10 juin 2024

Chat noir Chat blanc + Bengal, une expo pas banale !

Tout au long du mois de juin, vous pouvez découvrir au CafK la première exposition commune de Margaux et Antoine, deux artistes nantais·e·s. Le thème de celle-ci, "Le verre à moitié" (complétez selon votre humeur du moment) laisse les pensées des spectateur·rice·s vagabonder au gré des œuvres. Pour Fragil, retour sur la conception de cette expo.

Chat noir Chat blanc + Bengal, une expo pas banale !

10 Juin 2024

Tout au long du mois de juin, vous pouvez découvrir au CafK la première exposition commune de Margaux et Antoine, deux artistes nantais·e·s. Le thème de celle-ci, "Le verre à moitié" (complétez selon votre humeur du moment) laisse les pensées des spectateur·rice·s vagabonder au gré des œuvres. Pour Fragil, retour sur la conception de cette expo.

C’est au shop l’Enfant Sage, niché au milieu de la rue Léon Jamin, que m’accueillent Margaux et Antoine. C’est bientôt l’heure du goûter, mais j’ai surtout faim d’infos à me mettre sous la dent ! En effet, les deux artistes, connus sous les noms de scène de Chat noir Chat blanc pour Margaux et Bengal pour Antoine sont là pour me parler de leur première exposition commune : « Le verre à moitié ». Mais avant de parler de cette expo au nom qui m’apparaît intrigant, présentons d’abord nos deux protagonistes !

Antoine, alias Bengal et Margaux aka Chat noir Chat blanc

Margaux (qui est également l’une des rédactrices de Fragil), était, dans une vie pas si lointaine, éditrice de livres jeunesse à Paris. Promouvoir le travail des illustrateur·rice·s qu’elle accompagnait a fini par lui donner l’envie de construire son propre projet autour de l’illustration : « Je fais plutôt du strip et de la BD. Je souhaitais envoyer mes manuscrits à des maisons d’édition pour être publiée, et ce projet est en train de se concrétiser ! ». Nantaise depuis 1 an, Margaux vend aussi ses illustrations sur des marchés de créateur·rice.s ou dans des boutiques comme la librairie HAB.

Antoine, également nantais d’adoption, a quant à lui un parcours axé sur le graphisme ainsi qu’une formation de sérigraphe, avec en parallèle une vie associative bien remplie : « mes passages à Pol-n et dans l’asso Les Slips de Papa m’ont permis de rencontrer beaucoup de monde et de participer à énormément d’évènements ». En 2017, il débute le tatouage : « c’était l’époque où le domaine s’ouvrait à l’illustration et où il y avait encore un peu de place dans le métier ». Aujourd’hui, c’est devenu son activité principale, qu’il pratique au shop L’Enfant Sage.

Pièces de l’exposition imprimées en risographie

Présentations faites, venons en au sujet de cet article :  leur exposition commune ! Une invitation de Célia, du CafK, est à l’origine du projet. « Le CafK est un lieu nantais mythique avec une vraie programmation, mais aussi atypique pour une expo car c’est un bar où il y a peu de lumière ! » Le thème est rapidement trouvé, les deux artistes s’accordent sur l’ambivalence : « Dans nos vies, Antoine est assez positif, moi c’est plutôt le contraire, les gens sont habitués à des personnages plutôt pathétiques dans mes strips et on voulait explorer cette nuance qu’il y a dans la vie, qui en réalité est bien plus complexe que ça… »

« Le thème, c’était presque autobiographique ! »

Commence alors la confrontation graphique de deux univers : si Antoine parle d’une volonté de parfois se répondre dans les images, Margaux souligne que chacun·e restait indépendant·e sur ses propres productions. Cette collaboration fut prolifique : près de 40 œuvres sont visibles au CafK ! Certaines ont été réalisées à quatre mains comme les sérigraphies, d’autres chacun·e dans leur coin, avec leur univers respectif. Les deux artistes se sont donné un mois pour produire ces œuvres inédites, « c’est court pour faire 40 prods, mais ça nous a permis de nous challenger toustes les deux » analyse Antoine. Un travail énorme expliqué par leur envie commune : « on voulait proposer quelque chose de complètement nouveau, n’accrocher que des pièces originales pour cette expo ».

Margaux, Antoine, et deux de leurs productions graphiques

Le travail à deux n’a pas toujours été de tout repos : « j’ai beaucoup gueulé pendant celle-là » se remémore Antoine lorsque Margaux pose sur la table la sérigraphie « Jour de pluie ». En effet, si elle est habituée à dessiner dans des cases, lui, plus à l’aise sur de grands formats, s’est senti un peu limité par le côté « strip » de cette œuvre : « moi j’avais mes images candido-poétiques en tête et Margaux avait déjà les textes de ses strips ! ». Les deux artistes ont principalement travaillé sur tablette pour cette exposition, se passant l’outil chacun·e leur tour. Ainsi pour « La Piscine », Antoine s’est occupé du décor, Margaux des personnages, et pour « Les Jardiniers » « chacun apportait un élément à tour de rôle ».

« C’est une sacrée charge, on n’en pouvait plus à la fin, du coup hier on a été à la mer… »

« On n’avait rien commencé que c’était déjà compliqué au niveau de la conception de l’affiche, avec l’ego… Quel nom on met en premier ? » rigolent les deux illustrateur·rice·s. L’impression de leurs œuvres collaboratives en sérigraphie (une technique s’approchant du pochoir) n’a pas été plus tendre avec elleux, et Margaux concède « le premier jour j’ai vraiment cru qu’on allait abandonner », « la sérigraphie c’est toujours du stress ! » confirme Antoine.

Margaux, Antoine et le « passe-tête » du vernissage

Depuis l’idée de l’exposition, sa conception numérique jusqu’à la sérigraphie, les deux artistes ont en effet tout réalisé par elleux-mêmes (hormis l’impression numérique et la risographie), y compris un passe-tête artisanal qui a connu un franc succès le jour du vernissage « on voulait absolument produire un truc dont on est vraiment fier·ère·s, le processus de concevoir l’expo était peut-être même presque plus intéressant que l’exposition en elle-même ! »

« Quand tu taffes 1 mois sur un truc tu ne peux plus le voir à la fin ! »

Tout ce travail de conception ainsi que les galères qui l’ont accompagné leur fait dire avec philosophie que la boucle est bouclée : « La finalité c’est qu’on a été positif·ve·s à des moments, négatif·ve·s à d’autres, tout est nuancé, mais on arrive à un truc dont on est vraiment content·e·s… tout en voyant ce qu’on aurait pu améliorer ! On voit quand même finalement le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide ! »

 

Le dévernissage du « Verre à moitié » aura lieu le 29 juin, d’ici là, foncez au CafK – 2 Rue Bossuet à Nantes !

Vous pourrez prochainement retrouver Margaux au festival créatif L’art de Faire à Bressuire, au mois de juillet ; et Antoine, tout au long de l’année, au sein de son shop L’Enfant Sage à Nantes.

Philanthrope made in Saint-Nazaire n’hésitant pas à réinventer sa vie, Florent est prêt à défier les conventions pour une vie plus enrichissante. Et ce sont ses passions et son engagement social qui vont l’accompagner dans cette aventure.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017