« Parmi la programmation Télérama, il y a des films qui ont fait beaucoup d’entrées, et des entrées assez inattendues », explique Maureen, médiatrice auprès des publics au cinéma Le Concorde. Si depuis 27 ans, le festival organisé par le magazine et l’AFCAE (Association française des cinémas d’art et d’essai) propose un temps en janvier pour mettre en avant 15 films d’art et essai de l’année passée, la particularité de cette édition est que ces films ont déjà réussi à trouver leur public courant 2024.
Emilia Pérez, La zone d’intérêt, The Substance… Le Concorde et le Katorza, deux cinémas d’art et essai accueillant le festival à Nantes, confirment cet engouement : « Cette année il y a des films qui sont un peu sortis de l’ordinaire sur les succès public ».
Une programmation qui fait consensus
« C’est la rédaction de Télérama avec l’AFCAE qui choisit les 15 films de la programmation, et les salles s’engagent à en passer au moins 7 », détaille Caroline Grimault, directrice du Katorza. Avec le Concorde, les deux cinémas d’art et essai ont donc eu la liberté de se répartir les différentes productions de l’année écoulée. Une liberté aussi de diffusion au choix parmi 5 avant-premières : Pour le Katorza, ce sera Mon gâteau préféré et A real pain ; et pour le Concorde, L’Attachement.
Les choix du magazine semblent plutôt en accord avec les goûts des deux cinémas nantais : « On a fait un top 5 de l’équipe en fin d’année », raconte la directrice du Katorza, « et les films qui revenaient le plus c’était Flow, The Substance et La zone d’intérêt »… Soit des films justement proposés par le festival. Elle nuance cependant, regrettant « qu’il n’y ait pas un film [qu’elle] aime beaucoup à titre personnel, Santosh ».
Le Concorde valide également la programmation : « Les Graines du figuier sauvage, ça fait partie des coups de cœur de l’équipe, […] et L’histoire de Souleymane, c’est un film qu’on est contents de repasser parce qu’il est complètement dans ce qu’on aime proposer : du cinéma qui aide à comprendre ce qu’il se passe politiquement dans notre monde. ». L’équipe du cinéma ayant organisé plusieurs rencontres avec le réalisateur Gilles Perret, Maureen Beaumont confie aussi qu’iels « auraient eu plaisir à repasser » un de ses films comme Au Boulot! ou La ferme des Bertrand.
Le cinéma d’art et essai : un modèle « qui fonctionne »
Sans même parler des récompenses raflées par Emilia Pérez aux Golden Globes récemment, cette programmation évoque un constat sans appel : « Cette année, ça a quand même été un bon cru pour les films d’art et essai », notamment français, sourit la médiatrice auprès des publics du Concorde.
Ce succès, « c’est une réalité et non un choix », rationalise Caroline Grimault. « L’histoire de Souleymane, Les Graines du Figuier Sauvage et même La zone d’intérêt, c’était inespéré que ça marche, et c’est juste génial », se félicite-t-elle, ajoutant que « ces 3 films ont dépassé les 500 000 entrées en France, et c’est vraiment quelque chose auquel on aurait pas pensé même avant le Covid ». Maureen Beaumont confirme, étonnée « des surprises de la sélection, notamment Flow, qui est un succès ‘ovni’ étant donné que c’est un film sans dialogues ».
La directrice du Katorza reconnaît en ces chiffres « un fonctionnement du modèle du production français, issu du Conseil National de la Résistance et basé sur une redistribution des ressources avec le CNC [Centre national du cinéma, ndlr.] ». En effet, en France, une partie des recettes de chaque film sert à financer et soutenir la création d’autres productions. Cela permet donc de faire vivre les 10 000 salles de cinéma en France, dont 1 200 classées art et essai. « Et à Nantes, on a la chance d’en avoir 4 ! », souligne-t-elle en mentionnant aussi le cinéma Bonne Garde et le Cinématographe.
Du côté du Concorde, Maureen Beaumont tente d’expliquer cette hausse de fréquentation dans les salles de cinéma par les circonstances de sortie des films, par exemple pour la cas particulier des Graines du figuier sauvage, car « le réalisateur a réalisé son film en Iran [au centre des actualités ces derniers mois, ndlr.] puis a fui en Allemagne », ou encore pour L’histoire du Souleymane, abordant la précarité d’un livreur sans-papiers : « c’est un sujet politique qui occupe beaucoup de gens. L’immigration, on en parle beaucoup, mais peu de ce côté-là. ». Selon elle, ce serait donc le lien avec l’actualité qui justifierait l’intérêt du public pour ce type de films.
Films donc à voir (ou revoir) du 22 au 28 janvier au Concorde et au Katorza à Nantes « pour que les gens qui n’ont pas eu le temps de les découvrir les voient en salle plutôt que chez eux », conclut la médiatrice du Concorde.
Infos pratiques
- Du 22 au 28 janvier
- Programmation du Katorza
- Programmation du Concorde
- Tarif préférentiel avec le pass Télérama (à retrouver dans le magazine ou sur le site)