13 mars 2025

Ciné-débat “Save Our Souls” au Concorde, une soirée pour informer

Le mardi 4 mars, une projection du documentaire Save Our Souls était programmée au cinéma Le Concorde, suivie d'une discussion avec son réalisateur Jean-Baptiste Bonnet, des membres de SOS Méditerranée et de COLERE Nantes, afin de sensibiliser le public nantais au sauvetage de naufragé·es en mer.

Ciné-débat “Save Our Souls” au Concorde, une soirée pour informer

13 Mar 2025

Le mardi 4 mars, une projection du documentaire Save Our Souls était programmée au cinéma Le Concorde, suivie d'une discussion avec son réalisateur Jean-Baptiste Bonnet, des membres de SOS Méditerranée et de COLERE Nantes, afin de sensibiliser le public nantais au sauvetage de naufragé·es en mer.

Sauver, protéger et témoigner sont les trois missions de SOS Méditerranée. L’association civile européenne de sauvetage en mer présentait, mardi 4 mars au cinéma Le Concorde à Nantes, le documentaire Save Our Souls de Jean-Baptiste Bonnet. Le réalisateur francilien était présent après la séance pour répondre aux questions du public, aux côtés de bénévoles de l’antenne nantaise de SOS Méditerranée et de Benjamin Cuena, membre actif de COLERE Nantes et à l’initiative de cette soirée.

À la fin de la projection, au moment de rallumer les lumières, l’atmosphère était lourde en émotion et le public du Concorde particulièrement touché. Les questions se sont succédées autour de la vie à bord du navire de sauvetage l’Ocean Viking, qui est au cœur du film, mais aussi sur les conditions de communication avec les autorités côtières et les autres associations de sauvetage.

Sauver et protéger

« Prendre le temps, pouvoir vraiment passer du temps avec les personnes à bord. » : en proposant le projet d’un documentaire au long cours à SOS, le réalisateur Jean-Baptiste Bonnet a souhaité vivre et partager le déroulé d’ « une mission dans son intégralité, c’est-à-dire les 6 semaines », à bord de l’Ocean Viking, au cours du mois de mars 2023 et jusqu’au débarquement des naufragés le 6 avril dans un port italien.

Le film Save Our Souls, qui sera prochainement diffusé en télé sur France 2, donne à voir l’organisation rodée et les soins apportés à bord du bateau par l’équipage professionnel, mais aussi des bribes de vie, avec les premiers éléments de récits des rescapé·es, reflétant la violence des parcours.

« L’intention première du film c’était de tourner un film qui se focalise sur la relation entre les sauveteurs et les rescapés, avec cette intuition que ce qui se passait humainement dans la relation était extrêmement important ; une forme de dignité rendue aux rescapés. », explique-t-il.

La rencontre entre le réalisateur Jean-Baptiste Bonnet et le public averti du cinéma le Concorde a bien eu lieu le 4 mars, avec des questions variées. 04/03/25 ©AmandineMasson

Témoigner

Pour témoigner, à terre, ce sont aussi « plus de 700 bénévoles, répartis en une trentaine d’antennes sur le territoire français », qui œuvrent, comme David, bénévole à l’antenne Nantes de SOS Méditerranée depuis cet été.

Avec une dizaine d’autres volontaires, sa mission est « de faire de la sensibilisation scolaire à l’invitation des établissements, qui ont des thématiques dans leur programme sur les questions migratoires », en présentant les actions de l’association. L’objectif de la soirée au Concorde est avant tout « un moment de pédagogie. On y va pour échanger avec le public surtout», explique David. “On a un message à porter qui est important. »

Pour témoigner également, une exposition collective de photos intitulée « Être(s) humain(s) » continue sa tournée en Loire-Atlantique. Elle est actuellement visible à la médiathèque de Saffré et sera présentée au collège Saint Paul de Rezé, du 6 au 23 mai, après un passage par Nozay.

Envisager l’après

L’après débarquement et les conditions d’accueil des migrants sur les territoires européens ont également été abordés dans les questions du public. L’occasion pour Benjamin Cuena, membre actif de la coordination COLERE Nantes, officiellement nommée « COLERE Nantes – CRA ni ici ni ailleurs », de partager les actions de lutte du collectif contre la création prochaine d’un centre de rétention administrative (CRA) à Nantes.

Le jeune syndicaliste à SUD Solidaires analyse un glissement dans l’opinion publique et une récupération politique. Si l’immigration était auparavant souvent associée aux problématiques de chômage, « aujourd’hui, la sécurité est le sujet qui est devenu l’élément de la politique raciste, de sa justification. Mais in fine, la vraie discussion, c’est de dire qu’on ne choisit pas où on est, dans quelles conditions, et que les gens qui choisissent de s’exiler ne le font pas par plaisir», rappelle Benjamin. Une vision humaniste, partagée par Jean-Baptiste Bonnet, pour qui son documentaire « met une réalité sur des chiffres, des récits, des images, habituellement pris dans un flot d’informations désincarnées ».

Au delà des valeurs partagées, pour COLERE, constituée fin 2022 en réaction à l’annonce du Ministère de l’intérieur de souhaiter construire 11 nouveaux CRA, dont un à proximité de la maison d’arrêt de Nantes-Carquefou, l’organisation de cette soirée est un moyen d’ « essayer de populariser au maximum la lutte anti-CRA. On considère que c’est une lutte qui est relativement méconnue » des Nantais alors que le projet devient concret avec une ouverture du centre prévue fin 2026-début 2027. « C’est vraiment maintenant que l’on a besoin d’un maximum de monde », conclut le syndicaliste.

Pour donner plus de visibilité à leur cause, le collectif regroupant une vingtaine d’organisations associatives, syndicales et politiques, multiplie les initiatives avec une pétition en cours, une réunion publique d’information le 27 mars à la Maison de quartier la Locomotive et un festival anti-CRA aux Ateliers Magellan et Bitche, le 5 avril.

 

Plus d’infos :

Tout droit arrivée de Paris où elle a vécu les 15 dernières années, Amandine est à Nantes depuis seulement quelques mois. Pourtant, sa connaissance du calendrier culturel et son ancrage dans le quartier révèlent plutôt une femme capable de trouver toutes les occasions pour faire des rencontres et de s’imprégner de l'imaginaire nantais.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017