4 novembre 2024

« Chevaliers », l’exposition Pop Culture du château des Ducs de Bretagne

Plus de 150 objets originaux, de la Renaissance et du Moyen Âge, reflets de l'une des plus belles collections européennes et extra-européennes en la matière, sont présentés pour la première fois en France. Une exposition anthropologique qui questionne l'imaginaire de la chevalerie, encore présent aujourd'hui dans la littérature et sur nos écrans. À voir jusqu'au 20 avril 2025.

« Chevaliers », l’exposition Pop Culture du château des Ducs de Bretagne

04 Nov 2024

Plus de 150 objets originaux, de la Renaissance et du Moyen Âge, reflets de l'une des plus belles collections européennes et extra-européennes en la matière, sont présentés pour la première fois en France. Une exposition anthropologique qui questionne l'imaginaire de la chevalerie, encore présent aujourd'hui dans la littérature et sur nos écrans. À voir jusqu'au 20 avril 2025.

Quel plus bel écrin que le château des Ducs de Bretagne pour accueillir les collections remarquables d’armes et d’armures de chevalerie, du Museo Stibbert de Florence. Plus de 150 objets originaux, de la Renaissance et du Moyen Âge, reflets de l’une des plus belles collections européennes et extra-européennes en la matière, sont présentés pour la première fois en France, après un passage aux Etats-Unis.
Mais l’exposition «Chevaliers» ne s’arrête pas là. Enrichie d’un focus sur la place des femmes dans la société féodale ou la persistance de l’imaginaire de la chevalerie au cinéma et dans les jeux vidéos, l’exposition, aux accents de Pop Culture, démontre avant tout combien cette figure du héros «sans peur et sans reproche» est encore bien ancrée dans nos mœurs. Des tournois et des joutes médiévales à Star Wars, décryptage d’un art né au 8ème siècle de notre ère.

L’oeil avisé d’un collectionneur

Les armes et armures présentées, véritables objets d’artisanat d’art, ont toutes été acquises par Fréderick Stibbert, riche héritier anglo-italien du 19ème siècle, épris de Moyen Âge comme c’était en vogue à l’époque du Romantisme.  L’essentiel des collections exposées – toutes des pièces magistrales et parfaitement conservées- date de l’époque moderne (16ème siècle).  Une période relativement tardive par rapport à l’histoire de la chevalerie mais faste pour la constitution des armures  : seigneurs et monarques s’en saisissent pour asseoir leur pouvoir et ils prennent la pose, revêtus de modèles sophistiqués, pour leurs portraits officiels. 

«   Nous sommes face à des pièces magistrales qui montrent
qu’il y a vraiment une collection et un collectionneur derrière les objets,
un véritable œil  ».
Krystel Gualdé, Directrice scientifique du musée d’histoire de Nantes.

Chevaliers. Château des Ducs de Bretagne.

Chevaliers. Château des Ducs de Bretagne.

Une approche anthropologique de la Chevalerie

Loin d’être une exposition sur le Moyen Âge, «Chevaliers» prend le parti de l’anthropologie. Elle investit cette figure si populaire de l’imaginaire collectif qu’est le chevalier et témoigne d’un véritable art de la guerre, progressivement codifié, qui atteint son point culminant au 15ème siècle, quand les tournois et les joutes deviennent des événement spectaculaires, déconnectés de la guerre. L’exposition brosse aussi une galerie de 14 portraits de chevaliers au destin hors du commun, issus de la mythologie, de la littérature ou ayant réellement existé.

Chevaliers. Château des Ducs de Bretagne.

Chevaliers. Château des Ducs de Bretagne.

Y’a-t-il eu des femmes chevaleresses  ?

Même si la chevalerie a longtemps véhiculé un idéal masculin, le travail des historien.nes d’aujourd’hui permet d’égrener un certain nombre de femmes qui ont pris les armes. Des femmes de haut rang, notamment qui, lorsque leur époux était décédé ou fait prisonnier, se sont portées au secours de leur propre lignage et de leur territoire. L’occasion aussi d’évoquer le rôle de Christine de Pisan, femme de lettres de la fin du 14ème siècle qui défendit le rôle des femmes dans la société médiévale et participa notamment à la construction de la célébrité de Jeanne D’arc.

C’est en partie grâce aux arts, à la littérature et au cinéma que l’imaginaire chevaleresque a perduré jusqu’à aujourd’hui.  Vous pourrez ainsi tester vos références cinématographiques en la matière  : blockbusters et films historiques, mais aussi clins d’oeil plus surprenants, où héros et héroïnes portent à l’écran les valeurs de courage, de bravoure et de largesse.

 

Informations complémentaires :
Une exposition visible jusqu’au 20 avril 2025. Réservation conseillée.

  •  Voir la programmation culturelle, pour approfondir, s’émouvoir et s’amuser (nocturnes, après-midi en famille, conférences, cinéma, concerts…)
  •  Application de visite sur smartphone (adultes + enfants) gratuite
  • Outils de médiation accessibles (supports FALC, supports tactiles, visite en LSF).

Originaire de la Drôme, Domitille a jeté l’ancre à Nantes, il y a près de quinze ans après avoir fait un tour de France pour ses études et ses activités professionnelles. Guide conférencière, médiatrice et chargée de projets culturels, elle a appris à connaître la ville de fond en comble ainsi que son patrimoine grâce à son métier

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017