10 octobre 2024

Bastien : La curiosité et l’amitié comme maîtres-mots

Rendez-vous avec Bastien dans un café du centre-ville. Il fait nuit et il pleut, mais son énergie solaire et chaleureuse nous fait vite oublier la météo capricieuse. Il ne dément pas la rumeur : les gens du nord ont le soleil dans le cœur !

Bastien : La curiosité et l’amitié comme maîtres-mots

10 Oct 2024

Rendez-vous avec Bastien dans un café du centre-ville. Il fait nuit et il pleut, mais son énergie solaire et chaleureuse nous fait vite oublier la météo capricieuse. Il ne dément pas la rumeur : les gens du nord ont le soleil dans le cœur !

Bastien, 29 ans, est Nantais d’adoption. Originaire de Normandie, il grandit dans le vignoble nantais avant de poser ses valises au cœur de la ville il y a 7 ans. Après un passage en école de médecine, une année en STAPS et plusieurs petits boulots, il se dirige vers une licence puis un master en géologie. Déjà, son cheminement personnel et sa verve nous révèlent une personnalité engagée et passionnée par le vivant.

Aujourd’hui cartographe, ses aspirations ne sont jamais déconnectées de l’humain. Ce qu’il aime notamment dans son métier, c’est la possibilité de pouvoir « rendre accessible à tous » la complexité du monde. On ressent chez lui une volonté de transmission et il songe d’ailleurs à s’investir plus tard dans la vulgarisation scientifique.

Le cœur à l’échange

Le partage demeure son fil rouge. Sa vie nantaise se tisse autour de moments conviviaux : refaire le monde avec des ami·e·s autour d’une bière au Brady’s, se lier dans les joyeuses énergies de la nuit ou s’investir dans des associations. Pour lui, rien ne vaut un moment partagé. Depuis quelques années, il a rejoint l’association FA7, montée il y a 3 ans. L’objectif : organiser des soirées pour se rassembler.

D’un naturel ouvert et curieux, il ressent aussi fréquemment un besoin de renouveau. C’est porté par cet élan qu’il a poussé les portes de Fragil en 2023. Déjà bien ancré dans la ville, il n’a pas voulu laisser s’installer le sentiment de frustration d’en avoir fait le tour. Ne se sentant pourtant pas prédestiné à l’écriture, ce besoin de nouveauté et de sans cesse élargir son regard sur les autres et sur le monde lui fait découvrir une nouvelle passion : le journalisme.

Depuis toujours féru d’actualités et passionné par la politique et la géopolitique, sa vie nantaise est aujourd’hui rythmée par son entrée dans ce monde. Il me raconte sa rencontre inattendue et marquante avec Paul Watson lors de l’Ocean Fest au Zénith de Nantes, ses discussions avec des agriculteurs lors des blocages début 2024, ou encore l’interview de Martin Geoffre, cofondateur et administrateur du collectif Sweatlodge.

« Mon rapport au milieu festif a évolué avec les Sweatlodge »

D’ailleurs, quand il réfléchit à son évènement le plus marquant à Nantes, c’est vers les soirées Sweatlodge que ses pensées se dirigent : « Ça changeait des soirées garage chez les uns et chez les autres ! Mon rapport au milieu festif a évolué avec les Sweatlodge ». Après une adolescence à la campagne, il découvre cet univers magique où les vibrations de la techno se mélangent aux scénographies luxuriantes et où la fête se joue et se déjoue dans une lumineuse effervescence. Il y découvre une nouvelle manière d’aborder et de vivre le monde de la nuit, la possibilité d’être soi-même mais aussi d’aborder la fête comme un jeu où l’on peut s’inventer et se réinventer, le temps d’une nuit ou d’un weekend.

Partir pour mieux revenir

Depuis quelques temps, c’est animé par une envie de changement qu’il songe à une nouvelle aventure professionnelle, dans un autre pays. « Pas en France ! Parce que si j’habitais dans une autre ville, je ne pourrais pas m’empêcher de la comparer à Nantes ».  S’il part, il sait déjà qu’il reviendra, profondément attaché à la richesse à la fois culturelle et humaine qu’il y trouve, mais aussi à la beauté et à la diversité des paysages.

En attendant, en sortant de sa zone de confort et en continuant à arpenter la ville les yeux grands ouverts, il essaye d’aborder chaque jour comme un nouveau voyage. Et apparemment, Nantes « la ville aux multiples facettes » le lui rend bien.

Charlotte s’est retrouvée chez Fragil afin de redécouvrir Nantes d’une autre façon et de se remettre à l’écriture, tout en satisfaisant sa curiosité pour les divers domaines dont elle compte couvrir l’actualité.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017