31 août 2021

CinéPride, un festival de cinéma riche de sa diversité !

Du 1er au 6 Juin avait lieu la 17e édition du festival de cinéma CinéPride au Katorza à Nantes. Le festival se donne pour mission de rendre visible, par leur diffusion, des films LGBTQI+* souvent inédits en France. La sélection, forte d’une grande diversité, permet de découvrir des films du monde entier, sur des thématiques très variées. Grâce à cette sélection, le festival milite pour une meilleure représentation des vies LGBTQI+.

CinéPride, un festival de cinéma riche de sa diversité !

31 Août 2021

Du 1er au 6 Juin avait lieu la 17e édition du festival de cinéma CinéPride au Katorza à Nantes. Le festival se donne pour mission de rendre visible, par leur diffusion, des films LGBTQI+* souvent inédits en France. La sélection, forte d’une grande diversité, permet de découvrir des films du monde entier, sur des thématiques très variées. Grâce à cette sélection, le festival milite pour une meilleure représentation des vies LGBTQI+.

Depuis 17 ans, CinéPride organise chaque année en Juin un festival de cinéma au Katorza à Nantes. Il met à l’honneur la diversité du cinéma LGBTQI+ et la pluralité des vies LGBTQI+. Un seul manquement : l’édition 2020, annulée pour raisons sanitaires, un bouleversement dans l’organisation de ce festival. Fragil est allée à la rencontre de Cyrille, bénévole depuis 6 ans pour CinéPride et chargé – notamment – de la programmation du festival, pour comprendre les raisons de la pérennité de CinéPride. Nous découvrons comment le festival participe à une représentation plus juste et diversifiée des réalités LGBTQI+.

CinéPride : une collaboration entre Nosig et le Katorza

CinéPride est un festival de cinéma nantais dédié à la diffusion de films LGBTQI+ qui existe depuis 2003. Il est né de la rencontre entre Nosig, le centre LGBTQI+ de Nantes, et le Katorza, cinéma historique à Nantes. Aujourd’hui, le festival CinéPride fonctionne de façon plutôt autonome (bien que Nosig reste co-gestionnaire et co-financeur avec le Katorza), ce qui permet de concentrer le travail des bénévoles sur la programmation tout au long de l’année. Chaque membre de CinéPride est bénévole, et peut agir sur toutes les phases du projet, afin de découvrir tous les aspects de la gestion d’un festival de cinéma. CinéPride compte une dizaine de bénévoles et communique avec 3 personnes au Katorza : Caroline Grimault (directrice), Marc Maesen (directeur adjoint), et Clara Poinot (chargée de la communication). Pour organiser l’évènement sur place, c’est bien sûr un travail commun entre l’équipe de Cinépride et l’ensemble de l’équipe du Katorza qui s’opère. Le Katorza est diffuseur, et à ce titre, il est chargé de commander les films auprès des distributeurs et participe parfois à la programmation en proposant des films diffusés au Festival de Cannes ou bien en rediffusant des films proposés durant l’année.

Une sélection de films mettant en avant la diversité du cinéma

Pour la sélection de ses films, CinéPride s’inspire beaucoup des autres festivals de films LGBTQI+, notamment Chéries Chéris (festival parisien et plus gros festival de ce genre en France), Désir…Désirs (Tours), Des Images aux Mots (Toulouse), etc. Les distributeurs, tels que Optimale ou Outplay pour la France ou The Open Reel, M-Appeal et The Film Collaborative (TFC) à l’étranger, proposent également leurs films diffusés dans l’année à CinéPride. L’équipe de CinéPride prépare alors une liste de tous les films qui pourraient être proposés, d’abord sans distinctions d’origine, de prix ou de disponibilité. Des centaines d’heures de visionnage sont nécessaires chaque année pour faire la sélection. Chaque membre choisit les films qu’il souhaite regarder, puis écrit un commentaire pour donner son avis, sur la narration, la photographie, la qualité de la représentation. A terme, chaque membre dit s’il souhaite que le film soit diffusé par le festival, et les films qui reçoivent le plus d’avis favorables sont sélectionnés, à raison d’une quinzaine de films par an.

Pour répondre à la volonté d’une grande diversité dans la représentation, la provenance des films est toujours importante : durant le festival, les films sélectionnés ont été réalisés dans le monde entier, permettant de donner aux spectateurs une vision riche des réalités LGBTQI+ à travers la planète (NDLR : Allemagne pour Cocoon de Leonie Krippendorff, Brésil pour Greta d’Armando Praça, Philippines pour Metamorphosis de Jose Enrique Tiglao, par exemple). C’est une aubaine pour les spectateurs, mais cela peut aussi compliquer l’accès aux films pour CinéPride. En effet, un film étranger c’est un film qui n’est peut-être pas encore distribué en France, voire un film qui n’est pas encore traduit. Dans ce cas, CinéPride bénéficie d’un partenariat avec Blandine Chantebel, traductrice pour le festival depuis de nombreuses années. En réalisant des traductions, CinéPride participe d’autant plus à la visibilité de ces films méconnus.

