La rétrospective consacrée à David Cronenberg commence dès ce samedi 24 février. Et il y a tout plein d’excellentes raisons de voir ou revoir les films fantastiques de cet immense réalisateur. Fragil est donc allé à la rencontre d’Emmanuel Gibouleau, directeur et programmateur du Cinématographe pour connaître celles qui font mouche !
C’est tout d’abord l’occasion de voir tous les films de Cronenberg disponibles à la distribution française sur grand écran. Cela fait 13 longs métrages pour découvrir ce qui se cache réellement derrière ces films parfois qualifiés « d’horreur ». C’est aussi la chance de les regarder en format restauré et « pas sur des VHS pourries comme à l’époque » où Emmanuel se souvient les avoir vus pour la première fois ! C’est également l’opportunité d’en savoir plus sur ce réalisateur avec la venue de Fabien Demangeot, docteur en lettres modernes et en études cinématographiques et auteur de « La Transgression selon David Cronenberg ». Il assurera une conférence introductive dimanche 3 mars.
Cette rétrospective fait suite à la carte blanche de Saïd Ben Saïd qui a produit ces derniers films et notamment celui qui va sortir cette année. Cela représente donc une bonne préparation pour appréhender le parcours de Cronenberg en attendant d’être à nouveau surpris par ce grand cinéaste.
Pas besoin de conseiller quelque chose aux fans, ils iront voir ce qu’ils ont envie de revoir sur grand écran.
Mais il y a d’autres publics auxquels le cinéma de Cronenberg peut s’adresser. Pour Emmanuel Gibouleau, il existe deux publics : « les néophytes qui ne connaissent pas encore ainsi que celles et ceux qui ont l’impression que ce n’est pas pour eux parce qu’ils ne supportent pas les films d’horreur ».
En son nom, il vous conseillera « La mouche » parce que c’est un de ses préférés, « le plus fun » selon lui ou « Crash », parce ce que ça lui paraît être deux films assez emblématiques de son univers. Il précise « Pour y aller doucement, on peut peut-être commencer par ‘M. Butterfly’ par exemple pour ne pas voir de sang ou bien ‘A Dangerous Method’ ou alors ‘Maps to the Stars’ ». C’est selon lui, visuellement plus facile et aussi d’accès plus facile. « Puis après, il faut se lancer, il faut aller voir ‘Faux-Semblants‘. Il faut sans doute aller voir la conférence qui donnera envie d’aller voir des films ! »
Une espèce d’au-delà qui dépasse les normes
Quant à la vision eschatologique évoquée par Guy Fillion dans le programme du Cinématographe, le directeur explique que Cronenberg est un réalisateur qu’on aurait tendance à associer aux « post-sexualité, post-société hétéronormée. Il a un rapport avec le corps ou la sexualité qui le travaille depuis le début, sans que cela soit du tout une approche morale. Il est au-delà de ça. Son cinéma a une approche toujours très charnelle, […] sans renier le côté intellectuel. On est dans une espèce d’au-delà qui dépasse les normes. C’était très novateur dans les années 70 ». Cette vision hors-norme, il n’a eu de cesse de la travailler en créant une œuvre globale très cohérente.
Vous pourrez le découvrir tout au long de ses films par des questions récurrentes au sujet de la métamorphose du corps, la violence, mais aussi de la psychologie et de la thérapie. Au final, quand le cinéaste pousse ses thèmes au paroxysme, cela aboutit à un résultat surprenant, voire dérangeant lorsque l’hallucinatoire se transforme en « réalité » devant les yeux des spectateurices.
Les cinéphiles les plus averti·es auront remarqué l’absence de « eXistenZ » dans la liste. Mais bonne nouvelle, le film devrait prochainement ressortir sur nos écrans, et Emmanuel Gibouleau compte bien l’avoir à l’affiche dès qu’il sera disponible. Avec cette programmation, il a toutes les raisons d’être satisfait d’avoir proposé aux spectateurs et spectatrices nantais·es les rétrospectives des 3 réalisateurs américains les plus cultes : Lynch, Jarmush et Cronenberg !
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A noter : lundi 18 mars à 20h30, le film « Vidéodrome » sera suivi d’une analyse filmique et d’un débat proposés par Antoine Bourg.
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Prochaines rétrospectives à suivre ensuite : l’intégralité de Jean Eustache en avril/mai et un spécial Londres dès le mois de juin.