18 janvier 2018

Danser, un double combat

Le chorégraphe congolais DeLaVallet Bidiefono sera au Grand T les 22 et 23 janvier pour présenter sa dernière création MONSTRES / On ne danse pas pour rien.

Danser, un double combat

18 Jan 2018

Le chorégraphe congolais DeLaVallet Bidiefono sera au Grand T les 22 et 23 janvier pour présenter sa dernière création MONSTRES / On ne danse pas pour rien.

DeLaVallet Bidiefono a créé la compagnie Baninga en 2005 ; premier combat, première victoire. « Le Congo est un pays avec beaucoup de tabous, danser c’est comme enfreindre la loi », raconte le chorégraphe. « Il n’existait aucune politique culturelle susceptible de nous accompagner et nous soutenir, au contraire nous représentions pour beaucoup la néo-colonisation : nous étions les adeptes d’une ʺdanse des blancsʺ ».

 » Le Congo est un pays avec beaucoup de tabous, danser c’est comme enfreindre la loi « 

Alors, l’envie, le besoin d’avoir son propre lieu de création et de représentation le pousse à acheter un terrain en périphérie de Brazzaville, pour y construire un centre chorégraphique indépendant. Pendant dix ans, tous les membres de la compagnie Baninga seront maçon, peintre, électricien, menuisier… Mais aussi danseurs et danseuses pour des tournées européennes qui permettront de financer les travaux.
Et en 2015, l’Espace Baning’Art est inauguré ; deuxième combat, deuxième victoire.

[aesop_image imgwidth= »60% » img= »https://www.fragil.org/wp-content/uploads/2018/01/1.jpg » credit= »Christophe Péan » align= »center » lightbox= »on » caption= »Les membres de la compagnie Baninga sont tour à tour maçon, peintre, électricien, menuisier… » captionposition= »center » revealfx= »off » overlay_revealfx= »off »]

Monstres, le récit dansé d’une aventure de dix ans

« Je veux que mon prochain spectacle évoque cette construction et l’idée même de la construction : construire un lieu donc, mais aussi construire un parcours, une politique, une esthétique, des hommes et des femmes, construire l’espoir enfin », explique DeLaVallet Bidiefono. Il rassemble alors dans ses Monstres huit danseurs et une performeuse, une vraie danse de groupe à laquelle il est particulièrement attaché. Trois musiciens multi-instrumentistes accompagnent les interprètes sur scène, la musique tenant une place prépondérante dans les créations du chorégraphe, qui fut chanteur avant d’être danseur.

 » Je veux que mon prochain spectacle évoque cette construction et l’idée même de la construction « 

[aesop_image imgwidth= »60% » img= »https://www.fragil.org/wp-content/uploads/2018/01/2.jpg » credit= »Christophe Péan » align= »center » lightbox= »on » caption= »DeLaVallet Bidiefono présente une danse de groupe, à laquelle il est très attaché.
 » captionposition= »center » revealfx= »off » overlay_revealfx= »off »]

Fragil a très envie de voir ce spectacle, on vous donne donc rendez-vous très vite pour vous en parler à chaud…

MONSTRES / On ne danse pas pour rien
Le Grand T, 22 et 23 janvier à 21h
Dans le cadre du festival Trajectoires

Ouverture, culture et mieux-vivre ensemble sont des sujets qui touchent particulièrement Fanny. Engagée depuis plusieurs années dans le secteur public culturel, elle revient grâce à Fragil à ses premières amours : le journalisme.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017