21 mai 2024

« CuCO & CO » la fabrique imaginaire de Caroline Mesquita à la HAB Galerie

À l'invitation du Voyage à Nantes, Caroline Mesquita, sculptrice, propose "CuCO & CO", une installation immersive, jusqu'au 29 septembre à la HAB Galerie. 

« CuCO & CO » la fabrique imaginaire de Caroline Mesquita à la HAB Galerie

21 Mai 2024

À l'invitation du Voyage à Nantes, Caroline Mesquita, sculptrice, propose "CuCO & CO", une installation immersive, jusqu'au 29 septembre à la HAB Galerie. 

Les premiers pas dans la HAB Galerie ne laissent percevoir qu’une partie du grand module architectural blanc, surmonté d’un oiseau perché, sorte de héron curieux et figure récurrente du vocabulaire de l’artiste. Plus loin, un personnage accueille le visiteur alors que des gouttes d’une matière dorée s’échappent de robinets. On comprend qu’il se joue là une histoire, un récit. « Je suis sculptrice, mais j’ai travaillé un cheminement », affirme Caroline Mesquita. C’est donc une déambulation qui attend le visiteur avec, pour fil rouge, la transformation de la matière. Un parcours ponctué d’indices que chacune est invitée à découvrir et interpréter, le temps d’un été.

"CuCO&CO" de Caroline Mesquita. HAB Galerie. 2024. © Domitille Baudouin.

« CuCO&CO » de Caroline Mesquita. HAB Galerie. 2024. © Domitille Baudouin.

Une joyeuse bande de personnages en laiton

Habituée au travail du papier, du carton, du métal ou du bois, c’est le laiton que Caroline Mesquita a choisi pour la réalisation de ses sculptures figuratives et colorées – personnages, oiseaux et félins – que l’on retrouve à différentes échelles dans l’installation, ainsi que pour ses tableaux marquetés. « Les feuilles de laiton, légères et malléables se transforment éternellement, contrairement au béton et au bois. Je roule, je rivète, je soude, il y a quelque chose de très empirique  dans mon travail ». Il en résulte un ensemble de personnages à l’esprit cubique, dont certains tout droit sortis d’un tableau de Fernand Léger. Créant d’abord des formes, Caroline Mesquita s’attèle ensuite aux couleurs par le biais de procédés d’oxydation. La peau des personnages devient alors bleue, rose, verte, venant encore renforcer l’identité et l’expression propre à chacune de ses figures. C’est d’ailleurs de la formule du vert de gris, « CuCO » que provient le titre de l’exposition.   

"CuCO&CO" de Caroline Mesquita. HAB Galerie. 2024. © Domitille Baudouin.

« CuCO&CO » de Caroline Mesquita. HAB Galerie. 2024. © Domitille Baudouin.

Une fabrique à explorer

Écrin de ses personnages et de ses tableaux, une architecture monumentale blanche, créée in situ, est déployée dans tout l’espace. Sa structure, volontairement visible à l’extérieur, comme retroussée, répond à l’identité du lieu. « C’est comme un hangar, un atelier ou un temple, fait de la même peau que le lieu d’exposition, de la même couleur et du même aspect ». L’édifice est ponctué de cheminées, sur lesquelles des œilletons invitent à s’immiscer dans des espaces secrets, où les figures créées par l’artiste prennent vie et s’agitent, au rythme du motion design. À l’intérieur de la structure, cuve, atelier et nuanciers, comme autant d’étapes nécessaires à la fabrication de ce petit monde peuplé d’individus facétieux.

"CuCO&CO" de Caroline Mesquita. HAB Galerie. 2024. © Domitille Baudouin.

« CuCO&CO » de Caroline Mesquita. HAB Galerie. 2024. © Domitille Baudouin.

«  J’aime jouer sur la présentation des œuvres
et sur la distance avec le visiteur».
Caroline Mesquita, sculptrice.

Les figures prennent vie dans des saynètes imaginaires 

La plupart des sculptures sont présentées à même le sol, sans socle, dont certaines à taille humaine. Et l’on se prend à faire partie de ces petits groupes d’individus farceurs. On imagine que des saynètes se jouent, figées au passage des visiteur·se·s, et qu’elles reprennent vie dès qu’iels ont le dos tourné.

« CuCO&CO » de Caroline Mesquita. HAB Galerie. 2024. © Domitille Baudouin.

Pour aller plus loin : www.levoyageanantes.fr/evenements/caroline-mesquita
En savoir plus sur Caroline Mesquita.

Originaire de la Drôme, Domitille a jeté l’ancre à Nantes, il y a près de quinze ans après avoir fait un tour de France pour ses études et ses activités professionnelles. Guide conférencière, médiatrice et chargée de projets culturels, elle a appris à connaître la ville de fond en comble ainsi que son patrimoine grâce à son métier

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017