Le jeudi 28 novembre, la scène de Décadanse accueillait une artiste parisienne repérée aux iNOUïS du Printemps de Bourges : Théa. A quelques minutes de son entrée sur scène, elle nous reçoit le temps de quelques questions entre deux retouches makeup.
Théa, c’est une énergie brute et contagieuse qui mélange « tous les styles les plus vénères et les plus pop que tu as entendus« . Sa musique s’inscrit et débute par des « idées fortes« , notamment autour de slogans de manifestations qu’elle habille de sonorités qui lui plaisent : « C’est important d’enrober ces messages un peu deep (sombre en anglais, ndlr), un peu durs, dans du fun. On a besoin de ça. »
La musique, elle en a toujours fait. Ses premiers concerts, elle les donne dans des squats, avec des idées ambitieuses déjà bien arrêtées : « On s’est dit qu’on avait le droit de ramener cette grandiloquence pop en squat, dans une musique qui s’autorise. » Ce premier concert, avec son équipe, était aussi un geste de soutien : « Notre premier concert, c’était pour l’anti-CRA (centre de rétention administratif , ndlr). Là, on va en refaire un en janvier ou février pour celui de Dijon. » Si son engagement dans des associations queer et trans s’est ralenti faute de temps, ses convictions restent un fil rouge : « La musique doit être un outil de révolte. Dans des contextes comme les nôtres, c’est bizarre de ne pas ouvrir sa gueule. Mais je n’ai pas l’impression de faire une musique militante ou engagée. Je parle de mes réalités, et nos réalités font qu’on est obligé.es d’en parler. »
Très attirée par toutes les formes d’art, Théa a trouvé dans le cabaret une inspiration forte : « Il y a une convergence des luttes et des arts dans une liberté qui est très inspirante. ». Après un premier passage au Cabaret de Poussière à Paris il y a un an, tout donne à croire qu’on pourra la retrouver d’ici peu. Elle imagine ainsi de nouvelles performances artistiques, tout en continuant de produire des morceaux : « J’ai sorti ‘Cavale Cavale’ il n’y a pas longtemps, et elle ne va pas rester toute seule. »
Pour Théa, la musique, c’est aussi une aventure collective. Depuis ses débuts avec son équipe, elle travaille dans une dynamique de partage : « On a toujours fait des trucs ensemble. À Montreuil, dès le premier concert, on avait voulu lancer des lumières avec un logiciel de musique. C’était de la débrouille, on est passionné de shows qui nous retournent la tête. »
Une ambition qui ne faiblit pas : « On n’a pas le temps pour la demi-mesure. En tant qu’artiste, si on veut dire un truc, il faut le dire très fort. »
Dans ses favoris :
- Livre : Apocalypse Bébé de Virginie Despentes
- Artiste : Bromaz
- Film : I Saw the TV Glow de Jane Schoenbrun
- Boisson : Tequila