24 mai 2017

« Datappert », informer à travers les données

Fragil s'est rendu au lycée Nicolas Appert à Orvault pour initier 19 étudiants en BTS Électrotechnique au datajournalisme et à la datavisualisation. Plusieurs projets ont été créés en utilisant des outils d'infographie interactive.

« Datappert », informer à travers les données

24 Mai 2017

Fragil s'est rendu au lycée Nicolas Appert à Orvault pour initier 19 étudiants en BTS Électrotechnique au datajournalisme et à la datavisualisation. Plusieurs projets ont été créés en utilisant des outils d'infographie interactive.

Dans le cadre de ses missions d’éducation aux médias et au numérique, Fragil est intervenu, pour la deuxième fois, au lycée Nicolas-Appert à Orvault pour présenter le métier de journaliste et le datajournalisme à des étudiants en BTS SNIR (Systèmes numériques informatique et réseaux) et en BTS Électrotechnique. Par la suite, un travail d’initiation au journalisme de données, sur cinq séances, a été mené avec la classe de BTS Électrotechnique en collaboration avec Virginie Choemet et Chantal Boesme, professeures-documentalistes, ainsi qu’Elisabeth Méar, professeur de lettres et responsable de la classe au lycée Nicolas-Appert.

Les objectifs du projet étaient de faire découvrir aux jeunes le métier de journaliste et de datajournaliste. Au programme, comprendre comment circule l’information et les données tout en développant un esprit critique sur les sources, utiliser les outils numériques de production de datavisualisations comme Infogr.am, outil de création de graphiques interactifs, et StoryMapJS, outil de cartographie interactive, pour produire un contenu sur un sujet choisi par groupe d’étudiants.

Sous la supervision d’Elisabeth Méar, les étudiants, par groupes, se sont lancés dans la recherche de sujets et d’angles. Après cette étape franchie, les étudiants se sont attelés à trouver des données pour les exploiter. La finalité était de produire plusieurs datavisualisations en fonction du sujet et de l’angle choisi. Enfin, les différents groupes ont présenté leurs travaux d’apprentis journalistes devant la classe et les encadrants.

Parmi les réalisations, un travail sur la répartition des annonces par région publiées sur le site Leboncoin (ci-dessous), une enquête sur le transhumanisme, une autre sur les jeunes et la politique, et enfin une comparaison entre Netflix et HBO sur les abonnés et les finances.

La répartition des annonces sur Leboncoin, un projet réalisé lors de Datappert 2017

En conclusion, les étudiants ont pu faire le bilan de ce projet et ont relevé la difficulté à trouver des données provenant de sources fiables et/ou non orientées. Le travail datajournalistique paraît donc fastidieux pour produire un contenu avec des informations pertinentes sans élément textuel. L’une des premières difficultés est effectivement de trouver ou collecter des données, qui plus est, actualisées. Pour un datajournaliste, les données trouvées ou collectées constituent la « matière première » pour réaliser un travail datajournalistique.

À l'affût des dernières innovations numériques, Valentin a un goût prononcé pour l'info 2.0. La création de projets journalistiques innovants et l'usage du numérique par différents publics sont des domaines qu'il affectionne, parmi tant d'autres...

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017