• Rétrospective Cronenberg au Cinématographe
23 février 2024

David Cronenberg, rétrospective culte au Cinématographe du 24 février au 16 avril 2024

Pour la première fois, le Cinématographe à Nantes va présenter une rétrospective du cinéaste culte David Cronenberg. À l'affiche, 13 films qui couvrent la période de la toute fin des années 70 jusqu’à nos jours. Ça démarre dès ce week-end avec « Chromosome 3 ». Avis aux amateurices et aux curieux·ses !

David Cronenberg, rétrospective culte au Cinématographe du 24 février au 16 avril 2024

23 Fév 2024

Pour la première fois, le Cinématographe à Nantes va présenter une rétrospective du cinéaste culte David Cronenberg. À l'affiche, 13 films qui couvrent la période de la toute fin des années 70 jusqu’à nos jours. Ça démarre dès ce week-end avec « Chromosome 3 ». Avis aux amateurices et aux curieux·ses !

Rétrospective Cronenberg au CinématographeLa rétrospective consacrée à David Cronenberg commence dès ce samedi 24 février. Et il y a tout plein d’excellentes raisons de voir ou revoir les films fantastiques de cet immense réalisateur. Fragil est donc allé à la rencontre d’Emmanuel Gibouleau, directeur et programmateur du Cinématographe pour connaître celles qui font mouche !

C’est tout d’abord l’occasion de voir tous les films de Cronenberg disponibles à la distribution française sur grand écran. Cela fait 13 longs métrages pour découvrir ce qui se cache réellement derrière ces films parfois qualifiés « d’horreur ». C’est aussi la chance de les regarder en format restauré et « pas sur des VHS pourries comme à l’époque » où Emmanuel se souvient les avoir vus pour la première fois ! C’est également l’opportunité d’en savoir plus sur ce réalisateur avec la venue de Fabien Demangeot, docteur en lettres modernes et en études cinématographiques et auteur de « La Transgression selon David Cronenberg ». Il assurera une conférence introductive dimanche 3 mars.

Cette rétrospective fait suite à la carte blanche de Saïd Ben Saïd qui a produit ces derniers films et notamment celui qui va sortir cette année. Cela représente donc une bonne préparation pour appréhender le parcours de Cronenberg en attendant d’être à nouveau surpris par ce grand cinéaste.

La Mouche - David Cronenberg 1986

La Mouche avec Jeff Goldblum – David Cronenberg (1986)

Pas besoin de conseiller quelque chose aux fans, ils iront voir ce qu’ils ont envie de revoir sur grand écran.

Mais il y a d’autres publics auxquels le cinéma de Cronenberg peut s’adresser. Pour Emmanuel Gibouleau, il existe deux publics : « les néophytes qui ne connaissent pas encore ainsi que celles et ceux qui ont l’impression que ce n’est pas pour eux parce qu’ils ne supportent pas les films d’horreur ».

En son nom,  il vous conseillera « La mouche » parce que c’est un de ses préférés, « le plus fun » selon lui ou « Crash », parce ce que ça lui paraît être deux films assez emblématiques de son univers. Il précise « Pour y aller doucement, on peut peut-être commencer par ‘M. Butterfly’ par exemple pour ne pas voir de sang ou bien ‘A Dangerous Method’ ou alors ‘Maps to the Stars’ ». C’est selon lui, visuellement plus facile et aussi d’accès plus facile. « Puis après, il faut se lancer, il faut aller voir ‘Faux-Semblants‘. Il faut sans doute aller voir la conférence qui donnera envie d’aller voir des films ! »

Une espèce d’au-delà qui dépasse les normes

Quant à la vision eschatologique évoquée par Guy Fillion dans le programme du Cinématographe, le directeur explique que Cronenberg est un réalisateur qu’on aurait tendance à associer aux « post-sexualité, post-société hétéronormée. Il a un rapport avec le corps ou la sexualité qui le travaille depuis le début, sans que cela soit du tout une approche morale. Il est au-delà de ça. Son cinéma a une approche toujours très charnelle, […] sans renier le côté intellectuel. On est dans une espèce d’au-delà qui dépasse les normes. C’était très novateur dans les années 70 ». Cette vision hors-norme, il n’a eu de cesse de la travailler en créant une œuvre globale très cohérente.
Vous pourrez le découvrir tout au long de ses films par des questions récurrentes au sujet de la métamorphose du corps, la violence, mais aussi de la psychologie et de la thérapie. Au final, quand le cinéaste pousse ses thèmes au paroxysme, cela aboutit à un résultat surprenant, voire dérangeant lorsque l’hallucinatoire se transforme en « réalité » devant les yeux des spectateurices.

Les cinéphiles les plus averti·es auront remarqué l’absence de « eXistenZ » dans la liste. Mais bonne nouvelle, le film devrait prochainement ressortir sur nos écrans, et Emmanuel Gibouleau compte bien l’avoir à l’affiche dès qu’il sera disponible. Avec cette programmation, il a toutes les raisons d’être satisfait d’avoir proposé aux spectateurs et spectatrices nantais·es les rétrospectives des 3 réalisateurs américains les plus cultes : Lynch, Jarmush et Cronenberg !

 

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A noter : lundi 18 mars à 20h30, le film « Vidéodrome » sera suivi d’une analyse filmique et d’un débat proposés par Antoine Bourg.

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Prochaines rétrospectives à suivre ensuite : l’intégralité de Jean Eustache en avril/mai et un spécial Londres dès le mois de juin.

 

Nantaise de cœur, Caroline sillonne la ville entre concerts et spectacles. Ses autres domaines de prédilection : l'art contemporain, les arts graphiques et le cinéma ! Elle partage avec plaisir ses coups de cœur culturels.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017