« Vous êtes légitimes à venir ici ». Voilà ce qu’explique Caroline Godard, responsable de Citad’elles, en s’adressant aux nantaises victimes de violence. La honte n’a pas de raison d’exister quand il s’agit de violences sexistes et sexuelles (VSS). Depuis, un mois et demi à la suite de la journée de lutte contre les VSS, la ville de Nantes voit apparaitre nombre d’affichages spécifiques, en plus des permanents, faisant la promotion de « Citad’elles ». Ce lieu d’accueil, ouvert en continu pour les femmes, cherche à devenir un endroit où chacune peut trouver l’accompagnement adapté.
« Je ne suis pas là pour sauver, je suis là pour accompagner, pour être un levier »
Selon Caroline Godard, la question posée dès la création du projet est « le centre idéal c’est quoi ? ». C’est « un centre pluridisciplinaire qui est ouvert 24/24 et 7/7 qui accueille toutes les femmes victimes de tous les types de violences {…} avec leurs enfants, qui peut faire de la mise en sécurité, qui garantit la confidentialité ». Une mission qui apparait réussie, face à l’effort donné dans la création d’un lieu ressource qui accueille en moyenne 1000 nouvelles femmes par an et qui tente de garantir un espace sain pour les professionnel·les qui font face à « une densité émotionnelle » importante.
Des professionnel·les qui doivent savoir accepter la temporalité de chaque femme arrivante, faire en sorte qu’elles soient actrices de leur propre parcours. « Ce sont elles qui doivent trouver la réponse. Sinon on ne vient pas combattre le schéma d’emprise qui a été mis en place. On vient juste le renforcer et l’idée c’est vraiment de leur redonner de la capacité à agir ici. Il y a vraiment cette question d’empowerment. », clarifie la responsable du lieu.
Légitimer toutes les victimes
Malgré tout, il reste des difficultés qu’il faut contourner ou bien faire avec. Caroline Godard évoque deux grands enjeux, celui d’« une situation sociétale actuelle complexe et {…} tout un secteur qui peut être en tension », au sujet des secteurs sociaux et médico-sociaux, empêchant parfois le meilleur accueil pour ces femmes dans des structures telles que le CHU. Et celui d’« une diversification des violences ou en tout cas une mise en exergue de certaines violences », qui ne sont pas encore légitimées par la société pouvant démotiver des femmes à recevoir des soins.
Il s’agit alors pour ce lieu d’accueil des femmes victimes de violences de continuer à développer des soins et des accompagnements adaptés à chaque femme. La responsable de Citad’elles espère « que les femmes se sentent légitimes {…} à venir dans un lieu comme ça même si vous avez subi une violence sexuelle, une agression dans la rue, un manager violent ou un collègue violent. Vous dites ‘’bah ouais, en fait, je suis légitime à venir ici parce qu’en fait je suis une femme et j’ai vécu des violences’’ ».
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