18 mars 2020

Les écrans et les réseaux en question avec les parents d’élèves de Riaillé

Mardi 10 mars 2020, l'animatrice de Fragil s'est rendue à Riaillé pour un atelier consacré aux écrans. Retour sur cette soirée dédiée aux parents d'élèves.

Les écrans et les réseaux en question avec les parents d’élèves de Riaillé

18 Mar 2020

Mardi 10 mars 2020, l'animatrice de Fragil s'est rendue à Riaillé pour un atelier consacré aux écrans. Retour sur cette soirée dédiée aux parents d'élèves.

Ils étaient une vingtaine de parents à s’être rendu à la salle des fêtes de la commune de Riaillé, en ce mardi soir. Ce temps d’animation était organisé à la demande de l’association des parents d’élèves de l’école élémentaire Robert Doisneau, qui attendait plus de parents ce soir là. L’effet Coronavirus combiné à un horaire tardif en semaine expliquent ces absences. Cela n’a pas empêché le bon déroulement de cette conférence/atelier, en compagnie de participants.es très intéressé.e.s.

Utilisant les méthodes et outils de l’éducation populaire, l’animatrice a mené deux heures de conférence sous forme d’ateliers thématiques et participatifs. La soirée était consacrée aux écrans, aux réseaux sociaux et à l’usage d’ internet par les enfants et adolescents. Afin d’évoquer ces sujets, les ateliers partent presque systématiquement des pratiques adoptées par les parents, afin de faire prendre conscience de ses propres utilisations.

Les écrans : un usage modéré

L’atelier débute par des questionnements concernant le nombre d’écrans comptabilisé dans chaque foyer. Le nombre varie de 2 à 8 pour les participants.es de ce soir. La moyenne étant en France de 5,6 écrans pour une famille avec deux enfants. Déjà les discussions s’entament et chacun.e se positionne par rapport à son voisin ou voisine de chaise, pour la plupart les chiffres ne sont pas alarmants. Il en est de même pour les données concernant le temps passé sur les écrans (4h11 par jours pour les enfants) et pour le nombre de consultations d’un téléphone portable (211 fois par jour pour un adulte). Les participantes et participants estiment ces chiffres à la baisse mais ne semblent pas se sentir concernés quant à leur propre utilisation ou à celle de leurs enfants.

Afin d’amener une interconnaissance du sujet, les parents sont amenés à échanger par groupe de 3 ou 4 pour définir les craintes et les avantages qu’ils identifient à propos des écrans. Ce temps est revenu comme étant un des moments favoris de l’assemblée, il permet aux parents d’échanger sur leurs peurs, leurs usages et les bénéfices qu’ils accordent aux écrans et plus largement aux outils numériques. Lors de la mise en commun certaines mères de famille s’échangent des astuces et conseils, notamment sur le fait d’arriver à interdire l’accès au smartphone pour les préadolescents.

Des recommandations appréciées

Malgré un climat plutôt serein parmi les parents, la partie consacrée aux recommandations des professionnels était très attendue. N’étant pas une spécialiste scientifique, l’animatrice de Fragil présente au public des études menés par des spécialistes. Les parents se montrent particulièrement intéressés par les « 4 pas  » de Sabine Duflo.

 

La règle des « 4 pas » développée par Sabine Duflo.

Ces recommandations leur paraissent raisonnables et pour la plupart des familles facile à mettre en place si ce n’est pas déjà le cas. Toujours dans cette thématique nous abordons les contrôles parentaux. Peu de parents ont mis en place ce système de contrôle pourtant disponible sur différents écrans : opérateurs mobiles, consoles de jeux vidéo, box internet…

Afin de terminer la partie sur les écrans, les participantes et participants sont une nouvelle fois amené.e.s à réfléchir en groupe aux situations suivantes  : « Mon enfant de 5 ans veut une tablette pour noël » ou encore  » le téléphone de mon enfant de 12 ans sonne pendant le diner ». Les parents sont plutôt d’accord entre eux sur les actions/paroles à développer auprès de leurs enfants si ces cas s’avéraient vrais. Les groupes de paroles sont de nouveau fortement appréciés, c’est l’un des points forts de cet atelier entre parents.

A quoi jouent vos enfants ?

C’est avec cette question que débute la partie consacrée aux jeux vidéo. La plupart des parents ayant des enfants de moins de 10 ans, les témoignages se ressemblent systématiquement. Mario, Minecraft, Pokémon ou encore des jeux de courses de voiture constituent la plupart des jeux vidéo consommés par les enfants de l’école de Riaillé. D’après leurs parents, ils n’ont pas accès à d’autres types de jeux vidéo, inadaptés à leurs âges, du moins pas de leur fait.

A l’évocation de « Fortnite« , beaucoup de parents réagissent : leurs enfants connaissent ce jeu pourtant normalement réservé au plus de 12 ans (voir le PEGI). Pour beaucoup, les jeunes connaissent ce jeu surtout avec leurs camarades de classe, via des discussions entre amis ou avec des membres de la famille proche.

Les réseaux sociaux

La dernière partie de la soirée est consacrée aux réseaux sociaux. Après un rapide sondage auprès de l’audience, la plupart des parents ont au moins un compte sur un réseau social. Quant à leurs enfants les règles diffèrent selon les foyers. Pour beaucoup les enfants de moins de 11/10 ans n’ont pas accès aux réseaux sociaux, volontairement, la donne change avec les adolescents. Les mères de famille s’échangent spontanément des conseils et témoignages quant aux différentes règles mises en place dans leurs foyers.

 

via GIPHY

Après avoir rapidement évoqué les réseaux sociaux les plus célèbres chez les adultes : Facebook, Instagram, Twitter ou encore YouTube, les questions s’arrêtent sur le petit dernier mais pas des moindre : Tik Tok. A l’aide de quelques témoignages les parents arrivent mieux à se faire une idée de ce que représente le réseau social chinois dans la vie sociale des plus jeunes. Les dangers des réseaux sociaux sont  également abordés tous ensemble.

Parmi les inquiétudes, les effets des écrans sur le corps et les mauvaises rencontres sur les réseaux sont celles qui ressortent le plus des discussions. Beaucoup de questions tournent autour de l’effet sur le cerveau, le sommeil, les yeux, aussi bien des enfants que des adultes. N’ayant pas de formation scientifique, l’animatrice de Fragil indique aux participantes et participants des ressources et encourage les discussions entres parents. Parmi les ressources évoquées, la série de vidéos proposée par Arte, intitulée « Dopamine« . Ces courtes vidéos traitent de l’effet des applications sur notre cerveau et plus particulièrement sur l’hormone sécrétée lors du visionnage : la dopamine, neurotransmetteur qui actionne la sensation de plaisir.

La soirée se termine avec des multiples questions venant des parents vers l’animatrice mais aussi entre les participantes et participants. Beaucoup semblent satisfaits de cette soirée et des apports que l’animatrice a pu fournir. Le thème des écrans et des réseaux sociaux demeurent le cœur des inquiétudes et interrogations des parents. Quelques uns imaginent déjà des ateliers parents/enfants autour de ces mêmes thèmes actuels. Il est d’ailleurs déjà prévu que l’association Fragil interviennent toute une journée à l’école de Riaillé au sein des différentes classes.

Ci dessous la présentation réalisée pour la soirée conférence :

 

 

 

Curieuse de tout et surtout de l'info, Romane (se) pose beaucoup de questions. Salariée de Fragil, elle écrit sur l'éducation aux médias et la musique actuelle !

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017