22 juillet 2024

Concerts sauvages au Ferrailleur : une saison en demi-teinte

Depuis le 16 juin et jusqu'à fin septembre, le club nantais le Ferrailleur accueille sur sa terrasse une quarantaine de concerts sauvages en extérieur. Après un début d'été pluvieux, le café-concert mise sur l'arrivée du beau temps en août pour attirer ses futures spectateur·ices. La programmation, elle, reste majoritairement masculine.

Concerts sauvages au Ferrailleur : une saison en demi-teinte

22 Juil 2024

Depuis le 16 juin et jusqu'à fin septembre, le club nantais le Ferrailleur accueille sur sa terrasse une quarantaine de concerts sauvages en extérieur. Après un début d'été pluvieux, le café-concert mise sur l'arrivée du beau temps en août pour attirer ses futures spectateur·ices. La programmation, elle, reste majoritairement masculine.

Alors que les concerts sauvages ont débuté depuis la mi-juin, le soleil lui, a mis plus de temps à arriver. « C’était un début d’été un peu compliqué, notamment à cause de la météo » explique François Montupet, chargé de communication au Ferrailleur. En effet, cette année le mois de juin aura été particulièrement pluvieux (cf : Bilan climatique du mois de juin 2024, Météo France) et les concerts ont connu un démarrage un peu poussif les premières semaines, « les concerts sauvages sont en extérieur donc ils sont dépendants du beau temps, c’est ce qui donne aussi envie aux gens de sortir » indique François Montupet.

Concert sauvage du groupe angevin Sandwich au Ferrailleur le mercredi 17 juillet.

Un bilan provisoire plutôt satisfaisant pour le Ferrailleur

Au-delà d’un mois de juin maussade, la fréquentation au Ferrailleur a aussi été impactée par l’inflation explique François Montupet, « il y a un autre élément aussi très important c’est l’inflation, c’est l’explosion des prix de manière générale, la capacité à mettre tant d’argent quand tu sors, ça joue aussi ». Tout ces éléments ont des répercussions sur l’affluence au café-concert et il a fallu s’y adapter indique le chargé de communication du club, « on essaie de contrecarrer ça avec une programmation de qualité, un staff qui va avec, des bonnes bières locales, des vins locaux travaillés en circuit court, en proposant de manière générale quelque chose de qualité pour les gens et pas uniquement au niveau de la musique« . Malgré un début d’été difficile à cause des intempéries qui ont pu jouer sur l’affluence lors des concerts sauvages, les moyennes des fréquentations demeurent tout de même satisfaisantes selon François Montupet, « on a une centaine voire 150 spectateurs en moyenne et parfois ça peut être 300 ou plus pour certains groupes, donc c’est quand même une belle moyenne« . Un bilan pour le moment correct même si « le vrai bilan ne pourra être fait qu’à la fin en septembre » souligne le chargé de communication du café-concert.

Des concerts sauvages encore loin de la parité

« Ça fait huit ans qu’on fait les concerts sauvages donc ce sont des événements qui sont installés maintenant » souligne François Montupet. Chaque été, Maxime Pasquer, le programmateur du Ferrailleur et Thomas Nédélec le gérant du lieu se chargent d’identifier des groupes de musique nantais (et de toute la France) qui s’inscrivent dans l’esprit des concerts sauvages. « Il faut que ces artistes soient dans l’esthétique musicale qui colle aux concerts sauvages, c’est à dire folk, pop, rock, punk » précise le chargé de communication du café-concert, sans oublier pour autant la nécessité de s’ouvrir à d’autres genres musicaux et de « varier les styles pour que chacun puisse y trouver son compte« . Cependant, parmi la quarantaine de groupes présents, la grande majorité est composée d’hommes uniquement, une parité pour le moment loin d’être atteinte : « On est très loin de la parité, c’est malheureusement dû aussi aux racines d’une musique rock très masculine » indique François Montupet. Le Ferrailleur avait pourtant organisé l’année dernière en avril l’événement More Women On Stage avec l’association culturelle Tracass afin de promouvoir la place des femmes dans le milieu de la musique. Le chargé de communication du lieu assure qu’il s’agit « d’éléments importants auxquels [les programmateurs] essayent d’être attentifs ». Malgré cela, ce dernier note tout de même une évolution, « il y a quelques années, on était en dessous des 10%, par exemple dans la représentation qu’on peut avoir sur la programmation à l’année, maintenant, on est plus autour des 30%« . Un chiffre annoncé qui questionne lorsque l’on voit que sur les 25 prochains groupes qui joueront lors des concerts sauvages cette année, seuls 2 d’entre eux ont au moins une femme parmi leurs musicien·nes.

Infos pratiques : 

  • Leather Gallery (post punk) – Jeudi 25 juillet à 19h
  • The Traders (punk garage) – Vendredi 26 juillet à 19h
  • Tiny Voices (post hardcore) – Samedi 27 juillet à 19h

L'arrivée d'Antoine à Fragil est une suite presque évidente à son parcours, ses rêves et ses passions. Il dégage une sensibilité palpable de par ses mots et ses intonations.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017