14 janvier dernier, le Cinématographe diffusait le documentaire Béziers l’envers du décor. Dépeignant le quotidien des habitant·es de cette ville du Sud marquée par la politique d’extrême droite du maire Robert Ménard depuis 2014, ce documentaire était programmé dans le cadre de « Faire Front », une sélection de films et de documentaires pour regarder ce que le racisme a produit et continue de produire lorsqu’on lui donne les clés.

« Faire Front »

« Créé depuis la rentrée en réaction aux élections de l’été suite à la recrudescence de l’extrême-droite » comme l’explique Emmanuel Gibouleau, directeur de l’association Cinématographe, ce nouveau rendez-vous s’ajoute à d’autres cases de programmation de ce lieu comme « La séance ciné supp », « Le cinéma des enfants » ou la « Loi du genre ». Une façon d’apporter sa « pierre au combat contre l’extrême-droite », pour ce cinéma associatif et son directeur, salarié depuis 2004 dans celui-ci. « Démontrer ce qu’est l’extrême droite, donc le Rassemblement National et avant ça le Front National et tous leurs petits copains », voici ce qu’espère faire celui qui était bénévole au Cinématographe avant même son ouverture avec Faire Front. Le tout en montrant « les origines et ce que produit » l’extrême-droite.

Ayant pour l’instant seulement diffusé les films français Jeux de rôles à Carpentras, La Cravate et Béziers, l’envers du décor, Emmanuel Gibouleau ne s’interdit pas non plus de traverser les frontières en montrant « ce que produit l’extrême droite dans d’autres pays » comme en Italie ou en Argentine.

Emmanuel Gibouleau, aux locaux du Cinématographe. 17/01/2025

Un engagement inhérent au Cinématographe

Un rendez-vous qui témoigne de l’engagement de cette association dédiée au 7e art, « une philosophie qui a pris racine dans le mouvement de l’éducation populaire par les fondateurs du projet, post 68 », pour son directeur. Une « philosophie toujours présente » d’ailleurs dans ce cinéma selon celui pour qui travailler dans le monde des arts et de la culture rime avec « action politique ». Autres exemples du militantisme du Cinématographe, sa participation au festival « L’Iran en révolution » l’année dernière, ses ateliers d’éducation à l’image ou encore sa collaboration de toujours avec le festival La Semaine du Film Palestinien qui a lieu actuellement jusqu’au 9 février.

« Faire Front » continue

Prochain rendez-vous le 3 mars à 20h30 où 7 courts métrages seront diffusés dans le cadre de « Faire Front ». Abordant aussi bien la France sous Vichy que l’apartheid en Cisjordanie, cette séance sera suivie d’un échange avec un historien.

Sera diffusé dans les mois suivants, Le Chagrin et la pitié de Marcel Ophüls. Une oeuvre qu’Emmanuel Gibouleau décrit comme « un super documentaire sur la collaboration qui a fait scandale à l’époque parce que c’était le premier film à montrer que la France n’était pas un pays de résistants mais que la majorité était plutôt des collabos plus ou moins actifs ».

Une programmation avec laquelle il espère montrer qu’une fois l’extrême droite au pouvoir « c’est pas facile de s’en dégager » et ainsi « créer des parallèles » avec l’actualité.

Numa, originaire de Rezé, entretient un lien indéfectible avec Nantes, sa ville natale. Amateur de sport, il vibre au rythme du FC Nantes à la Beaujoire. Sa passion pour la culture se nourrit grâce aux manifestations culturelles nantaises tel que, le Festival des Utopiales. Nantes est pour lui une source inépuisable d'inspiration et de découvertes.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017