18 décembre 2024

Coupes budgétaires de la Tégion : Chute Libre redoute l’ « effet cascade »

Chute Libre, compagnie de danse hip-hop, est fortement touchée par les coupes budgétaires de la région. Ces baisses de subventions dédiées à leur fonctionnement réduirait leur activités et annulerait des projets.

Coupes budgétaires de la Tégion : Chute Libre redoute l’ « effet cascade »

18 Déc 2024

Chute Libre, compagnie de danse hip-hop, est fortement touchée par les coupes budgétaires de la région. Ces baisses de subventions dédiées à leur fonctionnement réduirait leur activités et annulerait des projets.

Le 28 novembre, Médiacités publiait un tableau recensant chaque structures qui devraient être impactées en 2025 par les coupes budgétaires de la région. Noyées dans les lignes de ce tableau, Chute Libre, une compagnie de danse qui devrait perdre 100% des 14 000 euros de subventions qu’elle touchait par la Région. Une baisse de 10% de leur budget global, forcément redoutée par les salarié·es. Quelques jours avant l’adoption du budget 2025 de la Région, la co-directrice de cette compagnie de danse hip hop, Annabelle Loiseau, confie l’air amer se demander si Chute Libre va « pouvoir continuer à vivre ».

Projets en moins et fonctionnement ralentis

Une année 2025 donc appréhendée par la compagnie de danse, comme le pointe la co-directrice et co-chorégraphe pour qui la suppression de cette subvention engendrerait « une baisse du temps de création et de travail […] et donc une baisse de salaire pour la partie administrative et prod ».

En plus de ça, cette aide au fonctionnement en moins entraînerait, pour Marine Rioult, chargée de production depuis 15 ans à Chute Libre, « une redéfinition des activités de la compagnie ». Chose qui empêcherait par exemple la compagnie de danse hip-hop de reconduire un parcours d’éducation artistique et culturelle en milieu scolaire : « l’année dernière, on avait monté un projet sur 6 mois dans une école maternelle […] mais on n’aura plus l’argent ni la capacité humaine d’accompagner ce genre de projet. »

Initiation à la danse hip hop à l’école maternelle Rosa Bonheur de Thouaré-sur-Loire. Crédit : Mairie de Thouaré

Les postes liés à la médiation et aux ateliers culturels étant remis en question avec ces coupes budgétaires, Marine se désole du pan important enlevé à l’activité de la compagnie, qu’elle compare à une fleur : « les pétales sont en train d’être arrachées […] et au fur et à mesure que ça s’étiole, on va avoir une fleur sans saveur ». Une « demi marguerite », complète d’ailleurs Annabelle, hilare, provoquant des rires chez ses collègues en dépit de la gravité de la situation.

L’effet cascade

La gravité de la situation, Pierre Bolo, co-directeur de Chute Libre, la souligne insistant sur « l’effet cascade » de ces coupes budgétaires. En plus d’être impactée directement, la compagnie sera aussi touchée indirectement par des partenariats et des co-productions avec différents lieux culturels qui prennent l’eau. Une situation qu’Annabelle résume avec l’exemple des théâtres de la région qui « ne savent pas à quelle sauce ils vont être mangés, et ne savent pas non plus à quel point ils vont perdre de budget, donc ils ne peuvent pas s’engager ». Au vue du fait que pour avoir des subventions afin de créer leurs spectacles, 4 engagements sont nécessaires, le futur de la compagnie de danse n’apparaît pas radieux.

Ces coupes budgétaires auraient donc comme incidence un effet « double cascade », pour Pierre, aussi danseur et co-chorégraphe à Chute Libre : « C’est moins pour ce qui est déjà créé et qui fait vivre les gens, et c’est aussi moins pour les projets à venir. »

Pierre Bolo et Annabelle Loiseau, codirecteur·ices et co-chorégraphes de la compagnie Chute Libre

Une politique budgétaire irresponsable

« Sous couvert de financement, il y a un manque de respect pour ce qu’on est et ce qu’on fait » dénonce Annabelle. Marine désigne aussi un manque de connaissance de la Région et de la politique budgétaire menée par Christelle Morançais : « On nous demande tous de faire des projets sur le temps long, et là on est sur une décision à court terme où dans un mois on nous prélève 10% de notre budget global ». En somme, une politique aux allures de « plan social » pour Chute Libre qui manifeste de réels doutes sur leur capacité à exister dans le « désert culturel en train de se profiler ».

« On a pris une tarte dans la figure, ça va être dur de se relever »

Double manifs

Le budget étant voté jeudi 19 et vendredi 20 décembre, un appel à manifester ces deux jours dès 8h devant l’hôtel de Région a été lancé par plusieurs syndicats et acteur·ices des secteurs qui devraient être touchés par ces coupes budgétaires. Une pétition circule aussi pour protester contre les baisses de subventions à venir.

Infos utiles

 

Numa, originaire de Rezé, entretient un lien indéfectible avec Nantes, sa ville natale. Amateur de sport, il vibre au rythme du FC Nantes à la Beaujoire. Sa passion pour la culture se nourrit grâce aux manifestations culturelles nantaises tel que, le Festival des Utopiales. Nantes est pour lui une source inépuisable d'inspiration et de découvertes.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017