Les premiers pas dans la HAB Galerie ne laissent percevoir qu’une partie du grand module architectural blanc, surmonté d’un oiseau perché, sorte de héron curieux et figure récurrente du vocabulaire de l’artiste. Plus loin, un personnage accueille le visiteur alors que des gouttes d’une matière dorée s’échappent de robinets. On comprend qu’il se joue là une histoire, un récit. « Je suis sculptrice, mais j’ai travaillé un cheminement », affirme Caroline Mesquita. C’est donc une déambulation qui attend le visiteur avec, pour fil rouge, la transformation de la matière. Un parcours ponctué d’indices que chacun⸱e est invité⸱e à découvrir et interpréter, le temps d’un été.
Une joyeuse bande de personnages en laiton
Habituée au travail du papier, du carton, du métal ou du bois, c’est le laiton que Caroline Mesquita a choisi pour la réalisation de ses sculptures figuratives et colorées – personnages, oiseaux et félins – que l’on retrouve à différentes échelles dans l’installation, ainsi que pour ses tableaux marquetés. « Les feuilles de laiton, légères et malléables se transforment éternellement, contrairement au béton et au bois. Je roule, je rivète, je soude, il y a quelque chose de très empirique dans mon travail ». Il en résulte un ensemble de personnages à l’esprit cubique, dont certains tout droit sortis d’un tableau de Fernand Léger. Créant d’abord des formes, Caroline Mesquita s’attèle ensuite aux couleurs par le biais de procédés d’oxydation. La peau des personnages devient alors bleue, rose, verte, venant encore renforcer l’identité et l’expression propre à chacune de ses figures. C’est d’ailleurs de la formule du vert de gris, « CuCO » que provient le titre de l’exposition.
Une fabrique à explorer
Écrin de ses personnages et de ses tableaux, une architecture monumentale blanche, créée in situ, est déployée dans tout l’espace. Sa structure, volontairement visible à l’extérieur, comme retroussée, répond à l’identité du lieu. « C’est comme un hangar, un atelier ou un temple, fait de la même peau que le lieu d’exposition, de la même couleur et du même aspect ». L’édifice est ponctué de cheminées, sur lesquelles des œilletons invitent à s’immiscer dans des espaces secrets, où les figures créées par l’artiste prennent vie et s’agitent, au rythme du motion design. À l’intérieur de la structure, cuve, atelier et nuanciers, comme autant d’étapes nécessaires à la fabrication de ce petit monde peuplé d’individus facétieux.
« J’aime jouer sur la présentation des œuvres
et sur la distance avec le visiteur».
Caroline Mesquita, sculptrice.
Les figures prennent vie dans des saynètes imaginaires
La plupart des sculptures sont présentées à même le sol, sans socle, dont certaines à taille humaine. Et l’on se prend à faire partie de ces petits groupes d’individus farceurs. On imagine que des saynètes se jouent, figées au passage des visiteur·se·s, et qu’elles reprennent vie dès qu’iels ont le dos tourné.
Pour aller plus loin : www.levoyageanantes.fr/evenements/caroline-mesquita
En savoir plus sur Caroline Mesquita.