Lors de la sélection, il faut parfois malheureusement faire l’impasse sur certains films, soit parce qu’ils ne sont pas accessibles financièrement au festival, soit parce qu’il est difficile de trouver le distributeur. Au-delà du plaisir de regarder des films prometteurs, organiser un festival de cinéma est donc un véritable travail d’enquête, de discussions et de relations aux distributeurs.

Love, Spells and All That de Ümit Ünal, un film turc diffusé lors du la 17e édition de CinéPride

Être accessible à tous les publics, une façon de lutter pour une meilleure représentation

Pour CinéPride, l’existence même de ce festival est militante, puisqu’il permet de montrer les vies LGBTQI+.  En projetant des films qui ne sont pas/très peu diffusés en salle, le festival CinéPride milite pour une meilleure représentativité des personnes LGBTQI+ dans le cinéma, mais aussi de leurs vies et leurs histoires à travers le cinéma : “en fait il n’y a pas de “films LGBTQI+” : on a de la fantaisie, du thriller, du drame, etc. avec des représentations de personnages LGBTQI+” précise Cyrille.

Le militantisme du festival passe également par les invité·e·s accueilli·e·s durant le festival, et le partage d’expériences : chaque année, des réalisateurs ou réalisatrices sont invité·e·s pour faire part de leur travail, expliquer la réalité de leur métier au public. Certaines séances sont également accompagnées d’interventions d’associations. Pour rendre les interventions accessibles au plus grand nombre, un partenariat avec l’association TIC44 est mis en place. Elle se charge de rendre les séances accessibles aux personnes sourdes ou malentendantes. Le militantisme passe donc principalement par la représentativité, et le fait de montrer les multiples réalités des vies LGBTQI+, mais aussi en rendant le festival accessible à tous·tes.

 

CinéPride est aussi un festival de cinéma. Cyrille nous le rappelle : “l’intérêt de voir un film à CinéPride, c’est aussi l’intérêt cinématographique. Il n’y a pas que l’histoire LGBTQI+, la représentation. Ça compte bien sûr, mais ce n’est pas que ça.” Les films sont donc sélectionnés avant tout pour leurs qualités cinématographiques, que ce soit dans l’image ou dans la narration, tout en mettant en avant la diversité de la production LGBTQI+. Dans un sens, ce n’est pas un festival uniquement dédié aux personnes LGBTQI+, mais bien pour tou·t·e·s les curieu·x·ses de cinéma. CinéPride en a toutefois conscience, “en s’affichant comme un festival de “films lesbiens, gay, bi, trans et intersexes”, on sait bien que certaines personnes ne vont pas se sentir concernées, et n’auront pas la curiosité de venir voir”. Cette catégorisation a deux conséquences : d’une part le festival est perçu comme un “safe place” par les personnes LGBTQI+ qui y participent, où la convivialité et l’échange d’expériences sont très forts et vraiment recherchés, d’autre part elle renvoie une image “de niche” aux publics qui ne se sentent pas concernés. Pour la sélection, il est important de trouver l’équilibre entre des films grands publics et d’autres plus spécifiques, pour attirer des publics d’horizons divers. Pour CinéPride, l’essentiel reste “de trouver la perle rare, le film qui n’est pas diffusé ailleurs mais qui vaut vraiment le coup d’être vu par le plus grand nombre”. Cyrille nous confie qu’il attend aujourd’hui que les films LGBTQI+ sortent du cadre de festivals dédiés, et qu’ils soient diffusés sur des séances “ordinaires” au même titre que le reste de la production cinématographique. Avec une nuance toutefois : l’existence même de festivals comme CinéPride repose justement sur la diffusion de films qui ne seront pas connus autrement.

Retrouvez le festival CinéPride le Mardi 31 Août à 20h30 au Katorza, pour la soirée de clôture dédiée aux courts-métrages ! 

Si vous avez raté le film Supernova, programmé au festival CinéPride avec Univerciné britannique en partenariat, vous pourrez également le retrouver dès le 8 septembre au Katorza.

 

*LGBTQI+ : Lesbiens, Gays, Bisexuels, Transgenres, Queer, Intersexes et plus”

 

Nantaise depuis 1 an, je suis passionnée par l’architecture, la ville et les arts graphiques. Je m’intéresse aussi aux initiatives citoyennes qui font bouger nos modes de vie !

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017