20 juin 2024

Collectif Raymonde : trouver sa place sur scène avec la mixité choisie

Le collectif Raymonde est association qui promeut des femmes, personnes trans, non-binaires sur la scène musicale nantaise. Crée en 2020, son activité s’est intensifiée depuis 2022 et s’exporte déjà avec un relais piloté par Emma Le Cozannet à Rennes. Fragil rencontre Solenne Schumann sa trésorière et Solange Maribe sa co-présidente.

Collectif Raymonde : trouver sa place sur scène avec la mixité choisie

20 Juin 2024

Le collectif Raymonde est association qui promeut des femmes, personnes trans, non-binaires sur la scène musicale nantaise. Crée en 2020, son activité s’est intensifiée depuis 2022 et s’exporte déjà avec un relais piloté par Emma Le Cozannet à Rennes. Fragil rencontre Solenne Schumann sa trésorière et Solange Maribe sa co-présidente.

« Qu’il y ait du public ou qu’il n’y ait pas du public, on veut juste faire de la musique ! ». Pour la fête de la musique, le collectif Raymonde ne sera pas à l’initiative d’un événement particulier, pas plus que ses membres. Le collectif connu à Nantes pour ses soirées jams nous explique que l’essence de Raymonde, c’est avant tout de rassembler aussi bien les passionné·e·s  que les débutant·e·s dans la musique. Si la fête de la musique n’est pas au programme de cette année, c’est un stage plage improvisée qui est organisé fin août, dans le cadre des Rendez-vous de l’Erdre. Les instrumentistes recherchant à perfectionner leur capacité d’improvisation sont la cible de cet événement organisé sur 3 jours, le tout conclu par une jam ouverte au public. 

Solange Maribe (à gauche), co-présidente du collectif Raymonde et Solenne Schumann (à droite), trésorière

«  Il y a aussi un groupe privé où les artistes peuvent se rencontrer entre elleux, échanger et monter des groupes ensemble pour rester en mixité choisie, monter sur scène avec leurs projets respectifs ».

L’association créé un réseau d’artistes. On fait appel à celle-ci pour former ou compléter un groupe. Raymonde c’est surtout l’entraide. Depuis le petit studio de répétition jusqu’à la scène des jams, les personnes viennent s’essayer à l’improvisation, à de nouveaux instruments, pour échapper aussi à la pression du public. 

« Les jams c’est un peu ça aussi le but, c’est de se dire qu’en fait on se crée nos espaces à nous. Si vous ne voulez pas nous laisser rentrer, nous inviter à votre boum, alors on va se faire nos propres boums ». 

Les jams en mixité choisie, scènes réservées aux femmes, personnes trans et non-binaires sont au cœur de l’association. L’idée est de se réapproprier la scène musicale. C’est le constat d’un déséquilibre significatif dans les programmations qui alarme la co-présidente Solange. Elle qui fréquente la scène nantaise depuis son arrivée dans la ville, découvre avec les jams, des talents en retrait. La mixité choisie sert pour le collectif Raymonde de « phase transitoire » afin d’être « assez en confiance pour aller dans des espaces mixtes ». Et cela fonctionne, on peut retrouver  cette année certain·e·s artistes de chez Raymonde au festival du Printemps de Bourges. Pour la majorité, c’est dans les bars et évènements associatifs qu’on les retrouve, à défaut des salles « institutionnelles » nantaises. 

« C’est un peu une espèce de joie, de truc, d’émotion ! C’est incroyable de voir autant de bonheur, de joie et de talent, et de gens qui sont bien ensemble, et qui se sont trouvés ! »

Un groupe d’ouverture lance les festivités et va accompagner les volontaires. Puis c’est à qui le souhaite de monter sur scène. Les soirées laissent aux artistes la liberté d’improviser, de s’essayer à des ou de nouveaux instruments, au chant. Ce qui est recherché, c’est la création d’une synergie, d’un groupe éphémère. 

« Il y a de la place pour tout le monde, il n’y a pas d’histoires d’égo »

La prévention des violences sexistes et sexuelles est un axe important pour le collectif. Si les jams sont en mixité choisie, c’est pour assurer un espace « safe », un espace « sans les agresseurs potentiels ». Les hommes cis-genre, « les potes » sont les bienvenus, pour assister aux prestations. À leurs débuts, des brassards blancs assuraient la sécurité des personnes et plus particulièrement des personnes queer, plus touché·e·s par ces violences nous confie l’association, en plus d’une charte. Au fur et à mesure des représentations, ces mesures sont abandonnées. Le besoin est moins présent. Le public rassemble des adeptes du concept, celleux qui en attendait l’initiative, celleux touché·e·s par le message que porte l’association. 

Soirée jam au Poum Poum T’chak

Infos utiles :

Le collectif Raymonde sur Instagram

Inscriptions pour le stage Plage improvisée pendant les Rendez-vous de l’Erdre

 

Manon, en troisième année de droit, incarne une énergie mystérieuse qui s'inscrit dans le paysage nantais depuis deux ans. Naviguant entre les rouages du droit et une créativité débordante, Manon se dévoile comme un sujet intrigant.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017