Une première pour l’équipe de l’association Fragil. À l’entrée de la salle principale du centre socioculturel de Bellevue, des grands panneaux métalliques ont étés installés pour afficher les opinions des ados qui déambuleront toute la journée. Organisée par l’Accoord à destination des jeunes que l’association d’éducation populaire encadre, cette journée de découverte et de prévention autour du numérique permet aux ados de s’initier à la programmation et au code avec de la robotique et Minecraft, de découvrir les joies du rétrogaming ou encore de réfléchir aux enjeux du numérique. C’est sur cette dernière thématique que Fragil a décidé d’intervenir en s’appuyant pour la première fois sur l’outil de « porteur de paroles ».
Au milieu des jeux vidéos : des discussions
Tout au long de la journée, deux salarié·es de Fragil se sont relayé·es pour entamer la discussion avec les adolescent·es autour de deux phrases qu’ils et elles étaient invité·es à compléter : « les réseaux sociaux sont une bonne chose parce que… » et « les réseaux sociaux sont une mauvaise chose parce que… ». Parfois un peu réticent·es à prendre du temps pour discuter au premier abord, la concurrence avec les consoles de jeu mises à disposition étant féroce, les ados auront toutefois des choses à dire pour défendre leurs opinions sur les réseaux sociaux. À l’issue de la journée, une cinquantaine de témoignages ont été recueillis auprès des 120 jeunes présent·es et de leurs encadrant·es.
Les réseaux sociaux comme remède à l’ennui, mais pas que
Il est intéressant de souligner la récurrence de l’argument du palliatif à l’ennui utilisé par les ados interrogé·es pour défendre les réseaux sociaux :
« On s’amuse, on ne s’ennuie pas, on regarde des vidéos. Sans les réseaux on s’ennuierait beaucoup plus » Enzo, 14ans
« Ça fait passer le temps en attendant la fin de la journée » Ayden, 12 ans
« Les réseaux c’est bien, quand je m’ennuie je vais sur TikTok » Mouad, 12 ans
Au delà de lutter contre l’ennui, les ados plébiscitent les réseaux sociaux pour ce qu’ils permettent de découvrir, ou de faire voyager :
« Les réseaux c’est toute ma vie, ça me fait sortir de la réalité » Yasmine, 15 ans
« Les réseaux ça permet de faire plein de choses : rigoler, découvrir, passer le temps, s’amuser… » Bilel, 14 ans
Les réseaux permettent aussi de rassembler :
« Ça peut servir pour les associations, aider les assos pour la santé et le handicap par exemple, récolter de l’argent ! » Amira, 13ans
« Les réseaux ça dessert les individus mais ça sert les communautés ! » Meindert, 27 ans
« On peut se faire des amies, discuter avec des proches qui habitent loin » Léa, 15 ans
Des limites bien assimilées par les jeunes
Contrairement aux idées reçues, lorsqu’il s’agit de critiquer les réseaux sociaux, les ados ne sont pas avares d’arguments. Les risques liés au cyberharcèlement sont régulièrement cités :
« Les réseaux amènent de la moquerie, des mensonges, du harcèlement, de l’irrespect… » Abdou, 12 ans
« On peut se faire harceler, on peut avoir notre localisation et c’est dangereux à cause des gens malhonnêtes » Lylou, 11 ans
« Il y a plus de négatif que de positif, il peut y avoir des rumeurs fausses sur toi » Lisa, 12 ans
Instagram, TikTok et consorts sont aussi ressentis comme des outils favorisant la sensation de perte de temps :
« On est asphyxiés par les réseaux, donc on passe moins de temps dehors » Maureen, 11 ans
« Quand on est accro, ça nous déconnecte du monde. Ça nous empêche de profiter de nos proches. Ça nous fait nous coucher tard, même si on a cours le lendemain. » Seynabou, 13 ans
Les impacts sur les comportements individuels sont aussi pointés par les jeunes
« Ça pousse à la consommation, à cause de l’influence » Lyna, 10 ans
« Ça pousse à se comparer tout le temps aux autres » Meriem,10 ans