9 octobre 2024

Camille : partir pour mieux revenir

Nouvelle plume de Fragil, Camille est une récente néo-nantaise. Attablée à deux pas du Canal Saint-Félix, elle revient sur son parcours là où l’Erdre se mêle à la Loire. Portrait.

Camille : partir pour mieux revenir

09 Oct 2024

Nouvelle plume de Fragil, Camille est une récente néo-nantaise. Attablée à deux pas du Canal Saint-Félix, elle revient sur son parcours là où l’Erdre se mêle à la Loire. Portrait.

En terrasse du Lieu unique , Camille est dans son élément. Dans deux heures, elle embauchera au bar de cette institution nantaise. En attendant, elle discute, dépanne une roulée à un type en galère et quelques pièces qu’elle va chercher au fond de son sac… L’écoute est attentive, la parole directe, le regard franc.

A 22 ans, Camille revient sur son lien avec Nantes. « Je me pensais l’âme vagabonde et en fait, pas tant que ça. C’est pendant un job dans les Alpes que le déclic s’est produit : ma région me manquait. En partant, j’ai compris que je reviendrai vivre ici. »

Choletaise d’origine, Camille quitte sa ville natale à 18 ans, multiplie les allers-retours entre Cholet, Nantes et Rennes. Elle suit des études dans le social (monitrice-éducatrice), travaille en internat, enchaîne les contrats dans les bars. « Ça n’a pas toujours été facile mais maintenant j’ai un nouveau projet : devenir monteuse vidéo ». Nantes est désormais son QG avec à la clé une formation à Arinfo.p

Photographe qui trouve son bonheur dans les ruelles du Bouffay et Trentemoult, Camille voit dans sa ville un formidable terrain de jeu pour les arts visuels. Spectatrice du Katorza, elle dévore les soirées festives des bords de l’Erdre côté Lieu unique, Drôle de barge et Petit baigneur. Fan d’électro, elle chauffe aussi son cardio au CO2. C’est tout ce dynamisme culturel et festif qui a séduit notre néo-nantaise.

Difficile pour Camille de trouver des défauts à sa ville adoptive. Mais le sujet s’invite quand même : l’insécurité. Si elle admet faire attention, elle nuance rapidement : « en fait, c’est plus un sentiment. Il ne m’est jamais rien arrivé mais il y a de sales histoires et beaucoup de rumeurs sur Insta. Ça peut faire flipper. »

On pourrait rester encore longtemps à cette terrasse, Nantes offrant son lot de badauds et d’histoires au pied de la tour Lefevre-Utile. Mais c’est l’heure de quitter Camille. Plus que quelques minutes avant le début du service et une nouvelle soirée en préparation.

Un temps journaliste, roule aujourd'hui pour l'Information Jeunesse... Enseigne à droite, à gauche. Membre du CA de Fragil. #Medias #EMI #hiphop #jazz et plein d'autres #

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017