Le 28 novembre, Médiacités publiait un tableau recensant chaque structures qui devraient être impactées en 2025 par les coupes budgétaires de la région. Noyées dans les lignes de ce tableau, Chute Libre, une compagnie de danse qui devrait perdre 100% des 14 000 euros de subventions qu’elle touchait par la Région. Une baisse de 10% de leur budget global, forcément redoutée par les salarié·es. Quelques jours avant l’adoption du budget 2025 de la Région, la co-directrice de cette compagnie de danse hip hop, Annabelle Loiseau, confie l’air amer se demander si Chute Libre va « pouvoir continuer à vivre ».
Projets en moins et fonctionnement ralentis
Une année 2025 donc appréhendée par la compagnie de danse, comme le pointe la co-directrice et co-chorégraphe pour qui la suppression de cette subvention engendrerait « une baisse du temps de création et de travail […] et donc une baisse de salaire pour la partie administrative et prod ».
En plus de ça, cette aide au fonctionnement en moins entraînerait, pour Marine Rioult, chargée de production depuis 15 ans à Chute Libre, « une redéfinition des activités de la compagnie ». Chose qui empêcherait par exemple la compagnie de danse hip-hop de reconduire un parcours d’éducation artistique et culturelle en milieu scolaire : « l’année dernière, on avait monté un projet sur 6 mois dans une école maternelle […] mais on n’aura plus l’argent ni la capacité humaine d’accompagner ce genre de projet. »
Les postes liés à la médiation et aux ateliers culturels étant remis en question avec ces coupes budgétaires, Marine se désole du pan important enlevé à l’activité de la compagnie, qu’elle compare à une fleur : « les pétales sont en train d’être arrachées […] et au fur et à mesure que ça s’étiole, on va avoir une fleur sans saveur ». Une « demi marguerite », complète d’ailleurs Annabelle, hilare, provoquant des rires chez ses collègues en dépit de la gravité de la situation.
L’effet cascade
La gravité de la situation, Pierre Bolo, co-directeur de Chute Libre, la souligne insistant sur « l’effet cascade » de ces coupes budgétaires. En plus d’être impactée directement, la compagnie sera aussi touchée indirectement par des partenariats et des co-productions avec différents lieux culturels qui prennent l’eau. Une situation qu’Annabelle résume avec l’exemple des théâtres de la région qui « ne savent pas à quelle sauce ils vont être mangés, et ne savent pas non plus à quel point ils vont perdre de budget, donc ils ne peuvent pas s’engager ». Au vue du fait que pour avoir des subventions afin de créer leurs spectacles, 4 engagements sont nécessaires, le futur de la compagnie de danse n’apparaît pas radieux.
Ces coupes budgétaires auraient donc comme incidence un effet « double cascade », pour Pierre, aussi danseur et co-chorégraphe à Chute Libre : « C’est moins pour ce qui est déjà créé et qui fait vivre les gens, et c’est aussi moins pour les projets à venir. »
Une politique budgétaire irresponsable
« Sous couvert de financement, il y a un manque de respect pour ce qu’on est et ce qu’on fait » dénonce Annabelle. Marine désigne aussi un manque de connaissance de la Région et de la politique budgétaire menée par Christelle Morançais : « On nous demande tous de faire des projets sur le temps long, et là on est sur une décision à court terme où dans un mois on nous prélève 10% de notre budget global ». En somme, une politique aux allures de « plan social » pour Chute Libre qui manifeste de réels doutes sur leur capacité à exister dans le « désert culturel en train de se profiler ».
« On a pris une tarte dans la figure, ça va être dur de se relever »
Double manifs
Le budget étant voté jeudi 19 et vendredi 20 décembre, un appel à manifester ces deux jours dès 8h devant l’hôtel de Région a été lancé par plusieurs syndicats et acteur·ices des secteurs qui devraient être touchés par ces coupes budgétaires. Une pétition circule aussi pour protester contre les baisses de subventions à venir.
Infos utiles
- Manifestations 19 et 20 décembre dès 8h
- 1 rue de la Loire, 44400, Nantes
- Lien de la pétition
- Tableau de Médiacités recensant les structures menacées